La chute de la monarchie et l’exécution de Louis XVI marquent le début d’une période d’insurrections. La contestation apparait dès 1791 en Toulousain. La crise fédéraliste de 1793 touche ensuite Bordeaux. Enfin, la Gascogne se soulève en 1799, an VII de la République.
La crise fédéraliste de 1793

Girondins et Montagnards s’affrontent à Paris. Robespierre met en accusation les 29 députés Girondins de la Convention. Certains s’enfuient pour rejoindre les départements qui protestent et forment des bataillons pour s’opposer à Paris.
Alors, soixante départements se soulèvent. Et l’insurrection touche la Normandie, la Bretagne, la Franche-Comté, la région lyonnaise et le Midi. En Gascogne, Bordeaux soutient les fédéralistes qui réclament la décentralisation des pouvoirs. Pour se renforcer, Bordeaux approche Toulouse qui refuse de rejoindre le mouvement. Ainsi, la jonction des Toulonnais et des Marseillais avec les Bordelais ne peut plus se faire.

L’armée républicaine repousse l’armée des Girondins de Bordeaux à Montauban. En juillet, les bataillons fédéralistes de l’Orléanais marchent sur Paris et les Gardes nationaux les arrêtent. Alors, les bataillons envoyés par Bordeaux rebroussent chemin. Ainsi, l’échec des départements fédéralistes en Vendée et dans le Midi, isole Bordeaux. Puis, le général Brune reprend la ville en octobre.
Immédiatement, les républicains répriment vivement les insurrections fédéralistes. La Terreur et le pouvoir central en sortent renforcés. La volonté décentralisatrice de la Constitution de 1792 ne peut plus s’exprimer.
Le soulèvement de 1799

La situation se tend. D’une part, la politique antireligieuse des républicains mécontente les campagnes. D’autre part, la situation aux frontières entraine l’emprunt forcé de 100 Millions et le vote de la loi Jourdan qui institue un service militaire obligatoire. Alors, les réfractaires s’organisent en maquis, menés par le comte de Paulo, royaliste toulousain. Des fonctionnaires zélés et des arbres de la liberté sont la cible des premières actions.
Les insurrections se développent localement dans toute la Gascogne. Des attroupements armés ont lieu à Saint-Gaudens contre la perception des impôts. À Labarthe-de-Rivière, on s’oppose à l’enrôlement des conscrits. À Molas (canton de L’Isle en Dodon), on brule la maison et les récoltes d’un républicain. Des bandes armées parcourent le pays et s’évanouissent à l’arrivée de soldats.
À Dax, on découvre 177 sabres cachés dans l’Adour. On soupçonne une conspiration destinée à livrer la ville de Bayonne aux armées espagnoles. À Pau, on s’avise que les royalistes se préparent à remplacer la municipalité. Le commissaire du Directoire de Pau écrit au ministre de l’intérieur : On dit hautement que dans peu nous aurons un roi et que le massacre des républicains, fixé d’abord à la Saint-Jean, est définitivement renvoyé à la Saint-Barthélemy. Cette date nous dit ce que nous pouvons attendre.
La garnison de Bordeaux est renforcée. Les troubles du 5 aout font 3 morts. Puis, le calme revient. Et l’insurrection d’Agen échoue aussi.
L’insurrection générale

Pourtant, l’insurrection générale éclate dans la nuit du 5 au 6 aout autour de Toulouse, dans l’est du Gers et le canton d’Auvillar. Elle touche également l’Ariège, l’Aude et le Tarn. Les insurgés renversent les municipalités. Ils pillent les maisons des républicains.
Les royalistes prennent Muret, Carbonne et Saint-Lys. Cependant, le Mas-d’Azil, Daumazan, Sainte-Croix-Volvestre, Montesquieu-Volvestre et Rieux se regroupent et organisent un détachement armé pour résister aux royalistes. Mais cela n’empêche pas la prise de Rieux.
Dans le Gers, les cantons de Lombez, Samatan, l’Isle-en-Jourdain, Gimont, Cologne, Mauvezin, Montfort, Saint-Clar, Verdun sur-Garonne et de Saint-Nicolas-de-la-Grave se soulèvent (le Tarn et Garonne n’existe pas encore). Les royalistes d’Auvillar sont à la manœuvre.
Dans la nuit du 7 aout, 6 000 hommes se présentent sous les murs de Toulouse dans l’espoir de récupérer des armes à l’arsenal. Mais les royalistes ne peuvent y pénétrer. Alors, ils se postent sur la colline de Pech-David.

La répression des insurrections royalistes s’organise
Dès qu’il apprend la nouvelle de l’insurrection, le département du Tarn envoie des soldats qui prennent Caraman. Ainsi, l’insurrection ne peut plus s’étendre vers l’est de Toulouse.
Puis, les soldats républicains délogent les royalistes installés à Pech-David après deux jours de combat. Ils reprennent Colomiers. Et ils se dirigent vers l’Isle Jourdain, Lombez, Samatan et Gimont. Le 7 aout, une colonne royaliste qui se dirige sur Gimont est arrêtée.

Le Lot et le Lot et Garonne envoient des détachements qui reprennent Saint Nicolas de la Grave, Auvillar, Verdun sur Garonne, Beaumont de Lomagne, Cologne, Monfort, Mauvezin et Saint-Clar. Les troupes royalistes du Gers sont cernées de toute part. Le 19 août, elles subissent une défaite au château de Terride. Les pertes sont terribles. Le général Aubugeois qui commande les républicains dit : « Je fais comme les fondeurs de Bourges, je chôme faute de matières, les insurgés ayant complètement disparu ».
Les forces royalistes sont désormais coupées en deux. Celles qui occupent le Volvestre et le sud de Toulouse n’ont d’autre solution que de se replier sur Saint-Gaudens. Elles abandonnent Muret.
La fin des insurrections royalistes en Gascogne
Le 12 aout, entre Cazères et Carbonne, au château de la Terrasse, les royalistes battent les républicains qui s’enfuient verts Martres et Saint-Martory. Ils prennent la ville le 14 aout. Puis, le 15, les royalistes quittent Saint-Gaudens et se dirigent vers Montréjeau, talonnés par les troupes républicaines. À Montréjeau, une colonne venue de Lannemezan coupe la retraite. C’est la bataille du 20 aout.
Après un duel d’artillerie, des escarmouches ont lieu un peu partout. Le centre-ville est pris. La cavalerie royaliste avec le comte de Paulo s’enfuie vers Saint Bertrand de Comminges, Luchon, Saint-Béat et l’Espagne. C’est alors un sauve qui peut général. Les royalistes tentent de passer la Garonne et ils se font massacrer. En conséquence, l’armée royaliste, mal commandée et mal équipée, s’évapore.

Le général Commes fait son rapport : L’armée des brigands royaux a été détruite hier par les colonnes républicaines à Montréjeau. Mille rebelles tués, trois–cents noyés dans la Garonne, douze–cents prisonniers, sept pièces d’artillerie et deux drapeaux ont été le fruit de cette journée. Quatre ou cinq–cents rebelles, qui ont échappé, vont se réunir à Saint-Béat ou à Bagnères-de-Luchon. Je suis à leur poursuite. Dans trois jours ils seront tous exterminés ou ils auront évacué le sol de la République…
On organise des battues pour retrouver des insurgés. L’armée arrête les déserteurs et les prêtres réfractaires.
Dans les environs de Bassoues, Marciac et Ladevèze, les hommes fouillent les bois tandis que les femmes armées de broches de cuisine assurent la défense des villes. On arrête cinq hommes.
Le calme revient avec le coup d’Etat du 18 Brumaire par le général Bonaparte. Et les insurgés sont amnistiés.
Serge Clos-Versaille
écrit en orthographe nouvelle
Références
Bataille de Montréjeau – Wikipédia.
Histoire de l’insurrection royaliste de l’an VII : d’après les documents officiels existant dans les archives des départements insurgés et dans celles du ministère de la guerre par B. Lavigne, 1887