Armand Fallières

Armand Fallières en visite à Villeneuve sur Lot
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Armand Fallières (1841-1931) est un Gascon originaire du Lot et Garonne. Il est le seul Gascon devenu Président de la République française, de 1906 à 1913.

Une carrière de notable de province qui entre au Gouvernement

Armand Fallières (1841 - 1931) alors parlementaire
Armand Fallières alors parlementaire (1876-1899)

Armand Fallières nait le 6 novembre 1841 à Mézin dans le Lot-et-Garonne. Son grand-père est forgeron, son père est géomètre-arpenteur. Après le collège à Mezin, son père l’envoie à Angoulême pour perdre son accent gascon. Il n’y arrivera pas. Puis, il fait des études de droit à Toulouse et à Paris et devient avocat à Mézin en 1867. En particulier, il défend un groupe de jeunes gens qui ont chanté La Marseillaise au passage d’une procession.

En 1868, il épouse Jeanne Bresson avec qui il a une fille Anne-Marie et un fils André qui suivra la carrière son père. André sera chef de cabinet de son père au Sénat de 1899 à 1906, puis conseiller à l’Elysée de 1906 à 1913) Puis, il deviendra ministre du travail de 1926 à 1928 dans le cabinet de Raymond Poincaré.

Madame Fallières en 1908
Madame Fallières en 1908

Attiré par la politique, Armand Fallières entre au conseil municipal de Nérac en 1868 et en devient maire en 1871. Alors, il rétablit l’école primaire supérieure à Nérac et instaure la gratuité des cours. Puis, il entre au Conseil général du Lot et Garonne et en devient Président en 1874. Il est à l’origine de la construction de la voie ferrée Nérac-Mézin-Mont de Marsan pour désenclaver le Lot et Garonne. Il devient Député en 1876.

 

Armand Fallières entre au Gouvernement

Armand Fallières alors Président du Sénat
Armand Fallières alors Président du Sénat (1899-1906)

Le Gascon monte à Paris. Il est Secrétaire d’État à l’Intérieur (1880-1881), Ministre de l’Intérieur (6 mois en 1882), Président du Conseil (2 mois en 1883), puis successivement Ministre de l’Intérieur (6 mois en 1887), de la Justice (1887-1888), de l’Instruction publique (1889-1890) et de la Justice (18830-1892). C’est « la valse des portefeuilles » !

Il est le promoteur de la loi de réconciliation nationale de 1881 qui réhabilite les insurgés du coup d’état de 1851. Dans l’arrondissement de Nérac, 205 pensions sont accordées.

En 1892, Armand Fallières devient Sénateur du Lot et Garonne. Puis, il est élu Président du Sénat en 1899 en remplacement d’Emile Loubet élu Président de la République. Il préside la Haute Cour de Justice qui juge les coupables d’une tentative de coup d’État lors des obsèques du Président Félix Faure.

Mais la droite nationaliste s’agite. Pendant huit jours, Paris connait des manifestations et des heurts avec la police. On s’attend à un coup de force sur l’Elysée. Le 23 février, lors des obsèques, Paul Déroulède tente d‘entrainer dans cette tentative de coup d’état le général Roget qui rentre avec sa troupe à la caserne de Reuilly. Le coup d’état échoue et Paul Déroulède est jugé devant la haute Cour de Justice. Il est acquitté.

Armand Fallières est élu Président de la République

Armand Fallières élu président de la Répblique en 1906 (carte postale)
Armand Fallières élu président de la République en 1906 (carte postale)

Le 17 janvier 1906, Armand Fallières succède à Emile Loubet en tant que Président de la République. Notons qu’il lui avait déjà succédé en tant que Président du Sénat.

Sous la IIIe République, le Président de la République n’a pas de rôle politique influent. Toutefois, Armand Fallières veut rapprocher la fonction présidentielle des Français. D’ailleurs, il devient très populaire et on le surnomme « le père Fallières ».

Il voyage beaucoup en province. Pour cela, il remplace les calèches officielles par les automobiles. Son premier voyage officiel est pour sa terre natale : la Gascogne (Agen, Allemans du Dropt, Marmande, Villeneuve sur Lot). Les photos de ce voyage sont à disposition sur le site des Archives départementales du Lot et Garonne.

Les actions d’Armand Fallières
Narbonne, charge de la cavalerie sur les viticulteurs les 19 et 20 juin 1907
Narbonne, charge de la cavalerie sur les viticulteurs les 19 et 20 juin 1907

Armand Fallières est contre la peine de mort et gracie les condamnés. En 1908, la Chambre des députés examine un projet de loi d’abolition de la peine de mort. Mais, le projet de loi n’obtient pas de majorité.

De nombreuses réformes marquent la présidence d’Armand Fallières dont la création de l’impôt sur le revenu en 1907 en remplacement des contributions directes. La même année, Georges Clémenceau, alors président du Conseil,  fait face à de nombreuses grèves et réprime la révolte des vignerons du Midi. Armand Fallières définit en 1909 les trois zones de production de l’Armagnac (Bas-Armagnac, Haut-Armagnac, Ténarèze).

Les relations internationales se tendent. Face à la Triple Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie), Armand Fallières voyage beaucoup en Europe pour renforcer la Triple Entente (France, Russie, Royaume-Uni).

Le Château de Loupillon
Le Château de Loupillon à Villeneuve de Mézin (Lot-et-Garonne)

Le mandat de Président de la République d’Armand Fallières se termine en 1913. Il ne se représente pas en disant : « la place n’est pas mauvaise, mais il n’y a pas d’avancement ». Et il se retire dans sa propriété de Loupillon, près de Mézin. Pendant la guerre, il la transforme en hôpital et il y meurt le 22 juin 1931.

 

Un Président caricaturé

Fallières (Petit Parisien illustré, 1909)
Agression contre Fallières (Petit Parisien illustré, 1909)

La mode est à la caricature politique. Parfois féroce. Armand Fallières est sans doute une cible de choix.

Il faut dire que dès son arrivée à la présidence, il a mis fin à l’affaire Dreyfus. Ses ennemis sont nombreux. Son embonpoint et sa bonhommie s’y prêtent. Ne parlons pas de son accent !

Lors d’une promenade sur les Champs-Elysées, Jean Mattis, garçon de café et membre de l’Action Française, se jette sur Armand Fallières et lui tire la barbe. Il explique son geste à la police : « Je suis Jean Mattis, 34 ans, garçon de café. Je suis très content de ce que j’ai fait ; je voulais donner une leçon au chef de l’Etat qui se moque du monde. Je suis inspiré par Dieu et mon geste est destiné à dénoncer ses alliances scandaleuses avec les Francs-Maçons ».

Toute la presse s’en émeut. Les ambassadeurs font part de leur soutien à Armand Fallières. L’ambassadeur allemand s’indigne de l’attentat et envoie un message de sympathie très appuyé qui fait dire au chef de cabinet d’Armand Fallières : « Encore une agression comme cela et ils sont capables de nous rendre l’Alsace et la Lorraine, rien que pour nous consoler ! ».

M. Fallières déménage !
M. Fallières déménage !

Le mouvement de l’Action Française vend même un jouet articulé. Par un ingénieux jeu de ficelles, on peut tirer la barbe d’Armand Fallières. Le jouet est interdit à la vente et les revendeurs sont inculpés d’outrage à un magistrat de l’ordre administratif. En tout cas, l’affaire est suffisamment prise au sérieux pour que soit renforcée la protection des ministres et la garde doublée aux Assemblées.

Serge Clos-Versaille

écrit en orthographe nouvelle

Références

Wikipédia
Archives du Lot et Garonne : Armand Fallières
Abolition de la peine de mort. Le débat de 1908 à la Chambre des députés
Armand Fallières: 1841-1931 : de Mézin à l’Elysée, documents réunis et présentés par S. Baumont, S. Caillaouze et P. Polivka,  Service éducatif des Archives départementales de Lot-et-Garonne, 1986

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