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La dune du Pilat

La dune du Pilat est la plus haute dune d’Europe avec 103,6 mètres. Sa hauteur varie d’une année sur l’autre en fonction des vents. Elle fait partie d’un cordon dunaire littoral qui longe les côtes de la Gascogne.

La formation de la dune du Pilat

Carte du Bassin d'Arcachon par Claude Masse (1652-1737)
Carte du Bassin d’Arcachon par Claude Masse (1652-1737) © Conservatoire Patrimonial du Bassin d’Arcachon

Les Landes de Gascogne sont formées de sable poussé par le vent. Les rivières apportent une couche inférieure de sable et de graviers. Près du littoral elle atteint 100 mètres d’épaisseur. Elle se réduit au fur et à mesure que l’on avance vers l’Est.

Au-dessus, les vents d’Ouest apportent une couche de sable fin de quelques mètres. On y trouve du quartz, de la tourmaline et des grenats. Cette formation géologique s’est faite entre – 20 000 et – 10 000 ans. Elle est bien connue grâce aux études préalables aux forages pétroliers dans la région de Cazaux et de Parentis.

À marée basse, le vent arrache du sable du banc d’Argüin et le pousse vers l’est. Il rencontre des marais et une forêt de pins, de saules et de bouleaux. Une dune parabolique de 20 à 40 mètres de haut se forme. Il en existe tout le long de la côte gasconne. À leur début, on les appelle des shiula vents / siffle-vents car le vent y est fort.

À partir du XVIIe siècle, une arrivée massive de sable recouvre progressivement la dune de la Grave sous 50 mètres de sable. Elle atteint 115 mètres de haut en 1910 et prend le nom de dune du Pilat. Sa formation est récente puisqu’elle n’existait pas en 1850.

La dune du Pilat - coupe géologique © Wikimedia
La dune du Pilat – coupe géologique © Wikimedia

Toponymie

On parle tantôt de dune du Pilat ou du Pyla. La bonne appellation est celle du Pilat qui vient du gascon pilat, pialat (pile, tas, amas, monticule). On le trouve déjà sur la carte de 1708 de Claude Masse (1650-1737), géographe bordelais. Tout le secteur s’appelait los sablonèis / les sablières jusque dans les années 1930. Aujourd’hui, c’est le nom de la plage au sud de la dune.

La dune du Pilat continue de bouger. Vers l’Est, elle gagne sur le massif forestier de 1 à 5 mètres par an. Le Nord de la dune est soumis à une forte érosion en raison des vents dominants. À l’Ouest, le trait de côte se modifie selon la force des tempêtes. Au Sud enfin, elle est relativement stable.

Ce sont les vents qui lui donnent sa forme caractéristique : une pente douce de 5 à 10° côté Ouest et une pente raide de 30 à 40° vers la forêt à l’Est.

Une occupation préhistorique

On connait bien l’occupation humaine le long de la Lèira grâce aux sites funéraires.

Mais en 1982, avec le recul du trait de côte, on découvre les restes d’une occupation humaine au pied de la dune du Pilat. Cette fois, il ne s’agit pas d’un site funéraire mais des traces d’un campement. Outre des charbons de bois, on trouve des vases et des augets brisés qui servent à l’exploitation du sel (l’eau de mer est chauffée dans ces récipients pour en extraire le sel). Ils sont caractéristiques de l’âge du fer.

Chantier de fouilles archéologiques, 2014
Chantier de fouilles archéologiques du Pilat, 2014 © Wikimedia

En 2013, on trouve une urne funéraire et un vase de l’âge du bronze (vers 800 avant J.C.). Des fouilles sont entreprises en 2014 sur une plus large surface. On trouve des trous de poteaux régulièrement disposés qui soutiennent un toit d’habitation et des tessons de céramique. On trouve aussi l’urne funéraire d’une personne âgée de 30 ans. C’est la preuve d’un habitat avant la formation de la dune du Pilat. À proximité se trouve une très grande quantité de coquilles d’huitres, ce qui tend à démontrer qu’on en faisait le commerce.

En 2018, une autre opération de fouilles est organisée au nord de la dune du Pilat. Un nouveau site d’extraction de sel est découvert. Des trous de poteaux permettent d’identifier une habitation de 10 mètres de long sur 5 de large, dans laquelle on a trouvé un fragment de meule et d’un four. L’habitation est composée de trois pièces.

La preuve est faite que la dune du Pilat s’est formée tardivement et que le trait de côte recule avec l’avancée de la dune à l’intérieur des terres.

La dune du Pilat est un lieu vivant

Oyats © J-P Bellon
Oyats sur la dune du Pilat © J-P Bellon

La dune du Pilat est faite de sable qui avance de 1 à 5 mètres par an et grignote la forêt. C’est un milieu inhospitalier. Pourtant, à y regarder de plus près, elle abrite une flore et une faune d’une très grande richesse, parfaitement adaptées aux conditions difficiles de vie sur la dune.

Tout d’abord, au pied de la dune, des sources d’eau douce abritent des iris jaunes, des roseaux et des saules. Plus haut, on trouve le gorbet (oyat) dont les racines s’infiltrent profondément dans le sable à la recherche de la moindre goutte d’eau. Ses feuilles s’enroulent sur elles-mêmes pour résister à la chaleur et abritent du vent d’autres plantes qui poussent à côté. Son utilisation ralentit la progression des dunes depuis le XVIIIe siècle.

On trouve aussi la Linaire à feuilles de thym qui est endémique, le Panicaut maritime aux fleurs bleues métal en forte régression en raison de la sur fréquentation du site, l’Immortelle des dunes qui dégage une forte odeur d’épices quand il fait chaud, l’Armoise de Lloyd qui forme des buissons fleuris de jaune.

Immortelle des dunes
Immortelle des dunes © Wikimedia

La faune est abondante sur la dune, pour peu que l’on prenne le temps de l’observer. Le lézard à deux raies est l’un des plus grands de France puisqu’il mesure 40 cm de long. La femelle porte deux lignes blanches de chaque côté du dos. La couleuvre helvétique qui sort le jour pour chasser et dont on peut voir les traces de son passage sur le sable de la dune du Pilat.

Ajoncs, genêts, arbousiers résistants au feu, chênes pédonculés, pins maritimes, gravelots à collier qui nichent dans le sable, lièvres ou huitriers-pie se partagent la dune du Pilat. Les touristes les dérangent trop souvent.

Surfréquentation touristique

Escalier d'accès à la dune du Pilat
Escalier d’accès à la dune du Pilat © Wikimedia

C’est en 1915 que l’intérêt touristique pour la dune du Pilat prend son essor avec la construction d’un lotissement pour clients fortunés. On construit même sur les flancs de la dune, en oubliant qu’elle est en mouvement. En 1943, on interdit les constructions nouvelles  mais les aménagements touristiques reprennent en 1950 avec la construction de quatre campings. Les classements de protection du site interrompent définitivement ce processus à partir de 1975.

La dune du Pilat reçoit plus de 2 millions de touristes chaque année. Elle est le deuxième site le plus visité après le Mont Saint-Michel.

Cette surfréquentation n’est pas sans effet sur la pérennité du site, sa flore et sa faune. Et les retombées économiques sont importantes pour le bassin d’Arcachon. Il faut allier tourisme et protection de la dune du Pilat. C’est le rôle du Syndicat Mixte de la Grande Dune du Pilat.

Le Syndicat mixte

Le Syndicat mixte de la dune du Pilat créé en 2007 associe la Région Nouvelle Aquitaine, le Département de la Gironde et la Teste de Buch. Il a pour mission de protéger et de valoriser le site de la dune du Pilat qui appartient au Conservatoire du Littoral.

Camping de la dune du Pilat après les incendies de 2022
Camping de la dune du Pilat après les incendies de 2022 © Le Monde

Aménagement d’un village d’accueil, amélioration du stationnement pour supprimer le stationnement sauvage (370 000 véhicules payants reçus en 2019), mise en place du service de collecte des déchets (6 tonnes collectées sur le village d’accueil), régulation des activités de loisirs (vol libre, notamment), protection de la faune et de la flore et lutte contre les espèces envahissantes (12 espèces recensées), lutte contre l’érosion, etc.

Comme on le voit, le travail entrepris est de longue haleine. Les résultats sont tangibles. Malheureusement, le grand incendie de l’été 2022 a ravagé les abords de la dune du Pilat, bru les cinq campings situés au pied de la dune et ruiné la saison touristique.

À toute chose, malheur est bon. L’incendie est devenu un accélérateur de l’aménagement du site de la dune du Pilat pour contrôler le flux touristique et améliorer la protection du site.

Tout finit par des chansons

En 1912, Léonce Laforgue compose Vers le Port, une chanson sur Arcachon sur les paroles de J-B Ayraud. En voici le deuxième couplet :

Regardons loin de nous, près de ces dunes blanches,
Sur le sable brulant nos barques vont mouiller ;
Et là près du grand banc, malgré qu’il soit dimanche,
Des milliers de parqueurs viennent y travailler.
Plus loin vers le Pilat, une immortelle plage,
Les brisants, les grands pins et la pointe du sud,
L’écume de la mer sur ce joli rivade,
Le phare, les chalets, la Vierge du Salut.

Serge Clos-Versaille

écrit en orthographe nouvelle

Références

La dune du Pilat (Wikipedia)
Syndicat Mixte de la dune du Pilat
Tourisme Gironde
Bassin d’Arcachon (Wikipedia)
Claude Masse(Ingénieur) (Wikipedia)
Conservatoire Patrimonial du Bassin d’Arcachon

 

 

Vue panoramiqque de la dune du Pilat © Wikimedia
Vue panoramique de la dune du Pilat © Wikimedia




Figues et figuiers

Le figuier est associé à la Méditerranée, et pourtant, c’est un arbre, doté de pouvoirs, que l’on trouvait dans toutes les maisons de Gascogne.

Histoire succincte du figuier

Chapiteau de la nef, basilique de Vézelay, Yonne - Adam et Ėve cachent leur nudité avec une feuille de figuier
Adam et Ėve cachent leur nudité avec une feuille de figuier. Chapiteau de la nef de la basilique de Vézelay, Yonne.

Lo higuèr, le figuier en français, est un arbre fort ancien puisqu’il est cité dans la Bible. Souvenez-vous, Adam et Ève découvrant leur nudité cachent leur sexe sous des feuilles de figuier : Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des ceintures. (Genèse 3 v 7).

On sait aussi que l’on cultivait le figuier au Proche-Orient il y a plus de 10 000 ans. D’ailleurs, son nom latin, ficus carica, veut dire figuier de Carie, région du sud-ouest de l’Asie mineure dont serait originaire cet arbre. Un peu avant notre ère, les Carthaginois apportent le figuier dans tout le pourtour de la Méditerranée. Puis, les Phocéens et les Romains le propagent dans leurs territoires de conquête.

Ainsi, on le trouve aujourd’hui dans tout le sud de la France, et aussi dans des zones abritées en Ile de France, Bourgogne, Bretagne ou sur la Manche. Dans le sud-ouest, il laisse son nom à plusieurs lieux comme le col du Figuier à Belestar (Bélesta), en Ariège languedocienne. Les Béarnais ont Higuèra (Higuères) ou Labatut-Higuèra (Labatut-Figuières), les Commingeois Higaròu (Figarol), etc. Et les Basques Picomendy (la hauteur des figuiers) à Saint-Étienne-de-Baïgorry.

La culture du figuier autour de la Méditerranée - Source : Jacques Vidaud, Le Figuier.
La culture du figuier autour de la Méditerranée – Source : Jacques Vidaud, Le Figuier.

Le figuier est symbole de vie (il peut vivre 300 ans) ; il possède des fruits en forme de bourses et son latex qui évoque le liquide séminal. Il est d’ailleurs l’arbre de Dionysos, dieu de la fécondité. Et c’est au pied d’un figuier que la louve allaite Romulus et Rémus qui fondent Rome.

Le figuier des botanistes

Ficus Carica © Wikipedia
Ficus Carica, Trew,C..J. (1771) © Wikipedia

Le figuier (ficus carica) appartient à la famille des Moracées, comme le murier ou l’arbre à pain. Il n’est pas très grand, dans les 4 ou 5 m, il aime le soleil et pas du tout le vent. Mais il peut supporter des températures basses, de -15°C. Il en existe plus de 260 variétés et on les regroupe souvent selon la couleur de leur fruit : figue blanche (à peau verte), noire (à peau violette), figue grise (à peau mauve).

Une toute petite abeille nommée blastophage s’occupe de la pollinisation des fleurs femelles ; en contrepartie le figuier l’abrite et le nourrit. Toutefois, l’abeille ne pollinise pas toutes les figues qui vont alors murir plus tôt, fin juillet. Nos amis provençaux les appellent les « couilles du pape ».

Mais attention, le figuier n’est pas que sympathique : ses feuilles et ses tiges contiennent un latex photosensibilisant. Si vous en mettez sur votre peau et que vous allez au soleil, vous verrez apparaitre de jolies brulures.

Le figuier est dans chaque maison gasconne

Dans les plaines ou les collines de Gascogne, jusque fin XIXe siècle, on trouve des figuiers qui bordent les routes. En Lomanha / Lomagne, los broishs (les sorciers) les utilisent car on attribue à ses branches un pouvoir divinatoire. Dans les Landes, le figuier protège la maison. D’ailleurs, le Landais Isidore Salles (1821-1900) nous le rappelle dans sa poésie Lou higuè / Lo higuèr / Le figuier

Isodore Salles (1821 -1900)
Isidore Salles (1821 -1900)

Toute maysoun, grane ou petite,
A soun higué, petit ou gran.
Tota maison, grana o petita, / A son higuèr, petit o gran.
Toute maison grande ou petite, / A son figuier petit ou grand.

Sans aller jusqu’à le dire sacré, on ne touche pas à un figuier même devenu vieux :

Badut bielh e quent lou cap plegue,
Que herèn un pecat mourtau
De pourta le hapche ou le sègue,
Sus l’anyou gardien de l’oustau.

Vadut vielh e quan lo cap plega, / Que herén un pecat mortau / De portar la hacha o la sèga, / Sus l’anjo gardian de l’ostau.
Devenu vieux et quand sa tête plie, / Ce serait un péché mortel / De porter la hache ou la scie, / sur l’ange gardien de la maison.

Vous pouvez écouter, lu par Tederic Merger, le texte d’Isidore Salles extrait de Langue et chansons en pays de Gascogne d’Hubert Dutech aux Editions CPE.

      1. Lo higuer-V2

Le figuier dans la conversation

Plusieurs expressions gasconnes font référence à la figue ou au figuier comme gras com ua higa (gras comme une figue, équivalent français : gras comme un cochon) ou har la higa (faire la figue, eq. français faire la mijaurée), ou encore segotir lo higuèr (secouer le figuier, eq. français secouer les puces). Quelques proverbes s’en inspirent comme:
Eth laurèr, eth higuèr que deishan tostemps heretérs.
Le laurier et le figuier laissent toujours des héritiers (c’est-à-dire que ces arbres vous survivront).

Papire Masson note en 1611 dans son livre Descriptio Fluminvm Galliae (description des fleuves de France) le proverbe suivant qui est presque un virelangue :

Lo no es bon gasconet
Se non sabe dezi
Higue, Hogue, Haguasset

Lo non es bon gasconet
se non sap díser
Higa, Hoga, Hagasset

N’est pas bon petit gascon
Celui qui ne sait dire
Higa, Hoga, Hagasset
(en expirant fortement les h s’il vous plait ; higa : figue)

Diverses utilisations de la figue

Le figuier est généreux, il peut donner à l’âge adulte (après 10 ans) de 30 à 100 kg de fruits par an. Il n’est pas très exigeant et se développe facilement, aussi il est appelé l’arbre du pauvre. Son fruit peut être séché et il se conserve longtemps.

Rome et Carthage au début de la 2ème Guerre Punique (218 av. JC)
La proximité de Rome et Carthage, à l’époque de Caton, au début de la 2ème Guerre Punique (218 av. JC)

Déjà, la figue est à la base du régime des athlètes en période olympique. Et c’est le fruit préféré de Cléopâtre. En Gascogne, comme partout, on fait sécher la figue qui devient un aliment calorifique pour toute l’année.

Plus amusant, Caton (234-149) utilise la figue pour convaincre le Sénat des dangers que représente la puissance punique. Carthago delenda est (Il faut détruire Carthage) répète-t-il inlassablement.  Et celui-ci de se laisser convaincre grâce à une figue : Sachez qu’elle a été cueillie il y a trois jours à Carthage : voilà à quelle proximité nous sommes de l’ennemi ! 

La figue et le foie gras

Les Égyptiens remarquent que les anatidés (oies, cygnes, canards…) se gavent avant la migration. Et ils remarquent aussi que la chair de ces oiseaux en devient plus tendre.  Ils décident alors de reproduire ce gavage pour rendre les chairs plus savoureuses. La technique se transmet dans le pourtour méditerranéen.

Figues farcies au foie gras
Figues farcies au foie gras

À leur tour, les Romains s’y mettent. Horace (-35, -8) nous rappelle : Pinguibus et ficis pastum jecur anseris albi (le foie de l’oie blanche est nourri de graisse et de figues). Ce qui rend leur chair tendre et leur foie plus savoureux.  D’ailleurs, ils parlent de Jecur ficatum (foie aux figues). Le mot ficatum (figue) devient figido au VIIIe siècle puis hitge en gascon, fetge en languedocien, feie en français au XIIe et finalement foie.

Les Romains portent cette technique jusque chez nous en Gascogne. De là, des Juifs se déplacent vers le centre de l’Europe. Or, ils n’ont pas le droit d’utiliser du beurre avec la viande et ils ne trouvent pas d’huile dans ces régions, alors ils vont utiliser le gavage afin d’obtenir de la graisse d’oie. Ainsi, ils l’installent en Alsace, en Hongrie et en Bulgarie.

Recettes de figues

El llibre del coch
Llibre de doctrina per a ben servir, de tallar y del art de coch cs (ço es) de qualsevol manera, potatges y salses compost per lo diligent mestre Robert coch del Serenissimo senyor Don Ferrando Rey de Napols

Si les figues sont surtout mangées sèches, nos aïeux ne dédaignent pas de les cuisiner.  Et nous en trouvons trace dans le Llibre del Coch (Livre du cuisinier), premier livre de cuisine catalane, écrit vers 1490 par Robert de Nola, maitre queux de l’Aragonais Ferdinand 1er, roi de Naples.

Mestre Robert nous propose une bonne recette de préparation à partir de figues sèches.

Les figues seques pendras mes melades que pugues hauer negres e blanques e leuals lo capoll e apres rentales ab bon vin blanch que sia dolç: e quant sien netes pren vna panedera de terra e met les dins menant les vn poch: e apres posa aquella panadera sobre vnes brases e tapa les be de manera que se stufen alli e quant seran estufades ese hauran beguda la vapor menales vn poch e met hi salsa fina damunt e tornales amenar de manera que encorpora aquella salsa: e apres menja ton potatge eveuras gentil cosa e mengen se entrant de taula.

Les figues sèches, tu prendras aussi miellées que tu pourras, noires et blanches ; enlève la peau ; après rince-les avec du bon vin blanc qui doit être doux et quand elles sont propres, prends une casserole en terre et mets-les dedans, tout en les remuant un peu ; ensuite, pose la casserole sur des braises et couvrez-les pour qu’elles réduisent et quand elles sont réduites et qu’elles ont bu la vapeur, remue-les un peu et verse dessus une sauce fine ; remue-les à nouveau pour qu’elles incorporent cette sauce : et puis mange le potage ; jamais ne mange cette chose délicate en te mettant à table.

Depuis, la créativité contemporaine mêle la figue à la volaille et propose par exemple du poulet sur des feuilles de figuier ou du confit de figues. Sans oublie les savoureux desserts et les confitures.

Anne-Pierre Darrées

écrit en orthographe nouvelle

Références

Vousvoyezletopo, Du figuier, 2019
L’Amelier, Ydille du figuier et de son abeille
Secrets de jardin, le figuier
Recette du Llibre del coch, Roberto de Nola, 1520
Le foie gras, c’est toute une histoire




Histoire de gypaètes

Le gypaète barbu se rencontre dans les massifs alpins d’Afrique, d’Asie et d’Europe. En France, on le rencontre dans les Alpes, en Corse et dans les Pyrénées. C’est un vautour qui possède une petite touffe de plumes sous le bec, qui fait penser à une barbe. Et ce n’est pas le seul gypaète !

Le gypaète barbu, casseur d’os

Le gypaète barbu (Gypaetus barbatus) ou caparroi (tête rouge) pour les Gascons, a un régime spécifique puisqu’il ne mange que du cartilage, des tendons, des ligaments et de la moëlle des os de carcasses d’animaux. Lorsqu’il ne peut pas ingurgiter un os, il le prend dans son bec, prend de l’altitude et le laisse tomber sur des pierres. La légende raconte que le poète Eschyle serait mort en recevant une tortue sur la tête, un gypaète l’ayant prise pour un rocher. En tous cas, le gypaète est aussi appelé le casseur d’os. Regardez sa technique dans le film qui suit.

https://escolagastonfebus.com/wp-content/uploads/2023/07/Le-gypaete-barbu-se-nourrit-dos.mp4

Le gypaète barbu © NatGeoWildFr

Le plus grand rapace d’Europe.

Son envergure (longueur d’un bout d’une aile à l’autre) peut dépasser les 2,80 m. On le reconnait à ses ailes plutôt étroites, coudées et à sa longue queue en forme de losange. Malgré sa taille, il ne pèse que 5 à 7 kg. Contrairement aux autres vautours, le caparroi a des plumes sur la tête et le cou. Celles du ventre sont blanches mais il se baigne dans des sources ferrugineuses afin qu’elles deviennent roux orangé. On ne connait pas l’origine de ce comportement.

Le caparroi vit en haute montagne, dans les parois rocheuses. Il vit en couple et reste fidèle toute sa vie. Même s’il possède plusieurs nids, on le retrouve souvent sur le même.

Vers l’âge de 6 ou 7 ans, entre octobre et février, le caparroi forme un couple. Ensuite, la femelle pondra de 1 à 2 œufs tous les ans ou tous les deux ans, mais n’élève qu’un seul poussin. En effet, le plus fort repousse l’autre qui finit par mourir. Puis, l’envol s’effectue entre juillet et aout. Commence alors une période de vol sur toute la chaine des Pyrénées avant de revenir progressivement s’installer sur son lieu de naissance.

L’aigle des agneaux

Un gypaete attaque un enfant - © Dessin de Gustave Roue paru dans la Suisse Illustrée de 23 novembre 1872
Un gypaète attaque un enfant, dessin de Gustave Roue paru dans « La Suisse Illustrée » © de 23 novembre 1872

Selon la légende, le caparroi enlèverait des agneaux et des enfants. On l’appelle d’ailleurs l’aigle des agneaux. Et cela explique la chasse qu’on lui a faite.

Dans son livre, Leçons élémentaires sur l’histoire naturelle des oiseaux, publié en 1862, le médecin Jean-Charles Chenu dit que le gypaète attrape les Agneaux, les Chèvres, les Moutons, les Chamois, et même, s’il faut en croire certains récits, les hommes endormis et les enfants.

Dans la Revue germanique du 1er avril 1858, on peut même lire que C’est à tort qu’on a émis des doutes sur les enlèvements et les attaques d’enfants attribués aux gypaètes. L’auteur de l’article rapporte plusieurs enlèvements d’enfants en Suisse. Pas étonnant qu’on chasse le gypaète dans les Alpes !

Le même article rapporte comment on chasse le Gypaète : Les montagnards croient que le vautour aime la couleur rouge, et ils versent souvent du sang de bœuf sur la neige pour l’attirer à portée de fusil. On prépare des appâts avec du renard grillé, du chat rôti ou une carcasse déposée au fond d’un trou. Lorsque le gypaète a dévoré l’appât, rassasié, il ne peut reprendre le vol, et on l’assomme à coups de perche.

Dans les Pyrénées aussi

Le Journal L’indépendant des Basses-Pyrénées du 12 mars 1925, raconte la mésaventure d’un gypaète acheté à un chasseur par le consul britannique à Pau qui veut l’envoyer au jardin zoologique de Londres. L’oiseau aurait confondu un camion avec un mouton sur la route du Somport et se serait laissé prendre comme un inoffensif passereau. L’auteur conclut ironiquement : sur sa cage on lira qu’il vient des Pyrénées et il pensera peut-être qu’il a quelque mission, à accomplir auprès des Anglais ; ne serait-ce que leur donner envie de chasser le gypaète entre l’Amoulat et le Capéran du Ger, ce qui ne serait déjà pas si mal…

Ainsi, victime de sa mauvaise réputation, le gypaète disparait des Alpes en 1935. Et on ne le voit presque plus dans les Pyrénées à partir des années 1950.

Dernier gypaète abattu en 1913 dans le Val d'Aoste (Italie) - © Jules Brocherel Fonds Brocherel-Broggi
Dernier gypaète abattu en 1913 dans le Val d’Aoste (Italie) © Jules Brocherel Fonds Brocherel-Broggi

Le sauvetage du gypaète barbu

Gypaète dans le Parc National de Pyrénées © F. Luc
Gypaète dans le Parc National de Pyrénées © F. Luc

En 1985, un projet de réintroduction du gypaète barbu, basé sur la reproduction en captivité est lancé. Initié en Autriche, il permet de relâcher, dans les Alpes, 15 gypaètes entre 1993 et 2000. Des couples se sont formés et des naissances ont lieu. Ce succès permet la réintroduction du gypaète dans les Cévennes.

Cependant, en 2009, on comptait 130 couples dans toutes les Pyrénées. Les randonneurs attentifs en verront voler dans le ciel. De plus, le Parc national constitue une zone de sauvegarde. Dans les années 1950, on compte 3 couples de caparroi. Ils sont 14 en 2020 qui font l’objet d’un suivi scientifique et d’un plan national de restauration. On apporte un complément alimentaire en hiver pour aider à l’élevage des jeunes.

Des mesures de protection

Gypaète Barbu © Thomas Pierre
Gypaète Barbu © Thomas Pierre

De plus, une surveillance des gypaètes barbus est faite pour éviter l’abandon des nids suite aux survols en hélicoptère et aux autres dérangements à moins de 500 mètres d’un nid (ski de randonnée, grimpeurs, vol libre et parapente). D’ailleurs, un photographe amateur est condamné en 2008 par le tribunal de Saint-Gaudens pour le dérangement d’un caparroi. Il s’est approché d’un nid pour filmer la couvaison. Et le nid a été déserté.

Sur la zone du Parc national, le caparroi élève en moyenne un jeune tous les deux ans. Dans la zone de piémont, on compte très peu de naissances en raison des fréquents dérangements dus à l’activité humaine. Depuis 25 ans, on y récence 15 morts par poison, tir, route ou lignes électriques. Cette perte est pour le moment compensée par une bonne survie des jeunes en zone du Parc et par la venue d’Espagne de nouveaux oiseaux. Mais l’équilibre reste fragile.

La mouche gypaète

Thyreophora cynophila - Eugène Séguy (1890–1985)
Thyreophora cynophila, Eugène Séguy (1890-1985) © Wikipedia

La mouche gypaète (Thyreophora cynophila) est une espèce éteinte depuis 1850. Du moins, le croyait-on. Elle est redécouverte en Espagne en 2007 et en France en 2019. D’abord en Ariège puis dans tous les départements de la chaine des Pyrénées.

Le Bulletin de la Société entomologique de France de 1934 dit que ses habitudes sont fort lugubres. Il ne recherche que les ténèbres et les cadavres desséchés. À la sombre lumière de sa tête phosphorique, il se jette sur les ossements décharnés et se repait des derniers restes de l’animalité. Rien de très engageant.

Sa larve se nourrit de la moelle osseuse des carcasses d’animaux. Elle a une tête orange. Aussi, cette couleur et son alimentation la rapprochent du caparroi.

La population de la mouche gypaète diminue avec la disparition des grands prédateurs, notamment du caparroi. Les charognes sont alors éliminées dans les montagnes. Puis, avec la réintroduction des grands rapaces, on modifie les techniques agricoles. Et les charognes sont laissées dans les montagnes pour le plus grand bénéfice des prédateurs.

Le retour du caparroi et de la mouche Gypaète sont une excellente nouvelle pour la biodiversité des Pyrénées.

Serge Clos-Versaille

écrit en orthographe nouvelle

Références

Wikipédia.
Parc national des Pyrénées, Gypaète barbu
Parc Pyrénées Ariégeoises, Le gypaète barbu et les autres grands rapaces des Pyrénées Ariégeoises
Leçons élémentaires sur l’histoire naturelle des oiseaux, JC Chenu, 1886
Revue des Clubs alpins.




Bayonne, la capitale du chocolat est gasconne

Le chocolat vient d’Amérique. Aztèques et Mayas boivent le Xocolatl qui donne chocolate en espagnol. Portugais et Espagnols en font le commerce. Et bientôt, Bayonne devient la capitale du chocolat en Europe.

Le chocolat arrive à Bayonne

Décret d'expulsion des Juifs d'Espagne
Décret d’expulsion des Juifs d’Espagne du 31 juillet 1492 © Wikipedia

C’est aux vicissitudes de l’histoire que l’on doit l’arrivée du chocolat à Bayonne.

Ferdinand d’Aragon et Isabelle la Catholique, sous la pression de l’Inquisition, expulsent les Juifs d’Espagne par le décret de l’Alhambra du 31 juillet 1492. Alors, la plupart d’entre eux se réfugient au Portugal tout proche. Mais, à cause de son puissant voisin, le Portugal expulse à son tour les juifs en 1496 ou les oblige à se convertir au catholicisme.

Si certains émigrent en Italie, en Afrique du nord, dans l’empire ottoman ou en Hollande (dont la famille du philosophe Spinoza), quelques-uns sont accueillis à Bayonne et dans les communautés voisines (Came, Saint-Jean Pied de Port, Saint-Martin de Seignanx, etc.). C’est Henri IV et le duc de Gramont, alors gouverneur de Bayonne, qui facilitent leur arrivée à partir de 1602.

Parmi la « nation portugaise » (c’est ainsi qu’on appelle les Juifs d’Espagne et du Portugal), il y a de nombreux commerçants qui maitrisent l’approvisionnement et la transformation des fèves de cacao. On les appelle les faiseurs de chocolat.

La journée, les faiseurs de chocolat travaillent chez des épiciers de Bayonne qui revendent le chocolat dans leur boutique. Ils vont même chez des particuliers pour préparer directement cette boisson de luxe aux réputations médicinales et aphrodisiaques. Le soir venu, ils quittent Bayonne pour regagner Saint-Esprit.

Conflit avec la Guilde des marchands de Bayonne

Au XVIIIe siècle, le chocolat représente une importante source de revenus pour Bayonne. En conséquence, des rivalités commerciales apparaissent.

Le mariage de Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz
Le mariage de Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz @ Wikipedia

Il faut dire que c’est un produit de luxe que Marie-Thérèse d’Autriche, fille du roi d’Espagne et femme de Louis XIV, ramène à la Cour de France. En effet, elle le fait découvrir à Louis XIV lors de son mariage en 1660 à Saint-Jean-de-Luz.

Déjà, en 1659, David Chaillou (1628-1687), un Toulousain qui a du nez, obtient de Louis XIV le monopole de la vente du chocolat à boire en France pour 29 ans. Il ouvre une boutique à Paris et est à l’origine de la « folie du chocolat ».

Le Corps de Ville en offre aux personnalités de passage à Bayonne. Par exemple, en 1680, Vauban qui vient inspecter les fortifications se voit offrir 16 livres de chocolat !

Synagogue actuelle de Bayonne
Synagogue actuelle de Bayonne-Saint-Esprit

Mais, en 1725, les échevins de Bayonne publient une ordonnance interdisant aux juifs de Saint-Esprit de venir à Bayonne pour fabriquer du chocolat. Abraham d’Andrade est condamné pour avoir loué un appartement dans Bayonne pour y fabriquer du chocolat.

La guerre économique continue. En 1761, les chocolatiers de Bayonne créent une corporation afin d’assoir leur monopole et empêcher les juifs d’exercer la profession de chocolatier. Les statuts prévoient qu’il faut être catholique pour appartenir à la corporation et obtenir le droit d’exercer. La manœuvre est claire.

Mais, suite aux plaintes des marchands de Saint-Esprit, le Parlement de Bordeaux supprime la corporation en 1767. Il faut dire qu’ils sont aidés par le Duc de Gramont qui possède la plupart des maisons des commerçants juifs de Saint-Esprit.

Graines de chocolat

Le développement de la fabrication du chocolat

La première chocolaterie française voir le jour en 1770. Dix ans plus tard, la première usine à chocolat mécanique ouvre à Bayonne.

Chocolaterie Mugica - Bayonne - 1905:1960
Chocolaterie Mugica – Bayonne (1905-1960) © chocolatdebayonne.fr

Petit à petit, la consommation de chocolat se démocratise. En plus de la boisson, on fabrique des bonbons, de la pâtisserie ou des glaces avec le chocolat. Bayonne est la ville du chocolat et la qualité de ses produits est appréciée. Elle fabrique un chocolat particulier, à plus de 70 % de fèves de cacao d’Équateur, très rare à l’époque.

La demande est forte. Le chocolat s’exporte partout en Europe. Dès 1825, des fabriques existent à Biarritz, Cambo, Charritte, Espelette, Hasparren, La Bastide-Clairance, Saint-Etienne de Baïgorri, Saint-Jean Pied de Port, Saint-Palais et Ustaritz.

En 1854, il y a 32 fabricants de chocolat à Bayonne.

Pourtant, la fabrication industrielle du chocolat au XXe siècle relègue Bayonne au second plan. En 1945, il ne reste que 15 chocolatiers.

Quelques grandes maisons de chocolat existent encore à Bayonne. La maison Cazenave est fondée en 1854, la maison Daranatz en 1890, la maison Pariès en 1895. De jeunes chocolatiers perpétuent la tradition, comme L’Atelier du chocolat fondé en 1951, ou la maison Pascal fondée en 2008.

Chocolatiers de Bayonne
Chocolatiers de Bayonne

La consommation de chocolat

Les Français aiment le chocolat. Ils en consomment 7 Kg par personne chaque année, surtout du chocolat noir (la moitié des ventes de tablettes).

Aujourd’hui, 70 % du chocolat se vend en grandes surfaces. Il occupe 105 entreprises, dont 90 % sont des entreprises artisanales qui font travailler environ 30 000 personnes.

Les ventes se font essentiellement sous forme de tablettes (38 %), suivies des pâtes à tartiner (25 %), des barres chocolatées (14 %), des confiseries (13 %) et de poudre de chocolat pour le petit déjeuner (10 %).

En 2021, la France exporte 243 585 tonnes de chocolat, soit 70 % de sa production. Nous mangeons le reste ! L’Union européenne en absorbe 81 %.

Comme disent les Gascons, le chocolat qu’ei bon a se’n lecar los poths / il est bon à s’en lécher les babines !

Le chocolat, de multiples manières de le consommer !

La promotion du chocolat de Bayonne

Les Journées du Chocolat de l'Académie du Chocolat (Ascension)
Les Journées du Chocolat de l’Académie du Chocolat à l’Ascension

Pour promouvoir le savoir-faire des chocolatiers de Bayonne, l’Académie du Chocolat est créée en 1993.

Elle regroupe les principaux chocolatiers qui s’engagent à travailler selon des critères rigoureux de fabrication, à utiliser des matières nobles et à respecter la tradition du chocolat noir et amer.

L’Académie organise chaque année, à l’Ascension, « Les journées du chocolat ». Chaque artisan propose chez lui des visites, des démonstrations de la fabrication et des dégustations. C’est un véritable succès !

Bayonne fête son chocolat ()
Bayonne fête son chocolat le dernier weekend d’octobre

En 2018, l’Académie du Chocolat et la Ville de Bayonne s’unissent pour créer un évènement commun, « Bayonne fête son chocolat » qui a lieu le dernier weekend d’octobre de chaque année. Toute la ville est mise à contribution pour comprendre le parcours du cacao jusqu’au chocolat : expositions, découverte du travail des artisans, visites des ateliers, initiations, dégustations, etc.

S’il faut être raisonnable en mangeant du chocolat, celui de Bayonne a un gout très particulier. Et s’il faut une excuse pour en croquer, dites-vous simplement historien, à la découverte de l’histoire de Bayonne…. On ne résiste pas à sa richesse.

Serge Clos-Versaille

écrit en orthographe nouvelle

Références

Wikipédia
Académie du chocolat de Bayonne
Syndicat du chocolat




Pau, so british

Tournant le dos aux Pyrénées, Pau, capitale du Béarn, vit repliée au pied de son château. Au XIXe, les Anglais en font un lieu de villégiature où l’on se presse. La ville change alors de physionomie.

L’arrivée des Anglais à Pau

Molyneux - Grammar & Vocabulary of the Language of Bearn
Molyneux – Grammar & Vocabulary of the Language of Bearn

En 1814, les Anglais pourchassent les armées de Napoléon jusqu’à Toulouse. À la fin de la guerre, quelques officiers anglais s’installent à Pau.

En Espagne, la première guerre Carliste commence en 1833. Il s’agit d’une guerre de succession au trône d’Espagne, entre Isabelle désignée pour lui succéder par le feu roi, et son frère Carlos. Alors, les Anglais envoient une « Légion auxiliaire » au pays basque pour soutenir Isabelle. Or, pour communiquer avec Madrid, soldats, diplomates et marchands utilisent le Somport. On fait donc étape à Pau.

Les Anglais installent leur famille à Pau plutôt qu’à Bayonne. La ville est agréable à vivre et surtout située près de la frontière et du Somport. Une colonie anglaise se constitue. Et ils apprennent même la langue locale pour pouvoir discuter avec les Béarnais.  Roger-Gordon Molyneux publie à Pau et à Londres la Grammar & Vocabulary of the language of Bearn (toujours publié).

Alexandre Taylor (1802-1879)
Alexandre Taylor (1802-1879)

Alexandre Taylor (1802-1879) est Écossais. Il est chirurgien de la Légion auxiliaire britannique. Or, il est atteint du typhus ; il passe sa convalescence à Pau. Rapidement guéri, il ouvre un cabinet de consultation, rue de la Préfecture.

En 1842, il publie On the curative influence of the climate of Pau and mineral waters of the Pyrenees on disease / Sur l’influence du climat de Pau et des eaux minérales des Pyrénées sur les maladies. Dès la parution de l’ouvrage, les Anglais se pressent en foule à Pau.

 

Pau s’anglicise rapidement

Si les Anglais constituent la majorité des curistes en villégiature, on compte aussi des Américains, des Espagnols, des Hollandais, des Russes, des Prussiens et des Français.

Pau - Église anglicane St Andews
Pau – Église anglicane St Andews

Toutefois, la colonie anglaise est la plus active. En particulier, elle s’organise pour occuper ses loisirs.

Ainsi, The English Literary Society / Société littéraire anglaise, ouvre en 1828. Elle devient The English Club en 1856. Ce club privé existe toujours. Il abrite une remarquable collection de tableaux et d’objets représentatifs de la vie des Anglais à Pau. On peut le visiter à l’occasion des journées du patrimoine.

Et le salut des âmes n’est pas oublié. La communauté fait construire l’église anglicane St Andrew en 1887. On se fait enterrer au cimetière protestant de Pau.

L’équitation, la chasse et le golf

Pau - l'hippodrome
Pau – l’hippodrome

De même, l’hippodrome de Pau ouvre en 1839. Les premières courses ont lieu en 1842. Il est aujourd’hui partenaire de celui de Chettenham en Angleterre. Et il est le second en France pour les courses d’obstacle. Bien sûr, les Anglais se pressent au Meeting de Pau organisé chaque hiver de décembre à février.

On sait les Anglais amateurs de chasse à courre au renard. En 1841, une meute de Fox Hounds est constituée et la Pau Hunts Drags est fondée l’année suivante. Les renards béarnais n’ont qu’à bien se tenir ! Facétieux, les Anglais rattachent leurs territoires de chasse à la couronne britannique : le canton de Morlàas devient le Leicestershire, celui de Pau le Old England, ceux de Thèze et d’Arthez le Hill District.

Pau Hunts - Aquarelle et gouache de E. Blocaille
Pau Hunts Drags – Aquarelle et gouache de E. Blocaille

En 1879, le comte de Barri, fils du roi Ferdinand II des Deux-Siciles, s’installe à Pau, fonde sa propre meute et organise des chasses qui concurrencent le Pau Hunts Drags. Toutefois, la société, en crise, se dissout. Mais, grâce au propriétaire du New-York Herald Tribune, un accord est trouvé, les deux sociétés fusionnent, donnant naissance au Pau Hunts. Son siège est à Berlanne et elle entretient toujours une meute.

Entre temps, en 1856, deux officiers écossais passionnés de golf découvrent la beauté de la plaine de Billère. Ainsi, nait le Pau Golf club. C’est le premier parcours construit en Europe continentale et il est toujours considéré comme un des plus beaux de France. Le Club-House est un musée intéressant, consacré à la riche histoire du club.

Les transformations de la ville de Pau

Pau - l'ancien Hôtel Gassion
Pau – l’ancien Hôtel Gassion

Pour recevoir la clientèle des curistes, Pau se transforme. Ainsi, l’Hôtel de France ouvre ses portes en 1837, l’Hôtel des Ambassadeurs en 1841. Dès cette année, on trouve du pain anglais dans la plupart des boulangeries, même du mince pie, une tarte sucrée, le jour de noël !

Pour les loisirs des curistes, on édifie un théâtre en 1860, on aménage le parc et les jardins du château pour la promenade. La vue sur les Pyrénées en fait des lieux très fréquentés.

La ville organise les services. Ainsi, elle crée le Service municipal des Eaux en 1862. Elle acquiert la source de l’Oeil du Neez à Rébénacq et installe un réseau d’adduction d’eau potable. Jusque-là, des porteurs acheminaient l’eau depuis les fontaines publiques, le Gave ou le Neez. Elle construit aussi un réseau d’égouts à partir de 1875 et le Hédas, autrefois Còsta de la Hont [Côte de la Fontaine], sert de collecteur.

Pau - le Palais Beaumont
Pau – le Palais Beaumont

À partir de 1893, la construction de la Promenade des Anglais, maintenant Boulevard des Pyrénées, permet d’aménager le sud de la ville. Les études sont confiées à Adolphe Alphand (1817-1891) qui est l’adjoint du Baron de Haussmann pour les travaux d’aménagement de Paris. Il a l’idée d’un boulevard soutenu par des arches pour tenir compte du relief accidenté. Son projet prévoit de joindre Pau et Billère. Seul un tiers est réalisé : le boulevard des Pyrénées mesure 980 mètres de long.

Des hôtels particuliers sont construits le long du boulevard. De grands hôtels voient le jour. Le Parc Beaumont, jardin paysager à l’anglaise est créé en 1898 sur la propriété cédée à la ville de Pau par l’écrivaine Anna de Noailles (1876-1933). L’année suivante, ouvre le Palais d’hiver, aujourd’hui Palais Beaumont, avec un casino et un restaurant.

Nouveaux quartiers, nouvelles activités

Pau - la Villa Beit Raha
Pau – la Villa Beit Raha

On se presse sur le Boulevard des Pyrénées pour se promener et se faire voir. En 1908, l’ouverture du funiculaire qui relie le boulevard à la gare facilite l’arrivée des voyageurs.

Les familles les plus fortunées se font construire des villas luxueuses. En particulier, c’est la création du quartier de Trespoey avec une centaine de villas : villa Ridgway, villa Sainte-Hélène, Palais Sorrento, villa Nitot, villa Beit Rahat, villa Saint Basil’s, villa Navarre, villa Malmaison, etc.

La famille Tissandier habite Jurançon. Gaston Tissandier (1843-1899) est un aérostier célèbre. Les expériences se multiplient à Pau. On vient du monde entier participer aux Coupes de l’Automobile Club du Béarn où se mesurent les aérostiers.

Pau et l’aviation

L'avion des Frères Wright devant le hangar
L’avion des Frères Wright devant le hangar

En 1908, le maire propose la création d’un champ d’aviation sur le Pont-Long et aide à la construction d’un hangar. Très vite, les frères Wright y ouvrent une école de pilotage. Après sa traversée de la Manche, Louis Blériot ouvre sa propre école.

Les constructeurs d’avions s’intéressent aussi à Pau pour des expérimentations. De nombreux records sont battus. On crée même une école militaire d’aviation qui forme plus de 6 000 pilotes pendant la Grande Guerre. Entre les deux guerres, une escadre de reconnaissance est basée à Pau. Aujourd’hui, l’Ecole des Troupes Aéroportées et par un Régiment d’Hélicoptères de combat occupent les terrains.

Le sergent Joseph Barbé, affecté à l’école d’aviation de Pau en 1915, arrive avec la photo-mitrailleuse qu’il a inventée alors qu’il était à l’école Photographe à Orthez, il donne un prototype sans optique à l’amicale de la chapelle Mémorial de l’aviation de Pau.

Cette aventure de l’aviation fait du bassin de l’Adour un pôle aéronautique important : Bréguet, Fouga, Messier, Turboméca, Moranne-Saulnier…

Après la Grande Guerre, la mode vient aux bains de mer. On délaisse Pau pour Biarritz. Mais le livre d’Alexandre Taylor a mis Pau sur la voie de la modernité.

Serge Clos-Versaille

écrit en orthographe nouvelle

Références

Détours en France, Découvrir Pau et son influence anglo-saxonne
espace aviation, Pau
Les écoles militaires de pilotage de 1911 à 1918, Pau
Ils aiment la ville de Pau et le disent




L’isard

L’Isard fait partie intégrante de la culture des Pyrénées. On le chasse. On le chante.

L’isard des Pyrénées

Isards de la Vallée d'Ossau
Isards de la Vallée d’Ossau

Son nom scientifique est Rupicapra pyrenaica. Mais, les Gascons l’appellent sarri ou isard ou parfois simplement craba (chèvre).

L’isard a deux cousins. L’un, très proche, est l’isard des monts Cantabriques en Espagne. L’autre, plus éloigné, est l’isard des Apennins en Italie. Ce dernier a failli disparaitre. En effet, au début du XXe siècle, il n’en reste qu’une cinquantaine environ. Heureusement, la création du Parc national des Abruzzes en 1923 le sauve. Et sa population remonte à près de 4 000 individus.

Certains l’appellent chamois des Pyrénées. Pourtant, s’ils sont de la même espèce, l’isard est plus petit, plus agile. Son pelage est plus foncé que celui du chamois en été et plus clair en hiver. Ses cornes sont plus petites, mois serrées et plus fines. Et il a une tache claire sous la gorge qui se termine en pointe.

Les femelles vivent en groupe avec les sarriats / jeunes isards, appelés aussi chevreaux et chevrettes. Les mâles sont solitaires. Ils se rassemblent en octobre et novembre pour le rut. Les femelles ont un seul sarriat par an, au printemps.

L’isard vit dans les zones de pelouses et d’éboulis, au-dessus de la limite des arbres. En hiver, il descend plus bas, là où il y a moins de neige.

À quoi ressemble-t-il ?

Haut de 70 cm au garrot, pesant de 20 à 35 kg, l’isard est un excellent grimpeur qui peut aller à 50 km/h. Il n’est pas rare de le rencontrer jusqu’à 2 500 mètres d’altitude. Il peut faire des bonds de 6 mètres de long et de 4 mètres de haut. D’ailleurs, en parlant de quelqu’un d’agile, le Gascon dit qu’ei lèste (ou leugèr) com un sarri.

Il faut un œil aiguisé pour différencier le mâle de la femelle, le mâle étant un peu plus massif, avec le cou plus large et les cornes plus espacées. Aussi, il vaut mieux se fier à son comportement. En groupe ? ce sont probablement des femelles. Tout seul ? C’est probablement un mâle. D’ailleurs, on le surnomme le solet (le solitaire).

La taille des cornes permet de connaitre son âge. Petites et droites c’est un sarriat de moins d’un an et demi. Courbées et courtes (ne dépassant pas l’oreille), il a deux à trois ans et on l’appelle alors éterlou. Enfin, plus grandes, c’est un adulte.

Isards au Mayouret (images PNP)

Les prédateurs

Le principal prédateur du sarri, c’est l’homme qui le chasse. Il a même failli disparaitre. D’ailleurs, on a créé le Parc National des Pyrénées pour sa sauvegarde. Et c’est une réussite puisque sa population compte aujourd’hui plus de 20 000 individus.

Aigle royal prédateur des isards
L’aigle royal © PNP

L’aigle royal est son prédateur naturel. Il peut s’attaquer aux petits.

Toutefois, la cause principale de la mort des isards, c’est son milieu naturel. Les avalanches et les chutes de pierres peuvent lui être fatal. Les hivers longs et neigeux le privent de nourriture.

L’ours et le loup s’attaquent aussi aux isards mais on ne connait pas le niveau de prédation.

Enfin, à ces prédateurs, il faut surtout ajouter des épidémies de kératoconjonctivite et de pestivirose qui occasionnent des pertes de 20 à 30 % des cheptels touchés.

La kératoconjonctivite est une infection de la conjonctive et de la cornée de l’œil. Elle provoque une cécité qui peut être fatale pour l’isard (chute, par exemple).

La pestivirose est une maladie virale qui provoque une importante mortalité chez l’isard. On pense qu’elle est transmise par les moutons. Des vaccinations sont possibles mais à une grande échelle. Quoiqu’il en soit, on observe une diminution ou une disparition du virus au bout d’une certaine période. Puis, la population d’isards se reconstitue.

La chasse à l’isard

Gaston Febus - Livre de la chasse
Gaston Febus – Livre de la chasse

La chasse à l’isard est très ancienne dans les Pyrénées. C’est un gibier noble et apprécié. Il a une chair fine et tendre. Gaston Febus le décrit dans son Livre de la chasse.

Chasse à l’isard – Le livre de la chasse de Febus (gallica)

Toutefois, la chasse à l’isard est périlleuse. Il faut parcourir la montagne des journées entières. Et les accidents ne sont pas rares. En juillet 1842, quatre hommes d’Aragnouet partent à la chasse. Trois reviennent. Le corps du quatrième, tombé dans une crevasse, est retrouvé 28 ans plus tard.

L'hommage rendu à Chapelle par le pyrénéiste anglais Henry Packe
L’hommage rendu à H. Paget dit Chapelle par le pyrénéiste anglais Charles Packe

Chaque vallée a sa figure emblématique. À Héas, Henri Paget appelé Chapelle (parce que la maison de famille était voisine de la chapelle) passe des journées entières à l’affut, revêtu d’une peau d’isard et coiffé d’une tête d’isard. D’ailleurs, le pyrénéiste Henri Béraldi (1849-1931) écrit : « Le brave Chapelle […] allait à la chasse déguisé en isard. Un maladroit s’y méprit et lui envoya vingt-six chevrotines dans le corps ». Aux Eaux-Bonnes, le guide et chasseur Jacques Orteig est célèbre pour ramener des isards vivants.

La chasse est un gagne-pain

Chasse à l’isard (Gallica)
Chasse à l’isard (Gallica)

À cette époque, la chasse à l’isard est un gagne-pain. La viande très recherchée se vend aux auberges pour les touristes ou se troque contre des denrées indispensables à la famille. Les plats réputés sont surtout le cuissot ou le civet d’isard.

On le chasse à l’affut ou en battue. Lors des battues, on recrute des guides et des rabatteurs dans le pays. En 1838, Adolphe Thiers vient quelques jours à Cauterets. On lui organise une chasse à l’ours et une chasse à l’isard. La Gazette des Eaux-Bonnes du 31 juillet 1887 donne ces conseils aux curistes : « Un guide est indispensable non seulement pour ne pas s’égarer, mais encore pour ne pas faire des courses inutiles et aller chercher l’isard là où il n’est pas. On part de bonne heure, à 4 heures environ et à cheval, pour aller prendre position dans les postes assignés, vers lesquels des traqueurs partis la veille vont rabattre le gibier. On n’amène pas de chiens qui seraient plus nuisibles qu’utiles avec un animal aussi fin et aussi subtil que l’Isard ».

La chasse aux isards a été tellement importante qu’il a failli disparaitre.

Sa protection

Les grandes chasses à l’isard diminuent fortement à la fin du XIXe siècle. Faute de gibier, on préfère chasser au Tyrol, en Allemagne, dans le Caucase, en Amérique ou en Afrique.

C’est aussi, une période de prise de conscience. On se préoccupe de protéger l’isard. En 1903, le ministre de l’agriculture saisit les préfets pour connaitre les mesures de protection à mettre en place. Si des mesures sont prises dans les Alpes pour le chamois, rien n’est fait dans les Pyrénées. Ce n’est qu’après la Grande Guerre que des mesures de restriction de la chasse à l’isard sont prises : elle est fermée du 30 septembre au 15 janvier.

Comptage des isards dans le Parc National des Pyrénées
Comptage des isards dans le Parc National des Pyrénées

En 1962, la Revue Pyrénéenne, organe de la section sud-ouest du Club Alpin Français, raconte que le jour de l’ouverture de la chasse « plus de soixante de ces pauvres bêtes ont été abattues dans le seui département des Hautes-Pyrénées ». Cela suscite un grand émoi dans la presse.

Les réserves du Péguère et d’Ossau sont créées dans les années 1950. Elles contribuent à sa protection. Le Parc National des Pyrénées créé en 1967 a, dans ses missions, la protection de l’isard. Sur son domaine, 4 000 isards sont recensés.

L’isard, un emblème des Pyrénées

Théophile Gautier, né à Tarbes en 1811, écrivait dans son poème Le chasseur :

Je suis enfant de la montagne,
Comme l’isard, comme l’aiglon

En fait, l’isard imprègne fortement la culture pyrénéenne. Animal emblématique, il donne son nom à des refuges, des résidences, des restaurants, des clubs, etc.

Bernard Sarrieu (1875-1935), le poète luchonnais, écrit plusieurs chants et poésies dont Era dança deths idards / La danse des isards et le Eth isardòt qui débute ainsi :

Un isardòt, un chinhau cap laugèr
Que peths hauti soms s’engüejava

Un jeune isard, un peu tête légère,
qui par les hauts sommets s’ennuyait

Alfred Roland (1797-1814), le fondateur des Chanteurs Pyrénéens

Il écrit une chanson publiée en 1849 : la chasse aux isards

Retour de la chasse à l'isard aux environs de Luchon
Retour de la chasse à l’isard aux environs de Luchon

Chasseurs, voici l’aurore,
Debout il faut partir
Le cor va retentir. , .
Déjà le soleil dore
Les forêts d’alentour.
Tout présage un beau jour.
Entendez-vous du la meute qui gronde
Les cris perçants el les transports bruyants ?
Que notre vois à la sienne réponde :
Guerre à mort à l’isard !Tel est le cri du montagnard.
Voyez sur la colline Les bergers de l’Hyeris,
Et leurs troupeaux chéris.
De la cloche argentine
On entend les grelots,
Tout s’éveille aux hameaux.

Alfred Roland
Alfred Roland

Hâtons-nous donc et que chacun s’élance,
Volons, volons
Sur le pic d’Albizon
El qu’en ces lieux la terreur nous devance.
Guerre à mort à l’isard !
Tel est le cri du montagnard.

Gardiens de nos frontières.
Si jamais l’étranger
Venait nous outrager,
Du sein de nos chaumières ‘
De nombreux bataillons
Couvriraient tous les monts.
Sur l’ennemi jaloux de notre gloire
Un franc chasseur
Doit tirer de bon cœur,
Car il sait vaincre et chanter sa victoire.
Guerre à mort à l’isard !
Tel est le cri du montagnard.

Retour de la chasse à l’isard à Luchon

Références

Wikipédia,
Parc National des Pyrénées, Isard
Parcs nationaux, isard
Salva Fauna, le rut de l’isard




Mordiu, les mousquetaires du roi !

Qui ne connait pas les mousquetaires du roi et les célèbres d’Artagnan, Athos, Portos et Aramis ? Oui, et pour de vrai, qui sont ces gens ?

Les mousquetaires du roi

Louis XIII (1601-1643) crée la compagnie des mousquetaires
Louis XIII (1601-1643)

Louis XIII crée le corps des mousquetaires du roi en 1622.  Depuis son accession au pouvoir et après la régence de sa mère Marie de Médicis, il a besoin d’affirmer son autorité. Or, les protestants refusent de le reconnaitre. Alors, dès 1621, il les attaque en plusieurs lieux de Gascogne, du Béarn puis à Montauban. Enfin, du 31 aout au 19 octobre 1622, le roi fait le siège de Montpellier, un siège qui marquera fortement la ville et qui arrêtera provisoirement les protestants.

Après ces événements difficiles, Louis XIII veut s’attacher une unité de soldats sur laquelle il peut compter. Pour cela, il détache les cinquante carabins (compagnie des chevau-légers de la Garde, munis de carabines) et les dote d’un mousquet qu’on ne peut utiliser qu’à pied mais qui est plus puissant que l’arquebuse.

Leur premier chef est le Languedocien Charles de Bérard, marquis de Montalet, capitaine-lieutenant des chevau-légers. Il mourra en 1627.

Un corps d’élite

Mémoires de Mr d'Artagnan (édition 1715)
Mémoires de Mr d’Artagnan (édition 1715) par Gatien de Courtilz de Sandras, mousquetaire du Roi

Il s’agit d’un corps d’élite, il faut donc être méritant, recommandé et, de préférence… Gascon. En effet, un peu avant, le Béarnais Henri IV s’était entouré de gens de confiance – donc de Gascogne – et ce sont ces gardes-là qui formeront les mousquetaires du roi.

L’histoire raconte que, s’il fallait être noble pour y accéder,  les Gascons avaient un passe-droit : il leur suffisait d’avoir remporté trois duels ! Il faut dire que les Gascons avaient la réputation d’être de noblesse douteuse et d’humeur querelleuse.

Toutefois, plusieurs mousquetaires célèbres ne viennent pas de Gascogne comme Philippe Mancini, Italien, neveu de Mazarin ou Gatien de Courtilz de Sandras, un écrivain de Montargis qui écrira, entre autres, les Mémoires de M. d’Artagnan (1700).

 Maison du Roi, mousquetaires, Louis XIV, 1663
Mousquetaires de la Maison du Roi Louis XIV en1663

Ils reçoivent une casaque bleue ornée d’une croix (d’Armagnac ?) fleurdelisée, qui affirme leur appartenance à la Maison royale. Plus tard, on distinguera deux compagnies. La première compagnie, créée en 1657, ce sont les Mousquetaires Gris qui montent justement des chevaux gris. La deuxième compagnie, créée en 1663, ce sont les Mousquetaires Noirs qui montent des chevaux noirs. Le roi fournit le fusil et le mousquet, tout le reste est aux frais du mousquetaire.

On s’occupe aussi de leur éducation. Car les mousquetaires, recrutés très jeunes (souvent à moins de 18 ans) vont bien sûr apprendre la discipline militaire de base (obéir, commander) mais, de plus, l’équitation, l’escrime et la danse qui est nécessaire pour vivre à la Cour. Cela va parfois plus loin et ils reçoivent une formation aux lettres et aux mathématiques.

Les missions des mousquetaires

Ils se voient confier diverses missions comme escorter le roi à l’extérieur du palais, maintenir l’ordre et, surtout, ils sont au premier rang des troupes royales quand il s’agit d’emporter une place assiégée.

Par exemple, ils sont au siège de Saint-Martin-de-Ré. En 1627, les Anglais viennent soutenir les Huguenots à La Rochelle. Ils débarquent avec 6 000 hommes sur la plage de la pointe de Sablanceau. L’armée française, dont les mousquetaires, prennent le dessus.

On retrouve encore les mousquetaires au siège d’Arras en 1640, dont parlera Edmond Rostand dans sa célèbre pièce Cyrano de Bergerac. Ou encore a la Guerra dels Segadors (guerre des moissonneurs) car les Catalans étaient venus chercher Louis XIII pour les aider à combattre les Castillans. Les mousquetaires se font remarquer, en particulier lors des sièges de Perpignan et de Collioure en 1642  auxquels participe d’Artagnan.

Les mousquetaires participent au siège d'Arras en 1640
« La defaicte des Espagnols à l’attaque du siége d’Arras. L’Arrivée du Convoy et la Reddition de la ville d’Arras a l’obeissance du Roy » (1640)

Les mousquetaires sous Louis XIV

Plus tard, en 1659, Louis XIV ordonne la construction d’un hôtel pour ses mousquetaires au faubourg Saint-Germain à Paris. Ils sont ainsi les premiers soldats de l’armée royale à bénéficier d’une caserne. Un privilège ! De façon moins attendue, les habitants apprécient leur bonne tenue, parce que cela les change des mauvais comportements des « Gardes françaises ».

On retrouve d’Artagnan et ses mousquetaires qui accompagnent Louis XIV pour son mariage à Saint-Jean-de-Luz le 9 juin 1660 avec l’infante d’Espagne, Marie-Thérèse d’Autriche, puis, au retour à Paris, le 26 août 1660, pour ouvrir le cortège de réception du nouveau couple royal.

Les mousquetaires accompagnent le Roi Louis XIV pour son mariage avec l'Infante Marie-Thérèse le 9 juin 1660
Mariage de Louis XIV et de l’Infante Marie-Thérèse d’Autriche le 9 juin 1660 à Saint-Jean-de-Luz

Translation des cendres de Louis XVI et Marie-Antoinette
Translation des cendres de Louis XVI et Marie-Antoinette en 1815

Mais, trois ans plus tard, le roi ne participe plus en direct aux guerres. Et les mousquetaires se contentent d’assurer sa garde.  On les verra encore à la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), puis le comte de Saint-Germain, les trouvant trop chers, supprime les deux compagnies.

Louis XVIII les recréera en 1814. Elles seront chargées en janvier 1815 de transférer les cendres de Louis XVI et de Marie-Antoinette à leur nécropole, la basilique de Saint-Denis. Puis, elles disparaitront  en juillet 1815.

Les mousquetaires les plus connus

Grâce à Alexandre Dumas, on connait quelques mousquetaires comme le comte de Tréville, d’Artagnan et ses trois acolytes, Athos, Porthos et Aramis et aussi les deux Montesquiou.

Le comte de Tréville

Jean Armand du Peyrer, comte de Tréville (1598-1672) prend le commandement des mousquetaires en 1641
Jean Armand du Peyrer, comte de Tréville (1598-1672) prend le commandement des mousquetaires en 1641

Il s’appelle Jean Armand du Peyrer, il est comte de Trois-Villes, mais on l’appelle comte de Tréville (une déformation gasconne de son nom ?). Il nait en 1598 à Oloron-Sainte-Marie (Béarn) et prend le commandement des mousquetaires en 1641. Assez vite, il se retire. Puis, entre 1660 et 1663, il se fait bâtir le château d’Eliçabéa à Iruri (Trois-Villes en basque) dans la Soule, où il mourra le .

Dès qu’il prend le commandement, il fait appel à sa famille ou des amis de sa famille.

Les quatre mousquetaires

Charles de Batz d'Artagnan
Charles de Batz d’Artagnan (vers 1611-1673)

Armand de Sillègue d’Athos d’Hauteville, dit Armand d’Athos, nait en 1615. C’est le cadet de la famille. Son cousin au deuxième degré, le comte de Tréville, le prend chez les mousquetaires. Il meurt à 30 ans, probablement lors d’un duel au Pré aux Clercs, lieu de rencontre des duellistes à Paris.

Isaac de Portau, dit Porthos, nait à Pau en 1617. Il rejoint les mousquetaires sur les recommandations de François de Guillon, seigneur des Essarts et beau-frère du comte de Tréville.

Henri d’Aramitz est le plus jeune des trois mousquetaires connus (Athos, Porthos et Aramitz). Il nait en 1620. Lui est cousin germain du comte de Tréville et il rejoint les mousquetaires en 1640.

Charles de Batz nait entre 1611 et 1615 au castèth de Castèlmoro (château de Castelmore) à Lupiac. Il prendra le nom de sa mère, d’Artagnan et entrera chez les mousquetaires en 1644, peu après son frère ainé Paul.  L’homme est valeureux, zélé, diplomate et n’aurait pas bon caractère. Lorsqu’il décède, le 25 juin 1673 durant le siège de Maastricht, le Roi Soleil le pleure et fait célébrer en sa mémoire, une messe grandiose sur le champ de bataille. Et il déclare : J’ai perdu d’Artagnan en qui j’avais toute confiance et m’était bon à tout. 

Les Montesquiou

Pierre de Montesquiou, comte d’Artagnan puis maréchal d’Artagnan, nait vers 1640. Il est le cousin direct de Charles. Il entre aux mousquetaires en 1664 et meurt en 1725.

Joseph de Montesquiou nait en 1651. Orphelin très jeune, il est élevé par Charles de Batz, son cousin. Il sera capitaine-lieutenant de la première compagnie de Mousquetaires Gris.

Les hommages

A Paris, place du Général-Catroux, d'Artagnan vu par Gustave Doré (1832-1883)
À Paris, place du Général-Catroux, d’Artagnan vu par Gustave Doré (1832-1883)

On trouve diverses statues sur les mousquetaires à: celle de Firmin Michelet à Auch, de Patrick Mériguet à Bracieux (Loir et Cher), de Zurab Tsereteli à Condom, de Daphné du Barry à Lupiac… Et aussi celle de Gustave Doré à Paris (place du Général-Catroux) ou celle de Rachid Khimoune à Evry,  et même celle d’Alexander Taratynov à Maastricht (Pays-Bas).

Bien sûr c’est Alexandre Dumas (1802-1870) qui les rendra célèbres avec ses romans : Les trois mousquetaires, Vingt ans après et Le Vicomte de Bragelonne.

Le Gersois Armand Praviel (1875-1944) se rend à la fête d’inauguration de la statue de d’Artagnan le 12 juillet 1931 à Auch. Il écrit un poème intitulé À d’Artagnan dont voici la troisième strophe :

Et le ciel, et les eaux, sont tout pareils encore ;
C’est le même horizon, le même azur si doux !
Mais si vous retourniez là-bas, à Castelmore
Vos Gascons d’autrefois, les retrouveriez-vous ?

Et, en effet, depuis ses 18 ans, d’Artagnan ne revit qu’une fois son pays lors du passage du roi vers Saint-Jean de Luz.

Anne-Pierre Darrées

écrit en orthographe nouvelle (1990)

Références

Qui étaient les mousquetaires du roi, Futura, Isabelle Bernier, 2021
À la poursuite des mousquetaires, Les Echos, Dominque de la Tour, 2006
Exposition Mousquetaires au musée de l’Armée.
Le Comte de Treville capitaine des Mousquetaires – De la légende à la réalité, Joseph Miqueu, 2019
L’histoire vraie des trois mousquetaires, Armand Praviel, 2022
Mémoires de M. d’Artagnan, Gatien de Courtilz de Sandras, 1700
Le véritable d’Artagnan,  Jean-Christian Petitfils, 1981, Bibliothèque de l’Escòla Gaston Febus




Larressingle, village fortifié

Larressingla, Larressingle en français, est un beau village fortifié du Gers. Certains disent que c’est une « réduction de Carcassonne ».

Le castrum de Larressingle

Le château de Larressingle
Le château de Larressingle

Au XIe siècle, l’abbé Hugues, fondateur de l’abbaye de Condom, et héritier des ducs de Gascogne, devient évêque d’Agen et de Bazas. En 1011, il laisse sa charge abbatiale de Condom et fait don à son successeur de ses terres de Larressingle. C’est ainsi que les abbés en deviennent propriétaires. Puis, ce seront les évêques de Condom à la création de l’évêché en 1317.

Le conflit en Aquitaine entre le roi d’Angleterre et le roi de France nécessite la fortification des bourgs et des villes. Ainsi, les abbés de Condom fortifient le village. En 1285, l’abbé de Condom et le roi d’Angleterre établissent un paréage. On rehausse les tours. La justice est partagée. Et la garnison est anglaise. Cependant, la guerre en Aquitaine ne semble pas avoir touché Larressingle.

Plus tard, en 1589, les Ligueurs s’en emparent et en font une base pour leurs opérations en agenais et en condomois. Mais, vite, Antoine-Arnaud de Pardaillan de Gondrin (1562-1624) fera sa soumission à Henri IV et rendra Larressingle en 1596.

À partir de 1610, Larressingle ne fait plus partie de Condom et devient communauté à part entière.

Château de Cassaigne
Le château de Cassaigne

Finalement, les évêques de Condom abandonnent le château de Larressingle pour le château de Cassanha (Cassaigne) tout proche et plus commode. Monseigneur d’Auterroches, dernier évêque de Condom (1763-1792) fait même enlever la toiture de l’église Saint Sigismond pour utiliser la charpente dans son château de Cassaigne.

À la Révolution, Larressingle est vendue comme bien national. Dépecé et vidé de ses plus belles pierres, le village est progressivement abandonné. Seules trois familles habitent dans l’enceinte. Les autres préfèrent s’établir à l’extérieur.

Larressingle est un village défensif

Église_Saint-Sigismond
Église Saint-Sigismond

Un rempart polygonal crènelé de 270 mètres, quasiment intact, entoure Larressingle. Les courtines font 14 mètres de haut. Sept contreforts carrés renforcent l’enceinte. Un fossé large de 10 mètres complète l’ensemble.

On y accède par une porte fortifiée ; un pont fixe remplace le pont-levis. Une quarantaine de maisons s’adossent aux courtines ; elles pouvaient abriter environ 300 personnes. Une seule rue polygonale fait le tour du donjon et de l’église.

Au centre, s’élève un château avec un donjon à quatre étages. L’intérieur est en ruine mais on y voit encore l’escalier à vis qui permettait d’accéder aux étages supérieurs éclairés par des fenêtres géminées.

Saint Sigismond
Saint Sigismond en Vercingétorix

Jouxtant le château, l’église romane Saint-Sigismond n’offre que des meurtrières pour toute ouverture. Elle est classée au titre des Monuments Historiques. Ce sont les ateliers Monna de Toulouse qui réalisent la statue qui orne l’église, dédiée à Saint Sigismond. Curieusement, ils livrent une statue de Vercingétorix, reproduction de celle de Millet, érigée en 1865 à Alésia. Et voilà Saint-Sigismond avec une remarquable moustache !

L’ensemble château et église constitue un élément de défense impressionnant pour servir de refuge aux habitants.

À proximité de Larressingle, le pont d’Artigues est classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en tant que passage des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle.

Enfin, Larressingle se classe parmi les Plus beaux villages de France.

Un sauvetage inespéré

Edouard Mortier duc de Trévise
Edouard Mortier, duc de Trévise (1883-1946)

Le château et l’église sont en ruines. Larressingle appartient à de nombreux propriétaires. Les maisons adossées aux remparts les protègent, ainsi que les contreforts.

Si Violet le Duc restaure la cité de Carcassonne, Larressingle doit son sauvetage à Édouard Mortier, duc de Trévise (1883-1946). En 1920, Édouard Mortier fait une randonnée à bicyclette ; il remarque la beauté du village. Un an plus tard, il fonde La Sauvegarde de l’Art Français dont il assure la présidence de 1921 à 1946.

Le duc de Trévise parcourt la France. Ses articles dans la presse attirent l’attention du public sur l’état pitoyable du patrimoine français. D’ailleurs, c’est un de ses articles qui empêche que la vache qui orne la porte de l’évêché d’Alan en Comminges ne soit vendue à un Américain par un antiquaire peu scrupuleux.

Un mécénat inattendu

Il a l’idée d’aller aux États-Unis pour sensibiliser les Américains à la sauvegarde du patrimoine français, non seulement en cessant d’en acheter des morceaux, mais surtout en finançant sa restauration. Son voyage dure 6 mois entre 1925 et 1926.

C’est un triomphe. « The Duke » (les Américains ont du mal à prononcer son nom) fonde 12 comités locaux réunissant chacun un capital dont les revenus iront aux restaurations d’un monument. Le comité de Saint-Louis s’intéresse aux monuments de Toulouse, celui de Saint-Paul à l’église d’Alan en Comminges, celui de New-York aux boiseries de la chambre du château de Bayonne dans laquelle fut payée la rançon de François 1er, celui de Boston à Larressingle.

Il fait adopter chaque maison du village par des dames de Boston. Les fonds recueillis permettent de restaurer quatre contreforts, l’enceinte et 12 maisons du castrum de Larressingle. Les petits-enfants de ces bienfaitrices viendront à la fin du XXe siècle visiter le village et découvrir ce que leurs grand-mères avaient permis de sauver.

Depuis, sous l’égide de la mairie et de l’association des Amis de Larressingle, les travaux de restauration se poursuivent.

Dessin de Pierre Bénouville dans "Larressingle en Condomois, description et histoire"
Dessin de Pierre Bénouville dans « Larressingle en Condomois, description et histoire »- 1892 (Gallica)

Un site touristique remarquable

Si l’on en croit la légende, le nom de Larressingle viendrait d’un siège de l’armée romaine. Le village leur aurait résisté et Crassus, lieutenant de César, aurait ordonné la retraite à ses soldats avec ces mots : Retro singuli, c’est-à-dire « en arrière un par un ». Les experts proposent diverses hypothèses pour sa toponymie.

Aujourd’hui, les Amis de Larressingle animent la « réduction de Carcassonne » ; ils reçoivent près de 130 000 visiteurs chaque année.

Outre les visites guidées du castrum, un camp médiéval permet de découvrir les techniques de l’art du siège d’un château avec des reconstitutions de machines de guerre et des démonstrations de tirs.

Grands et petits peuvent s’initier au tir à l’arc, à l’arbalète, frapper une monnaie, s’habiller en chevalier.

Un site gascon à découvrir, situé entre Condom et L’Arromiu (La Romieu).

Serge Clos-Versaille

écrit en orthographe nouvelle

Références

Wikipédia.
The extraordinary village of Larressingle in Gers.
Sauvegarde de l’art français, Larressingle et La Mothe-Chandeniers : un même modèle innovant et efficace de mécénat culturel.
Larressingle en Condomois, description et histoire, Georges Tholin et Joseph Gardère, Auch, 1892.
Visiter la petite Carcassonne du Gers




A. Bibal, mécène de l’Escòla Gaston Febus

Albin Bibal (1841-1920) est un homme d’affaires, homme politique, mécène et philanthrope comme beaucoup de ses semblables au XIXe siècle. Membre de l’Escòla Gaston Febus, on lui doit le sauvetage du château de Mauvezin, dans les Hautes-Pyrénées.

Un chef d’entreprise avisé

Albin Bibal
Albin Bibal

Albin Bibal nait à Aiguillon en Lot et Garonne. Son père, Pierre Bibal, est tailleur de pierres et entrepreneur de travaux publics. On lui doit notamment le grand pont de pierres de Bayonne. Et c’est l’époque du développement du chemin de fer. Aussi, Pierre Bibal travaille sur le tronçon de Dax à Mont de Marsan. Mais il y fait de mauvaises affaires et se ruine.

À 19 ans, Albin Bibal s’engage dans des entreprises de construction de chemins de fer. Il travaille en Isère, dans l’Orne, dans les Côtes du Nord, en Charente et dans les Hautes-Alpes. Là, il se fait remarquer pour la conduite des travaux d’une galerie souterraine de 4 km, puis pour la construction d’une ligne de chemin de fer dans l’Hérault. Cela lui vaut d’importantes gratifications.

Ligne de chemin de fer Condom-Eauze
Ligne de chemin de fer Condom-Eauze

Aussi, en 1874, à 33 ans, Albin Bibal fonde sa propre entreprise de travaux publics. De 1876 à 1892, il obtient des chantiers de construction des lignes de chemin de fer dans les Pyrénées-Orientales, le Tarn, l’Hérault, la Dordogne, le Cantal, le Lot, …. Et même en Espagne. Dans le Gers, il travaille sur la ligne de Condom à Éauze.

Albin Bibal épouse Marie-Clémence Clément avec qui il a quatre enfants. Puis, veuf, il épouse en secondes noces, Marie-Rose Gardès dont la famille possède le château d’Esclassan, près de Masseube, dans le Gers. À la mort de sa seconde épouse en 1902, il hérite du château.

Depuis son second mariage en 1881, Albin Bibal est devenu Gersois.

Albin Bibal s’intéresse à la politique

Albin Bibal (1841-1920)
Albin Bibal (1841-1920)

En 1862, Albin Bibal s’engage en politique aux côtés des Républicains opposés aux candidats du régime impérial. Il soutient les candidats républicains dans tous les départements où il travaille. C’est ainsi qu’il soutient, trois fois de suite, Armand Fallières dans le Lot et Garonne.

Certains candidats qu’il soutient deviennent députés, sénateurs et même Président de la République.

En 1881, Albin Bibal participe à la fondation du Parti républicain à Masseube. À Mirande, il soutient le candidat républicain contre Paul de Cassagnac, le fameux duelliste gascon, qui remporte l’élection.

En 1885, Albin Bibal décide de se porter candidat aux élections législatives. Sa liste remporte la majorité dans le canton de Masseube. Fort de ce succès, il devient maire d’Esclassan en 1886, conseiller d’arrondissement en 1892, conseiller général du canton de Masseube en 1895, président du Conseil général qu’il présidera un an en 1897, puis maire de Masseube en 1900.

Les affaires et la politique vont ensemble

Albin Bibal - D'Auch à Lannemezan - Les transpyrénéens (1913)
Albin Bibal – D’Auch à Lannemezan – Les transpyrénéens (1913)

À partir de 1883, Albin Bibal investit dans plusieurs affaires industrielles en participant à la création de plusieurs sociétés en Espagne et en France.

Ainsi, en 1908, il est le principal fondateur de l’imprimerie Th. Bousquet et Cie à Auch.

Pendant ce temps, on construit des lignes de chemin de fer d’intérêt local et des lignes de tramway. Un projet de loi prévoit des aides de l’Etat jusqu’à 75 %.  Aussi, Albin Bibal milite activement pour que la loi soit enfin votée, d’autant que le Conseil général du Gers a deux projets de lignes de tramway Mirande-Castelnau Rivière Basse et Cazaubon-Aire sur l’Adour.

Albin Bibal est un ardent promoteur de la ligne de chemin de fer entre Auch et Lannemezan et de sa continuation vers l’Espagne à travers les Pyrénées. Ainsi, il publie en 1913 une étude intitulée Chemin de fer d’Auch à Lannemezan. Les transpyrénéens. Ce projet est malheureusement abandonné.

Albin Bibal et l’agriculture

À Masseube, Albin Bibal fait agrandir la halle. Il souhaite développer l’élevage des mules et mulets dont Masseube est un important marché pour les Espagnols, grands consommateurs, venus se fournir en France. D’ailleurs, le projet de chemin de fer transpyrénéen aurait sans doute facilité l’exportation des animaux.

Très entrepreneur, Albin Bibal veut aussi développer l’élevage des oies. Ainsi, lors de l’exposition de l’agriculture de 1909 sur le Champ de Mars à Paris, il déplore le peu de publicité faite aux produits du Gers. Du coup, il préconise la constitution d’un syndicat de vente pour leur promotion : Notre Armagnac n’est pas apprécié, parce qu’il n’est pas connu, nos volailles, élevées en liberté, sont autrement savoureuses que celles du Mans et de Bresse, gavées de force ; nos dindons, connus par hasard à Londres, sont presque inconnus à Paris… 

Alors, Albin Bibal fonde le 1er syndicat agricole du canton de Masseube et une Banque Populaire Agricole qui fait des prêts aux agriculteurs. Elle disparait en 1900, lors de la création des caisses locales du Crédit Agricole.

Albin Bibal devient maire de Masseube (Gers)
Masseube (Gers)

Albin Bibal mécène

En 1899, Albin Bibal fait une rente de 600 Francs au département à distribuer chaque année aux six familles les plus nécessiteuses ayant le plus grand nombre d’enfants à charge. De même, il fait une autre rente aux communes de son canton pour être distribuée pendant 50 ans aux aveugles et aux infirmes. En 1900, il fait une nouvelle rente annuelle au département au bénéfice de 3 mères de famille de moins de 35 ans ayant de nombreux enfants. En 1901, il recommence avec une autre rente pendant 30 ans au bénéfice des orphelins. Enfin, en 1912, une dernière rente est faite en faveur de veuves d’ouvriers ayant en charge des jeunes enfants.

Albin Bibal et le château de Mauvezin

Le Château de Mauvezin (Hautes-Pyrénées)
Le Château de Mauvezin (Hautes-Pyrénées)

Albin Bibal s’intéresse aussi à la culture locale. Membre du Félibrige, il rachète de château de Mauvezin en 1906, le restaure en partie pour l’ouvrir à la visite et le cède à l’Escòla Gaston Febus dont il est membre, en 1907.

Il réalise une plaquette Le vieux château de Mauvezin et sa devise et écrit une Histoire chronologique du vieux château fort de Mauvezin. Il écrit aussi le De viris illustribus Vasconiae qui comprend 648 notices biographiques de gascons célèbres. Dans tous les départements, les félibres gascons se mettent au travail pour la rédaction des notices dont la liste parait dans la revue Reclams de Biarn et Gascougne. Le livre est publié en 1914.

Au château de Mauvezin, Albin Bibal fait des travaux de restauration. La somme demandée pour la restauration de la rampe d’accès et du pont-levis est trop importante. Il fait installer un escalier de fer en colimaçon pour entrer dans le château, ainsi que deux autres escaliers pour accéder aux courtines sécurisées par un garde-corps. Il fait restaurer la porte d’entrée et dégager la dalle héraldique. Dans le donjon, il fait installer des poutres et des planchers pour reconstituer les étages accessibles par un escalier en bois et fait percer une porte pour l’accès aux salles inférieures. Il fait réparer les contreforts et couronne le donjon de créneaux et de mâchicoulis.

La Félibrée de Mauvezin

En mars 1907, Albin Bibal cède le château de Mauvezin à l’Escòla Gaston Febus. Le 31 aout, la prise de possession officielle se fait à l’occasion d’une Félibrée dans la cour du château.

On y voit la plupart des félibres de Gascogne. Germaine Guillot, reine de Gascogne, participe avec toute sa cour. Un tournoi littéraire a lieu, ponctué des chants des Troubadours tarbais, de l’Estudiantina tarbaise et de la chorale de Tournay-Bordes.

Cette Félibrée a fait l’objet d’un tableau qui est conservé au château de Mauvezin. On peut y reconnaitre la plupart des félibres qui y ont participé.

Albin Bibal remet le Château de Mauvezin à l'Escòla Gaston Febus
Le 31 août 1907, Albin Bibal remet le Château de Mauvezin à l’Escòla Gaston Febus

Les travaux d’Albin Bibal sont critiqués. Lors de la deuxième Félibrée de 1911 au château de Mauvezin, le comte de Roquette-Buisson, président de la Société Académique des Hautes-Pyrénées prend sa défense : J’avais beaucoup entendu critiquer les réparations faites au château de Mauvezin, et redoutais d’y venir, m’attendant à une triste désillusion, presque à une profanation des vielles ruines du manoir si mêlé à notre histoire bigourdane… Je m’excuse de contrister l’âme des archéologues pour lesquels toute restauration est un crime. Il m’est impossible de partager leur manière de voir. Je félicite M. Bibal de sa généreuse, intelligente, j’ajouterais artistique initiative.

Albin Bibal, mécène de l’Escòla Gaston Febus meurt à Esclassan le 13 février 1920.

Serge Clos-Versaille

écrit en orthographe nouvelle

Références

Michel Albin Bibal, un élu gersois au service du patrimoine gascon : la sauvegarde du château de Mauvezin, Pierre Debofle, Bulletin de la société archéologique du Gers, n° 421, 3ème trimestre 2016.
Le vieux château de Mauvezin et sa devise, Albin Bibal
Histoire chronologique du vieux château fort de Mauvezin et ses destinées, Albin Bibal




La poésie en Gascogne

Le 21 mars est la journée mondiale de la poésie. Ça tombe bien, la poésie est un genre qui plait aux Gascons et aux Gasconnes. Pourtant, la Gascogne fournit plus de soldats que de poètes faisait remarquer le Condomois Gaston Bastit, auteur du livre La Gascogne littéraire. Bon. Tant pis ! Il y en a quand même assez pour se régaler de leurs œuvres.

Les précurseurs gascons de la poésie

Guillaume IX d'Aquitaine
Guillaume IX d’Aquitaine (1071-1127)

Nous pouvons citer quelques troubadours des XIe au XIIIe siècle comme Guilhem IX [Guillaume IX d’Aquitaine], Cercamon [Cherche monde] le jongleur de Gascogne ou Peire de Valeira. Car ils ont laissé de belles traces de leur talent.

Bien sûr, tous ces poèmes sont écrits dans la langue des troubadours. Voici par exemple le début d’un poème de Guilhem d’AquitàniaMout jauzens me prenc en amar [Gai et jovial, je me prends à aimer] :

Mout jauzens me prenc en amar
Un joy don plus mi vuelh aizir,
E pus en joy vuelh revertir
Ben dey, si puesc, al mielhs anar,
Quar mielhs onra ‘m, estiers cujar,
Qu’om puesca vezer ni auzir.

Gai et jovial, je me prends à aimer,
Je dois partir, bien de la joie,
Je veux revenir et c’est pourquoi
vais aux mieux si comme jamais
Je te cherche, je suis honoré
Qu’on sache je t’entends: je te vois.

Les Capitouls de Toulouse dotent le concours des Jeux Floraux en 1324
Les Capitouls de Toulouse dotent le  Consistòri del Gay Saber.

Quant à l’Astaragués [Astaracais] Bernart de Panassac, il est l’un des sept troubadours qui a fondé la première académie littéraire du monde occidental, le  Consistòri del Gay Saber en 1323 à Tolosa [Toulouse].

Cependant, il ne faut pas voir dans ces poètes, de doux rêveurs contemplatifs. Par exemple, le seigneur de Panassac reste un Gascon au sang chaud et il sera condamné pour le meurtre du baile Géraud d’Aguin.

La poésie franco-gasconne à la Renaissance

Au XVIe siècle, certains Gascons se mettent au français. Et, comme l’écrit le chanoine Imbert qui vivait à L’Arromieu [La Romieu, Gers], c’est pour

Prouver à nos voisins, ançois à l’univers,
Que nous avons banni l’aïeule barbarie.

Ainsi, plusieurs poètes laisseront leur nom comme le Bordelais Pierre de Brach (1547-1604) qui écrit plusieurs poèmes bien tournés ainsi que la Lettre sur la mort de Montaigne, restée justement célèbre. Ou Jean de la Jessée (1550-16.. ?) qui écrit de nombreux ouvrages dont un beau recueil de poèmes d’amour, Les Amours de Marguerite.

Théophile de Viau (1590-1626)
Théophile de Viau (1590-1626). Portrait gravé par Pierre Daret.

Théophile de Viau, né en 1590, a aussi un beau succès. Par exemple, il écrit dans sa pièce de théâtre, Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé :

Ah ! voici le poignard qui du sang de son maitre
S’est souillé lâchement. Il en rougit, le traitre.

Vers qui inspireront Edmond Rostand qui fera dire à Cyrano :

Le voilà donc ce nez qui des traits de son maitre
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traitre !

La Gascogne relance la poésie… en gascon

À cette même époque, des poètes gascons, finalement les meilleurs, choisissent d’écrire dans la langue du pays. D’ailleurs, Pierre Bec rappelle que la Gascogne a été pionnière dans la renaissance de la littérature en langue régionale au XVIe siècle.  Et dans son livre Le siècle d’or de la poésie gasconne,  il cite douze grands noms.

Guillaume de Salluste, seigneur du Bartas. poète gascon
Guillaume de Saluste, seigneur du Bartas. (1632-1694). Gravure de Nicolas de Larmessin.

Notons que le premier qui affirme à la fois son talent de poète et son attachement à la Gascogne, c’est Pey de Garros (1525?-1581), un Leitorés [Lectourois] du XVIe siècle. On compte aussi Guillaume Saluste du Bartas (1544-1590) du Fesensaguet [Fezensaguet] considéré par les Allemands comme le plus grand poète français de cette époque, Jean-Géraud d’Astros (1594-1648) le Lomanhòu [Lomagnol], etc.

De même, la famille Gassion, bien connue en Bearn, a donné naissance à un médecin et poète, Jacob de Gassion (1578-1639) dont nous avons conservé trois sonnets. L’un d’eux reprend le thème classique à cette époque du chevreuil blessé. En version française :

Quand le printemps en robe chamarrée
A fait s’enfuir les brulures du froid,
Le chevreuil, de ses gambades et bonds,
Caracole au beau milieu des prairies.
Au beau jaillir de l’aube safranée,
Prenant le frais le long des ruisselets,
Va se mirant dans l’onde argentée,
Puis sur le tertre fait cent cabrioles.
Des chiens courants il craint peu les abois
Et se tient sauf : mais, tandis qu’il folâtre,
L’arquebusier lui donne un coup mortel.
Ainsi je vivais sans nulle tristesse,
Quand un bel œil me fit par fantaisie
Au fond du cœur une loyale plaie.

Tout a l’humeur gasconne en un auteur gascon !

Cette phrase est de Boileau dans son Art Poétique. Et il est vrai qu’on va trouver la gaité, la gaillardise, la moquerie dans les vers du pays. Déjà, d’Astros, voulant retenir les ardeurs d’un Recteur à l’égard des dames, écrit dans le poème Le Mariage du nouveau curé :

JG Dastros, poète gascon
Jean-Géraud Dastros, poète gascon (1594-1648)

Diu vos a dat los abitans
D’aqueste lòc per parroquians,
Au nom e qualitat d’auelhas;
Bon pastor, guardaratz que vos
Los hasatz pas vénguer motons
Dab còrnas dessús las aurelhas!

Dieu vous a donné les habitants
De ce lieu pour paroissiens,
Avec nom et qualité d’ouailles ;
Bon pasteur, vous vous garderez bien
De les faire devenir des moutons
Avec des cornes au-dessus des oreilles !

D’autres vont se faire les champions de la littérature populaire comme l’Aspois Cyprien Despourrins (1698-1759) qui saura mettre en valeur le sentiment délicat de l’amour. Ou bien, d’autres vont chanter la montagne comme le Bigourdan Frédéric Soutras (1814-1884).

D’autres encore seront surtout des chansonniers politiques comme le Béarnais Xavier Navarrot (1799-1862) qui affirme :

Un dépit m’a rendu poète…
Le besoin de montrer la dent
Donne de l’esprit au plus bête ;

Les grands poètes récents

Francis Jammes poète des Pyrénées
Francis Jammes (1868-1938) en 1917

Le Bordelais Catulle Mendès (1841-1909) est un poète des plus complets. D’ailleurs, il est très apprécié et plusieurs de ses poèmes seront mis en musique par les compositeurs de l’époque : Reynaldo Hahn (Le souvenir d’avoir chanté), Georges Bizet (L’abandonnée), Jules Massenet (La lettre), etc.

Francis Jammes (1868-1938) est un immense poète né à Tournay dans les Baronnies et il reçoit plusieurs prix littéraires. Il écrit des dizaines de recueils poétiques dont cet extrait de Le poète et l’oiseau :

Ceci est le pays pauvre et beau de ma mère
où la terre calleuse offre l’olive amère
au loriot et à la grive.

Plus récemment, un Tristan Cabral (1944-2020), né à Arcachon, laisse une œuvre poétique importante. D’ailleurs, son recueil, Ouvrez le feu, remportera un grand succès.

Robert de Montesquiou-Fezensac (1855-1921) laisse aussi de beaux recueils de poésie dont le magnifique Le Chef des Odeurs suaves. Là encore, le sang gascon s’exprime, et Montesquiou provoquera en duel en juin 1897 le Normand Henri de Régnier  parce que ce dernier avait propagé des propos diffamatoires à son encontre.

Les poètes et le gascon

Bernard Manciet (1923-2005)
Bernard Manciet (1923-2005)

Pourtant, comme au siècle d’or, les grands poètes se révèleront plutôt en lenga nosta. Peut-être que les sonorités et la musicalité de notre langue inspire-t-elle mieux nos auteurs ? Bernard Manciet remarquait que l’on peut plus facilement provoquer des chocs de mots en gascon qu’en français.

Ainsi, la liste peut être longue, depuis Isidore Salles (1821-1900), Miquèu Camelat (1871-1962), Philadelphe de Gerde (1871-1952), Jean-Baptiste Bégarie (1892-1915) ou l’immense Bernard Manciet dont l’écriture entière est emplie de lyrisme.

De nos jours, des poètes s’expriment avec talent comme Sèrgi Javaloyès (1951- ) par exemple dans son poème épique Sorrom Borrom, ou l’Aranés [l’Aranais] Xavi Gutiérrez Riu (1971- ) qui excelle dans tous les genres poétiques, ou encore la jeune Bordelaise Jessyka Rojo (1985- ) qui inventent des poèmes fantastiques pleins d’imagination.

Malheureusement, la perte de la connaissance du gascon dans la région compromet l’expression poétique de nos compatriotes.

Anne-Pierre Darrées

écrit en orthographe nouvelle

Références

À propos de Bernard de Panassac, Ch. Samaran, 1920
Le siècle d’or de la poésie gasconne, Pierre Bec, 1997.
Guillaume IX d’Aquitaine, La joie des poètes
La Gascogne littéraire, Gaston Bastit, 1894
Les premières oeuvres françoyses de Jean de la Jessée