La philatélie et la Gascogne
Le 11 juillet 2022 paraitra un timbre sur le col du Tourmalet, ce col pyrénéen rendu célèbre par le Tour de France. Une occasion pour se pencher sur la présence de la Gascogne dans les émissions de timbres français et la philatélie.
Des sujets divers, une répartition inéquitable
La Gascogne n’est pas absente des timbres français. Quelques personnages gascons figurent sur les timbres comme Henri IV, d’Artagnan, Larrey ou Foch. On trouve aussi des sports gascons : la pelote basque, le rugby, la course landaise ; et aussi, la gastronomie (foie gras) ou encore les races locales ovines et bovines.
On célèbre des évènements historiques : le 800e anniversaire de la mort d’Aliénor d’aquitaine, le 600e anniversaire de la mort de Gaston Febus, le 400e anniversaire du rattachement du Béarn à la France (ou le contraire, diront certains ….).
Mais, sans conteste, les sujets les plus fréquents sont les sites touristiques. Jusqu’en 2021, La Poste consacre pas moins de 34 timbres à des sites touristiques gascons. Le palmarès revient au bassin d’Arcachon (4 émissions) et à Lourdes (3 émissions).
La répartition des sites gascons représentés sur les timbres est inégalitaire. La Gironde bénéficie de 13 timbres, les Hautes-Pyrénées de 9 émissions, les Pyrénées-Atlantiques de 5, chacun des autres départements gascons d’une seule. Si l’Ariège voit le château de Foix représenté sur un timbre de 1958, la philatélie ne connait pas le Couserans gascon.
Qui décide du sujet retenu sur un timbre ?
N’importe qui peut proposer un sujet pour un timbre-poste. Pour cela, il suffit simplement d’adresser sa proposition à Philaposte, le service de la Poste chargé de la philatélie (adresse mail: sav-phila.philaposte@laposte.fr ou 3/5 avenue Galliéni, 94257 Gentilly Cedex – au passage, notons que le général Galliéni est né à Saint-Béat).
Le thème proposé doit avoir une importance au moins nationale ou internationale. Inutile de proposer un timbre sur Filadelfa de Gèrda ou sur Felix Arnaudin, Quoique… Si le choix est retenu, l’émission du timbre n’interviendra qu’un ou deux ans après.
La Commission des programmes de philatélie, présidée par le Président directeur général de La Poste, se réunit deux fois par an pour émettre un avis sur les propositions reçues. C’est le ministre de l’Economie qui décide au final.
Un arrêté publié au Journal officiel fixe le programme des émissions de timbres pour l’année à venir.
En tout cas, il semblerait que l’émission prochaine d’un timbre sur le Col du Tourmalet n’ait pas été demandée par qui que ce soit ! Un mystère administratif, mais ne boudons pas notre plaisir…
Comment fabrique-t-on un timbre ?
En France, seule La Poste a l’autorisation d’émettre des timbres.
Jusqu’en 1970, les timbres sont produits à Paris. Yves Guéna, député de la Dordogne, alors ministre des Postes et des Télécommunications, installe la nouvelle imprimerie à Boulazac, près de Périgueux.
Avec l’ère numérique, la production qui est de 4,5 milliards de timbres en 1995 n’est plus que de 1 milliard aujourd’hui.
On utilise plusieurs techniques. La Typographie consiste à graver le timbre à l’envers dans un bloc d’acier au format du timbre. La gravure se fait en relief, le métal est creusé autour des traits du dessin. La feuille de papier est pressée sur le dessin encré.
La Taille douce consiste à graver le timbre à l’envers dans un bloc d’acier au format du timbre. Le poinçon obtenu est reporté autant de fois qu’il y aura de timbres sur un cylindre en cuivre (la virole). L’impression donne au toucher une impression de relief.
La Lithographie consiste à graver le dessin sur une pierre calcaire que l’on durcit par un procédé chimique. L’impression se fait par pression, comme pour décalquer le motif.
L’Héliogravure et l’Offset sont des procédés mécaniques modernes dans lesquels l’artiste n’intervient plus.
Valoriser la Gascogne par ses timbres
En plus des émissions officielles de timbres, chacun peut émettre son propre timbre. La Poste propose un service qui permet d’éditer un timbre à partir de sa photo ou de celle de ses vacances, par exemple. Soyons francs ! Rien ne remplace l’utilisation d’un beau timbre-poste sur une lettre. Plutôt que d’utiliser d’insipides vignettes d’affranchissement pour son courrier, pourquoi ne pas faire l’effort d’aller à son bureau de poste pour acheter un petit stock de timbres représentant la Gascogne : un personnage, un site ?
Un premier jour d’émission précède l’émission d’un nouveau timbre, généralement le samedi et le dimanche, pour les amateurs de philatélie.
Pour le timbre sur le col du Tourmalet, la Poste ouvrira un bureau spécial à Barèges et un autre à Bagnères de Bigorre les 8 et 9 juillet 2022. C’est le Groupement Philatélique des Pyrénées (gpp65@laposte.net) qui les organise.
La Poste confectionne des enveloppes dites « Enveloppes premier jour ». Elles portent le timbre oblitéré avec un cachet spécial premier jour d’émission. Un dessin ou une illustration décore l’enveloppe en rapport avec le sujet du timbre. On peut aussi trouver des cartes postales premier jour ou des cartes maximum premier jour (cartes postales affranchies et oblitérées du côté illustré).
L’on peut bien entendu envoyer son courrier à partir de ces bureaux premier jour. Les collectionneurs en seront heureux !
Un timbre pour valoriser les langues régionales ?
La loi dite « Molac » a introduit dans le code du patrimoine un article L1 qui dispose que :
« Le patrimoine s’entend, au sens du présent code, de l’ensemble des biens, immobiliers ou mobiliers, relevant de la propriété publique ou privée, qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique.
Il s’entend également des éléments du patrimoine culturel immatériel, au sens de l’article 2 de la convention internationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Cette convention a été adoptée à Paris le 17 octobre 2003 et du patrimoine linguistique, constitué de la langue française et des langues régionales. L’Etat et les collectivités territoriales concourent à l’enseignement, à la diffusion et à la promotion de ces langues ».
Alors, pourquoi pas une série de timbres sur les langues régionales que l’assemblée Nationale reconnait d’intérêt national ? L’occitan, le catalan, le basque, le breton, le flamand, l’alsacien, etc. Voilà de quoi donner une belle série de timbres sur le patrimoine immatériel de la France et satisfaire les amateurs de philatélie.
Pour cela, il faut que chaque association ou chaque personne qui veut des timbres sur les langues régionales se mobilisent. Ils prennent leur plus belle plume et écrivent une lettre (affranchie avec un beau timbre !) pour le proposer à Philaposte. On rappelle l’adresse : 3/5 avenue Galliéni, 94257 Gentilly Cedex.
Alors, quel sujet illustrera les langues régionales ?
Serge Clos-Versaille
écrit en orthographe nouvelle