Marguerite et Louis Le Bondidier sont indissociables du pyrénéisme. Pris de passion pour les Pyrénées, ils sont à l’origine de nombreuses initiatives qui perdurent encore de nos jours.
Les Le Bondidier découvrent les Pyrénées

Marguerite Liouville (1879-1960) est ardennaise. Louis Le Bondidier (1878-1945) est meusien. Il est receveur de l’enregistrement à Verdun. À cette époque, les receveurs de l’enregistrement s’occupent des droits liés aux domaines. Louis épouse en 1898 Marguerite, qui a suivi des études aux Beaux-Arts de Nancy. Ils ont un fils, Yves, qui ne survit pas.
En 1901, Louis Le Bondidier est muté à Campan. C’est l’exil !

Pourtant, il découvre les Pyrénées et se prend d’une véritable passion pour la montagne. Ainsi, le 3 aout 1902, il organise le congrès du Club Alpin Français (fondé en 1874). En l’honneur de Ramond de Carbonnières (1755-1827), ils inaugurent son buste dans le jardin de la villa Théas à Bagnères de Bigorre. Et, l’année suivante, il fonde la Fédération Franco- espagnole des Sociétés Pyrénéistes dont le Bulletin Pyrénéen devient l’organe officiel.
Le couple Le Bondidier attaque les 3000
Après quelques randonnées autour de Bagnères, le couple Le Bondidier se lance à l’assaut des sommets. Du 19 juillet au 17 août 1905, Marguerite et Louis parcourent la montagne. Et ils réalisent cinq premières avec l’ascension de deux pics à côté de l’Aneto (le pic de la Margalida, 3241 m, et le pic Maudit, 3354 m), du pic de Las Espadas (3328 m), du pic Beraldi (3025 m) et du pic de Las Tourets (3007 m).

Louis Le Bondidier est aussi écrivain. Il relate cette expédition dans un livre : Un mois sous la tente, réimprimé en 2013 aux éditions MonHélios. Il écrit aussi beaucoup dans des revues de l’époque consacrées à la montagne.
Puis, en 1908, il organise le premier concours de ski aux Pyrénées à Payolle. Pour l’occasion, Marguerite devient la première femme à skier dans les Pyrénées. Il est aussi l’initiateur du téléphérique au Pic du Midi et du premier téléski de la station de La Mongie.

Le choix des Pyrénées
Hélas, en 1909, le bureau de l’enregistrement de Campan ferme. Peu importe, Louis Le Bondidier ne veut plus partir et démissionne. Il reprend l’hospice de Payolle et ouvre l’hostellerie du Pic du Midi. Il consacre désormais toute sa vie aux Pyrénées et à la culture de ses habitants. Marguerite, tout aussi passionnée, adopte le prénom local Margalida.
Pourtant, en 1913, atteint de maladie, Louis Le Bondidier doit abandonner ses activités de montagnard. Et le couple s’installe à Pouzac, près de Bagnères de Bigorre. Le climat y et moins rude.
La deuxième vie de Marguerite et Louis Le Bondidier
La maladie n’empêche pas une intense activité. En effet, Margalida et Louis Le Bondidier se lancent dans une nouvelle aventure : la fondation du Musée Pyrénéen de Lourdes.
Le château de Lourdes est inutilisé. Louis Le Bondidier obtient de la ville un bail de 99 ans. Avec son épouse, il aménage un Musée Pyrénéen pour y regrouper leur importante collection d’objets achetés chez des paysans ou dans des ventes aux enchères. Ainsi, le château devient un Musée d’arts et traditions populaires qui ouvre en 1921.
Pour compléter le musée, il aménage aussi une bibliothèque avec le fonds qu’il possède et qu’il enrichit par de nouvelles acquisitions. D’ailleurs, c’est aujourd’hui un centre de documentation sur le pyrénéisme d’une incroyable richesse.

Louis Le Bondidier prend en charge la rédaction du Bulletin Pyrénéen. Cela ne lui suffit pas. Il devient éditeur et fonde les Éditions de l’Échauguette, basées au château de Lourdes. Il y publie Il neige aux Eaux-Bonnes en 1939. On lui doit déjà En Corse : carnets de route de 1904, ou encore Les vieux costumes pyrénéens de 1918. Margalida publie Le numéro 30 aux mêmes Éditions de l’Échauguette, Les cires de deuil aux Pyrénées en 1959 aux éditions Marrimpouey. Pus récemment, en octobre 2012, les Éditions Monhélios re-publient le livre savoureux de Louis Le Bondidier, Gastronomie pyrénéiste, La cuisine à 2000 m. L’occasion de passer en revue avec bonne humeur ce qui peut être dégusté lors de courses en montagne.
La défense de la montagne

En 1935, Louis Le Bondidier est membre du Conseil supérieur du Tourisme qui dépend du Ministère des travaux publics. Il y défend la montagne contre les appétits des promoteurs. Ainsi, il obtient la protection et le classement de plusieurs édifices pyrénéens. D’ailleurs, c’est une période pendant laquelle il écrit beaucoup sur la protection de la montagne.
Finalement, Louis Le Bondidier meurt le 9 janvier 1945. Margalida devient Conservatrice du Musée Pyrénéen jusqu’à sa mort en mai 1960. Selon leurs souhaits, ils reposent tous deux à Gavarnie, au turon de la Courade, à côté d’un autre grand pyrénéiste, Franz Schrader.
Le Musée Pyrénéen de Lourdes

Le Musée Pyrénéen est installé au château de Lourdes, situé sur un promontoire au centre de la ville. La légende veut que Charlemagne ait assiégé le château en 778. Alors qu’il était sur le point de tomber, un aigle se saisit d’une truite dans le Gave et la fit tomber aux pieds de Charlemagne qui, croyant que les occupants du château avaient suffisamment de nourriture, leva le siège. L’aigle pêcheur et son poisson figurent aujourd’hui sur le blason de Lourdes.

Le château de Lourdes est la résidence des comtes de Bigorre. Il devient une prison au XVIIe siècle puis est abandonné au début du XXe siècle.
Devenu musée grâce au couple Le Bondidier, on y trouve des objets liés aux activités pastorales, à l’agriculture et à la vie quotidienne des Pyrénées. Le musée présente aussi du mobilier baroque pyrénéen et une collection de faïences de Samadet.
Le fonds d’archives du musée pyrénéen

Le fonds d’archives regroupe les fonds de pyrénéistes connus comme Ramond de Carbonnières, le général de Nansouty ou Henry Russell. Il comprend plus de 6200 estampes sur les Pyrénées, 130 peintures, 127 dessins et aquarelles, des photographies dont celles réalisées par Louis et Marguerite Le Bondidier entre 1921 et 1960, des cartes depuis le XVIe siècle. Il comprend enfin les bibliothèques de Ramond de Carbonnières, le fonds en occitan qui rassemble presque tout ce qui a été rédigé en gascon de la Renaissance à 1854, ainsi que plusieurs ouvrages de Félibres de 1854 à 1938. Enfin, il présente une impressionnante collection de revues consacrées à la montagne.

La richesse du musée et celle de la bibliothèque méritent une visite, d’autant que le château de Lourdes travaille sur la mise en place d’une signalisation en plusieurs langues régionales, dont, bien sûr, l’occitan.
L’Association des Amis du Musée Pyrénéen publie la revue Pyrénées qui est l’organe officiel du Mont Perdu patrimoine Mondial, des Amis du parc National des Pyrénées et de la Fédération des accompagnateurs en montagne pyrénéenne.

La revue Pyrénées est l’héritière de la Revue des excursionnistes du Béarn créée à Pau en 1896. En 1897, elle devient Le Bulletin Pyrénéen. Louis Le Bondidier prend en charge la revue et l’installe au château de Lourdes. En 1950, elle prend le nom de Pyrénées.
Serge Clos-Versaille
écrit en orthographe nouvelle
Références
Wikipédia,
Biographie Louis Le Bondidier, Revue des Pyrénées
Bulletin Pyrénées
Musée pyrénéen de Lourdes
Collection de photos Labouche du concours de ski de Payolle (2 février 1908)