Les chiens accompagnent les hommes à la chasse. Au cours du temps, les races ont été améliorées ou croisées pour donner des chiens aptes à tous les types de chasse. Justement, le bleu de Gascogne est adapté à la chasse à courre.
Le bleu de Gascogne

Le bleu de Gascogne est un chien de chasse. Il mesure de 62 à 72 cm, pèse environ 30 kg et son poil est moucheté de noir et de blanc, ce qui lui donne un aspect bleuté.
C’est une race ancienne dont on trouve mention dès le XIVe siècle. On l’utilisait alors pour chasser le loup, le sanglier ou l’ours. D’ailleurs, Gaston Febus le décrit dans son Livre de la chasse ; le bleu de Gascogne composait sa meute, forte de 1600 chiens dit-on. Henri IV possédait également une meute impressionnante de grands bleus. Faisant preuve d’endurance et fin limier, il est aussi efficace pour la chasse au lièvre.

Côté comportement, c’est un chien très doux. Attaché à son maitre, il a besoin que l’on s’occupe de lui. Il est patient avec les enfants et adore jouer avec eux. Bien sûr, comme tout chien de chasse, il a besoin de se dépenser et nécessite de l’espace. Ce n’est pas un chien d’appartement !
De façon inattendue, le bleu de Gascogne est l’ancêtre du Bluetick Coonhound du sud des Etats-Unis. Comment est-il arrivé là ? Tout simplement, le Marquis de la Fayette a offert plusieurs bleus de Gascogne à Georges Washington. Ensuite, lors de la Révolution française, des émigrés en Louisiane en ont emmené d’autres.
Une race qui a failli disparaitre
Très commun jusqu’à la Révolution française, le bleu de Gascogne faillit disparaitre avec la suppression du droit de chasse seigneurial. En effet, la chasse à courre perd de son importance et le nombre de meutes diminue. Le bleu de Gascogne n’a plus d’utilité.
À cette époque, la Révolution accorde le droit de chasse à tous les citoyens. Et pour chasser le petit gibier, il faut des chiens mieux adaptés.
Cependant, on sélectionne le bleu gascon pour donner de nouvelles races de chiens : le petit bleu, le basset bleu de Gascogne et le griffon bleu de Gascogne. Le bleu de Gascogne aurait pu disparaitre. Heureusement, Alain Bourbon, chasseur et éleveur passionné de Mayenne, intervient.
Alain Bourbon et sa passion pour ce chien
Alain Bourbon possède le château du Bignon, à Beaumont-pied-de-bœuf, et un chenil qui fait pâlir d’envie les meilleurs spécialistes.
Passionné par la chasse, il se lance dans l’élevage des chiens. Il déclare au journal Le Sport universel illustré de 1903 : « Je vois mes chiens chaque jour au chenil et à la chasse, je veux qu’ils me donnent partout satisfaction, ici en travaillant à l’égal des meilleurs, là en flattant mon sens esthétique ».
Alain Bourbon fait des croisements pour retrouver la pureté de la race du bleu de Gascogne et améliorer ses caractéristiques. Il présente ses chiens aux meilleurs concours d’élevage et remporte les plus beaux prix.
Il entretient une meute de bassets de Gascogne qu’il contribue à sauver de l’oubli.
Le basset bleu
Le journal L’éleveur mentionne pour la première fois en 1893 le basset bleu : « Dans une famille de chien courants de Gascogne apparut, il y a 7 ans, un couple de chiens bassets dont on a tiré une race de Bassets Gascons ».

Dans son ouvrage sur les chiens, le vétérinaire Paul Dechambre (1868-1935) le décrit ainsi : « Le basset gascon a les oreilles très longues, fortement membré, la truffe volumineuse, le dos très allongé, les membres courts, forts et toujours tordus. La taille varie de 0,30 à 0,36 m la robe est truitée bleue gris à taches noires avec des mouchetures de feu au museau, sur les yeux et sur les membres. Les bassets gascons sont une des meilleures races pour le lièvre et pour le chevreuil ».
Le basset bleu gascon a presque totalement disparu. Le journal Le Sport universel illustré du 5 juillet 1903 dit que « M. Alain Bourbon s’efforce de refaire l’ancien basset bleu, ses premiers essais sont satisfaisants, il a déjà obtenu quelques chiens bien dans le type, très débrouillards et très bien gorgés ». Pourtant, depuis 1980, on compte environ 150 naissances par an.
Les autres bleus de Gascogne

Le bleu de Gascogne, aussi appelé le grand bleu gascon, a donné le petit bleu, plus court sur pattes. Il est issu de la sélection naturelle et serait apparu au XVIe siècle. Il est adapté pour la chasse au sanglier et au lièvre. Le journal Le petit bleu qui parait à Agen dit qu’il a « Des yeux à vous attendrir un gangster en colère, un assassin au bord du crime, ou un politique au seuil d’une promesse électorale, c’est dire s’il peut faire chavirer les cœurs les plus endurcis… ».

Le griffon bleu de Gascogne est issu de croisements anciens avec le griffon vendéen. Il n’en restait plus que 10 en 1977. On compte aujourd’hui près de 800 naissances chaque année.
Les standards sont établis en 1919 et 1920. Mais la Fédération Cynologique Internationale (FCI) ne reconnait les différentes races qu’en 1963.
Des clubs d’amateurs se sont crées autour de ces chiens. Tout d’abord le club Gaston Phoebus en 1907. Aujourd’hui, le club du Bleu de Gascogne, Gascon saintongeois, ariégeois rassemble plus de 1000 adhérents.
Les bleus de Gascogne sont appréciés dans le monde entier. Malheureusement, il y a peu d’élevages de chiens bleus en Gascogne. Et les meilleurs spécialistes sont souvent étrangers.
Serge Clos-Versaille
écrit en orthographe nouvelle
Références
Wikipédia
www.chiens.com
Le chien. Races, élevage, alimentation, hygiène, utilisation, Paul Dechambre, 1921
Standard FCI n°35, Basset bleu de Gascogne, Fédération Cynologique Internationale
Profitons de cet article pour saluer Jean Abadie, au Pelon à Saint-Martin (à côté de Mirande), qui regroupa quelques éleveurs autour de lui pour sauver la race des Basset Bleu de Gascogne depuis les années 1960. De plus, en 1993, il créa la fédération gersoise des associations de Chasseurs aux Chiens Courants.
Anne-Pierre Darrées