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Le commissaire Magret prend un Bèth peu de sau

Le commissaire Magret revient avec un troisième volume : Bèth peu de sau, Beaux cheveux couleur de sel. Ce roman policier, définitivement contemporain, confirme le talent de Jean-Louis Lavit et ravit les lecteurs. Coup de projecteur sur l’ouvrage.

Le commissaire Magret

Comissari Magret, dessin du blog du Comissari Magret

Grâce au site internet Bèth peu de sau, on apprend que ce personnage trottait dans la tête de son auteur depuis la fin des années 70. Un personnage de BD qui ressemblait un peu à un Donald décontracté.

Vous découvrirez sur le site, le projet de BD de l’époque.

Il a finalement vu le jour dans un premier livre, Zocalfar, puis Lo tin tin d’Ergé. Dans ce troisième volume, le commissaire a pris de l’âge, ses cheveux ont blanchi, et un peu de lassitude alanguit le héros.

Le personnage n’est pas sans rappeler Antoine San-Antonio par sa désinvolture, son langage familier (moins argotique) et surtout par le recours à l’humour.

Un auteur bien gascon

Jean-Louis Lavit
Jean-Louis Lavit

Le ton joyeux, léger, gascon, est posé dès le début du livre. Le commissaire, maintenant proche de la retraite, s’autorise quelques jours de vacances dans le nid familial, dans les montagnes pyrénéennes. E òc que m’apèra Ricon, lo prumèr qui se n’arrid que lo hèi escopir las caishilas (Et oui elle [sa mère] m’appelle Ricou, le premier qui en rit je lui fais cracher les incisives) prévient-il.

Les événements, quant à eux, se passent à Pau, toujours dans la region autonòma de Gasconha-Dessús. Contrairement aux deux livres précédents, les événements sont ici tels qu’on peut les attendre dans un policier d’aujourd’hui : corps de femmes démembrées, parchemin historique volé, cambriolage d’engin électronique, disparition d’une inspectrice de police. Mais l’auteur ne fait pas dans le triste ni l’horrible, il garde des surprises, de l’humour, n’oublie pas de manger, ni de boire son célèbre cocktail, lo gasconhaliure (armagnac et coca-cola).

Un style original

Freud, dessin du blog du comissari Magret

Jean-Louis Lavit aime les mots, joue avec, en invente. Parfois on a l’impression que la scène n’est là que pour faire un bon mot, pour rire. On peut parfois penser à Frédéric Dard dans San Antonio, ou, pour certains jeux de mots, à Michel Audiard. En tous les cas, l’auteur a cette verve enthousiasmante qui ouvre un polar à la gasconne.

L’originalité de ce volume est le blog qu’ouvre le commissaire Magret. Ses posts sont les premiers chapitres du roman et vous pouvez les lire dans le livre et aussi réellement sur le blog du commissaire, en sous-menu de la page d’accueil !

Le premier chapitre est intitulé E Freud dins aquò?

« La vòsta carrièra qu’ei estada long… qqhhhh qqhhh (tossit discret)… La vòsta vita qu’ei estad… qqhhh – qu’ei qhmm – la vòsta vita qu’ei complèxa e rica. »
L’aute en fàcia qu’ei autan barrat qu’un muscle a mar ananta. Silenci. Espés. Moscardèr.
« No’m trufi brica. Se non voletz préner nada potinga, ensajatz aquò : l’escritura. Senon, que’vs demorarà la cura d’arrepaus en un espitau psiquia… »
« Votre carrière a été longu… kof kof (toux discrète)… Votre vie a été… kof – est hum – votre vie est complexe et riche. »
L’autre en face est aussi fermé qu’une moule à marée montante. Silence. Épais. Une mouche n’oserait pas voler.
« Je ne me moque pas. Si vous ne voulez pas prendre de médicament, essayez cela : l’écriture. Sinon, il vous restera la cure de repos dans un hôpital psychiatrique… »

En attendant la suite des aventures de Magret – y aura-t-il un quatrième livre? – celui-ci est à offrir à nos jeunes pour leur donner une autre saveur de la lenga nosta !

Références

Vous pouvez visiter le site du Comissari Magret.
ou lire les livres
Zocalfar, Joan-Loís Lavit, 1997, éditions Princi Negre.
Lo Tin-Tin d’Ergé, Joan-Loís Lavit, 2004, Crimis, IEO.
Bèth peu de sau, Joan-Loís Lavit, 2018, letras d’oc.