Oiseau, ausèth, d’où vient ton nom?
Une suite à l’article Oiseaux du pays… Ausèths deu país
Après la parution la semaine dernière de l’article Oiseaux du pays… Ausèths deu país, Francis Beigbeder, l’auteur du livre dont nous nous sommes inspirés, a réagi en nous envoyant un de ses articles, passionnant, Les noms d’oiseaux en gascon, traces de mythologie. Merci à lui. En voici quelques éléments, piochés çà et là, pour mieux connaitre nos ausèths.
Adam a nommé tous les animaux de la terre et tous les oiseaux du ciel
Dieu a confié ce travail à Adam. Et cela a suscité des débats ! Dans le De vulgari eloquentia, Dante se demande comment Adam a parlé quand Dieu a amené les bêtes devant lui. Sur quelle base a-t-il nommé les animaux ? En donnant des noms qui convenaient à leur nature ? Des noms ad placitum, arbitraires ? Et bon sang, dans quelle langue ? Un débat qui durera assez longtemps et qui fait écho d’ailleurs aux préoccupations de Platon dans son Cratyle sur la question de la rectitude des noms.
Le Gascon a dû refaire le travail d’Adam
C’est sûr, Adam ne parlait pas gascon, nos ancêtres ont dû refaire le travail ! Francis Beigbeder nous renvoie à Pleitejat deus elements / L’aire, Lou Trimfe de la lengouo Gascouo de Jean Géraud d’Astros, 1642 et Lo concert deus ausèths de Géraut Bedot, 1642. Sans tout dévoiler, voici quelques exemples de noms d’ausèths.
Des noms d’ausèths pleins d’imagination
Grosso modo, les dénominations gasconnes sont liées à leur apparence physique ou à leur comportement. Bien sûr, nos ausèths peuvent avoir plusieurs noms. Cependant, on distingue rarement le sexe, même si lo perdic et la perdigau sont Monsieur et Madame perdrix.
Les noms peuvent faire référence à des personnages comme Jacon, hibou ou Joan de las cerisas, geai, à des costumes comme curè, macreuse ou Lueisha, linotte (qui semble effectivement avoir des lunettes), à des métiers comme la debassaira.
Les Gascons se réfèrent aussi à des êtres légendaires. Ainsi, Francis Beigbeder nous apprend que le rouge-gorge aurait tenté de décrocher les clous des mains du Christ, rougissant ainsi son poitrail d’où son nom pit-arroi (poitrail rouge) ou son titre de roi rei-pinçan. De même, Lo rei-Artús, le chat-huant, rappelle que le roi Arthur fut puni pour avoir quitté un office religieux afin de poursuivre un sanglier :
Lo rei Artús caça a travèrs los aires, e cacerà dinc au jorn deu jutjament. Mès lo praube òme hè pas grana presa. Gaha pas qu’ua mosca cada sèt ans. [Le roi Arthur chasse à travers les aires, et chassera jusqu’au jour du jugement dernier. Mais le pauvre homme ne fait pas grande prise. Il n’attrape qu’une mouche tous les sept ans.]
Et, plusieurs de nos ausèths portent des noms dérivés de Maria. Est-ce en lien avec le génie de la montagne basque, Mari ?
Tot aquò, es de bòn! Pourtant, les quinze pages du naturaliste vous en apprendront bien plus. Vous êtes curieux ? Allez voir !
Anne-Pierre Darrées
écrit en orthographe nouvelle