Les vicomtes de Béarn sont rois de Navarre depuis 1479. La partie sud de ce petit royaume est annexé par la Castille en 1512 et son roi Henri d’Albret (Henri II de Navarre) ne pourra jamais le reconquérir. Il modernise le Béarn tandis que sa femme, Marguerite de Navarre, la « Marguerite des Marguerites », protège écrivains et poètes, et écrit de nombreuses pièces.
Le royaume de Navarre, fondé en 824, est constitué de la Haute Navarre au sud des Pyrénées (partie la plus importante) et de la Basse Navarre au nord des Pyrénées.
Henri d’Albret hérite du royaume de Navarre

François-Febus est roi de Navarre de 1479 à 1483. Sa sœur Catherine lui succède et épouse Jean d’Albret en 1484.
Le royaume de Navarre est envahi par la Castille en 1512 et ses souverains se réfugient à Pau. Le roi Louis XII de France envoie une armée conduite par Jean d’Albret et le futur François 1er. Elle assiège Pampelune mais rebrousse chemin à l’arrivée des Castillans.

En 1516, Jean d’Albret obtient l’accord des États de Béarn pour lever 3 000 hommes qui attaquent Saint Jean Pied de Port sans pouvoir jamais prendre d’assaut la citadelle gardée par les Espagnols. Une troupe se dirige vers Pampelune mais est prise à revers et faite prisonnière. Jean d’Albret doit évacuer Saint Jean Pied de Port. C’est le second échec.
Jean d’Albret meurt en 1516 et Catherine en 1517. Leur fils Henri d’Albret devient roi de Navarre à 14 ans. Il reprend le dessein de son père de reconquérir son royaume.
Henri d’Albret échoue à reconquérir la Navarre

Pour se venger de son échec à l’élection au Saint Empire romain germanique, François 1er envoie 12 000 hommes reconquérir la Navarre sous les ordres du sire de Lesparre. Henri d’Albret est à Pau à la tête d’une armée béarnaise et attend le signal pour intervenir. Les Français entrent dans Pampelune le 19 mai 1521. C’est au cours de l’attaque que sera blessé Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus. Lesparre renvoie 6 000 Gascons, pour faire des économies, et attaque Logroño en Castille. Il est battu à Noain le 30 juin. Henri d’Albret est toujours en Béarn et n’est pas intervenu. C’est le troisième échec.
En septembre, François 1er envoie une autre armée qui se contente de prendre Fontarabie. C’est le quatrième échec. Henri d’Albret transforme la Basse Navarre en royaume en 1522 et convoque les États généraux. En 1523, il crée une chancellerie et une cour souveraine de justice qu’il installe à Saint-Palais.
En représailles, les Espagnols dirigés par le duc d’Albe reprennent Fontarabie en septembre 1523, assiègent Bayonne sans succès, occupent la Basse Navarre, brulent le château de Bidache, ravagent la Soule et Mauléon, prennent Sauveterre et Navarrenx et repartent après avoir pillé Saint Jean de Luz et Hendaye. Charles V évacue la Basse Navarre en 1530 qui lui coute trop cher.
Henri et Marguerite

La Haute Navarre est définitivement perdue. Henri d’Albret est fait prisonnier à la bataille de Pavie en 1523, s’évade en 1525 et épouse en janvier 1527 Marguerite d’Angoulême, la sœur de François 1er, celle qui deviendra Marguerite de Navarre.

Les noces ont lieu à Saint Germain en Laye, le 24 janvier 1527. En octobre, les deux époux font un séjour de trois mois à Pau et à Nérac. Le 16 janvier 1528 nait Jeanne d’Albret. La mère de Henri III de Navarre (Henri IV de France).
Henri d’Albret fait transformer le château de Pau pour l’agrément de Marguerite de Navarre. L’influence de Fontainebleau n’est pas absente dans la décoration, ce qui lui valut le surnom de François 1er du Béarn.

De 1529 à 1535 il aménage la terrasse sud, ouvre de larges fenêtres et construit l’escalier monumental. Mais Marguerite préfère Nérac où elle séjourne deux ans. Elle revient à Pau en 1547, à l’aller et au retour des bains de Cauterets.
Henri de Navarre modernise le Béarn

Henri d’Albret remplace la Cort Major par un conseil souverain ou Conselh ordinary qui juge les affaires en dernière instance. Il sépare la justice criminelle de la justice civile et publie en 1547 le Styl de justicy. En 1551, il publie le Fors et costumes de Bearn qui est l’aboutissement de l’unification des Fors de Morlaàs et de ceux d’Aspe, d’Ossau et de Barétous.
En matière financière, il crée les chambres des comptes de Pau et de Nérac. Il améliore le titre de la monnaie béarnaise pour obtenir la parité avec la monnaie française favorisant ainsi le commerce. Il crée un atelier monétaire dans la tour de la monnaie de Pau en 1554.
En matière militaire, il fait fortifier Navarrenx par un ingénieur italien à partir de 1542 et crée six parsans militaires qui lui permettent de mobiliser 6 000 hommes en 24 heures.

L’époque d’Henri d’Albret est prospère en Béarn. La population augmente. L’agriculture et le commerce sont florissants. On construit de nombreuses églises et des bâtiments civils comme la Maison carrée de Nay. L’exploitation des mines et la création de fonderies sont encouragées. Des manufactures textiles sont installées à Nay et à Oloron.
La Marguerite des Marguerites

Marguerite de Navarre se passionne pour les arts et la poésie, mais aussi pour les idées nouvelles en matière de religion. Elle connait le latin, l’hébreu et l’italien. On la surnomme « la dixième muse de son pays ». À Nérac, elle donne refuge à Jacques Lefevre d’Etaples, évêque de Meaux, et à d’autres personnages qui feront de la ville un important foyer d’humanisme.

Elle rédige son oeuvre la plus connue l’Heptaméron en 1559, recueil inachevé de 72 contes galants, la plupart écrits à Cauterets. Ils mettent en scène dix personnages qui, tour à tour, racontent une histoire. On y trouve, Hircan (son mari), Parlamente (Marguerite), Dagoucin (l’évêque de Sées), etc. Après chaque histoire, une discussion s’engage entre les dix personnages.

En 1547, elle écrit un recueil de poèmes sous le nom de Marguerites de la Marguerite des princesses publié à Lyon en 1547. Albert le Franc, historien de la littérature, publiera d’autres poèmes sous le titre Les dernières poésies de Marguerite de Navarre. Elle s’intéresse aussi au théâtre et écrit des pastorales.
Après la mort de François 1er, elle se retire au château d’Odos en Bigorre et y meurt le 21 décembre 1549. Henri d’Albret meurt à Hagetmau le 25 mai 1555.
Serge Clos-Versailles
écrit en nouvelle orthographe
Références
Lorsque les seigneurs de Béarn régnaient sur la Navarre, Denis LABAU, éditions COVEDI, Pau, 1994
Histoire des d’Albret et des rois de Navarre, Michel Levasseur, éditions Atlantica, 2006
Poésies de Marguerite de Navarre