Théophile de Bordeu le précurseur
Théophile de Bordeu (XVIIIe siècle), originaire de la vallée d’Ossau, est un médecin novateur et un précurseur. Persévérant, grand travailleur, il impose ses idées dans un milieu hostile.
Théophile de Bordeu choisit médecine
Bordeu nait le à Izeste (vallée d’Ossau). Son père, est Antoine de Bordeu, médecin, sa mère Anne de Touya de Jurques. Pour fêter sa naissance, Antoine plante un hêtre.
Théophile fait ses études à Lescar, chez les Barnabites, puis part à Montpellier apprendre la médecine. Montpellier est alors le centre le plus réputé sur cette discipline. On y avait effectué la première transfusion de sang, créé la chimiothérapie, etc.
Théophile est un jeune homme sérieux et travailleur. Il écrit : « Je ne sors que pour dîner, aller à l’anatomie, à l’université, point de mail, point de vin, point de filles. » Une image à modérer car il fait de nombreuses dettes et se moque des remontrances de son père.
En tous cas, il est extrêmement doué. Il écrit avec son cousin un ouvrage d’anatomie descriptive novateur, Chylificationis historia. En 1743, il présente une thèse de baccalauréat tellement brillante qu’il est dispensé des épreuves préliminaires de la licence et est nommé docteur quatre mois plus tard. Il a 21 ans.
Théophile peine à trouver un premier emploi
Théophile de Bordeu aimerait s’installer à Pau, mais il faut soit être docteur de la faculté de Paris, soit se faire agréger au corps de médecins. Tentant la deuxième solution, il déchante vite et écrit : Pau est une ville exigeante; elle exige autant de soins, autant de courbettes que toute autre grande place et le tout sans profit; on n’y peut ni penser, ni faire, ni dire ce qu’on veut.
Alors, il repart à Montpellier faire un stage (aujourd’hui on parlerait d’internat), ouvre un cours d’anatomie avec travaux pratiques. Mais il veut plus. Il publie alors Lettres sur les Eaux minérales du Béarn, adressées à Madame de Sorbério. C’est un ouvrage sur la médecine thermale qui lui vaudra un grand succès. Peut-être pas tout à fait mérité car les spécialistes détecteront que l’œuvre a été écrite majoritairement par son père, Antoine !
En tous cas, cela lui permet de viser Paris. Là, il suit les cours du chimiste réputé, Guillaume-François Rouelle et de l’anatomiste Jean-Louis Petit. Son parent, Daniel Médalon, médecin de l’infirmerie royale, lui fait faire un stage d’observation à l’Infirmerie royale de Versailles, entre mai 1748 et juillet 1749. Notre jeune homme se fait remarquer en soignant le duc et la duchesse de Biron et en les envoyant à son père pour une cure.
Bordeu, protégé du Roi
Aussi, jouant de sa récente influence, Bordeu fait nommer son père, dès 1748, inspecteur des eaux de Barèges. Puis, le 5 avril 1749, Louis XV le nomme régent d’anatomie pour la ville de Pau « pour y faire des leçons et expériences publiques, et lui permet de prendre à l’Hôtel-Dieu de ladite ville tous les cadavres dont il aura besoin pour ses démonstrations et préparations, aussi bien que ceux des criminels exécutés. »
Théophile de Bordeu perturbe ses collègues
Bordeu décide une bonne fois de s’installer à Paris. En 1752, il publie le livre qu’il a préparé à Pau : Recherches anatomiques sur la position des glandes et sur leur action. C’est un énorme succès. Dans la foulée, Il publie deux thèses pour obtenir le grade de Docteur-Régent de la Faculté de Paris. Encore une fois, son succès lui attire des difficultés avec ses confrères de la Faculté. Il déclare que c’est une pétaudière où je ne mettrai jamais les pieds si je puis.
La disgrâce
Si les idées de Bordeu seront confirmées dans le futur, elles sont trop novatrices pour l’époque et heurtent ses collègues. En particulier, en 1756, Bordeu publie un ouvrage qui provoquera de violents débats : Recherches sur le pouls. De plus, il est le médecin le plus couru de Paris, ce qui éveille des jalousies.
Effectivement, trois ans plus tard, il est enfin lavé de cette accusation mensongère.
Le devant de la scène
La notoriété de Bordeu est, finalement, grandie. Diderot le consulte, comme tous les Encyclopédistes. et il en fait un personnage littéraire. Bourdeu accouche la duchesse de Bourbon du futur duc d’Enghien. Il est appelé au chevet du roi Louis XV à cause de sa grande expérience sur la variole. Mais il ne pourra qu’écrire les bulletins de santé de ses derniers jours.
Paris lui pue au nez, écrit-il. L’été suivant, il prend les eaux à Bagnères sans résultat notable. Il meurt dans la nuit du 23 au 24 décembre 1776. Il a 54 ans. Son domestique le trouve couché sur le côté gauche, appuyant la tête avec la main gauche ; il avait la main droite placée sur son cœur.
Références
Théophile de Bordeu, Docteur Lucien Cornet, 1922, Bibliothèque de l’Escòla Gaston Febus
Theophile de Bordeu, un homme d’esprit, de connaissances éclectiques et sachant séduire, Histoire des sciences médicales, tome LXI n°3, Jean-Jacques Ferrandis et Jean-Louis Plessis, 2007.
Nouveau recueil d’ostéologie et de myologie dessiné d’après nature par Jacques Gamelin de Carcassonne… divisé en deux parties (1779)
Recherches sur les eaux minérales des Pyrénées, par M. Théophile de Bordeu