Après la Garonne, l’Adour est le deuxième fleuve gascon. Dans les textes anciens, on l’appelle la Dour. Son nom nous vient des anciens Aquitains, tout comme les noms de Neste et de Gave, Gau en gascon d’après l’ALF.
Le bassin de l’Adour
L’Adour ou la Dour nait au col du Tourmalet. La rejoignent la Dour de Payolle, la Dour de Gripp et la Dour de Lesponne. Elle perd son caractère de torrent à Tarbes avant de s’étirer dans la plaine sur 307 kilomètres et de se jeter dans l’océan/Lo gran tòs entre Tarnos et Anglet.
Elle salue Riscle, Aire et Grenade et continue son escapade, l’Adour
À Saint-Sever elle s’étire, à Dax elle coule de plaisir, l’Adour
Lorsqu’elle entend chanter le soir la belle dacquoise à l’œil noir, l’Adour
Mais à Port-de-Lanne l’attend le gave de Pau son amant, l’Adour
Jusqu’à Bayonne ils se préparent à vivre la plus belle histoire d’Amour.
Hymne à l’Adour, Edmond Duplan.

Elle draine un bassin versant de 16 912 km² avec un débit moyen de 150 mètres cube par seconde. L’Adour a un régime montagnard, c’est-à-dire que son débit est sensible aux pluies et aux chutes de neige. Ses crues sont terribles et redoutées.
Elle emporte tous les ponts comme celui de Dax en avril 1770. Plus proche de nous, l’inondation de juin 1875 emporte tous les ponts autour de Tarbes, provoque l’inondation de Maubourguet et d’Aire. Celle de février 1952 submerge la plaine entre Aire et Bayonne. Celles de décembre 1981 et de janvier 2014 restent dans les mémoires.
Les travaux sur berges, la construction des autoroutes et l’artificialisation des sols privent l’Adour de ses zones d’expansion naturelle et aggravent les effets des inondations. Depuis quelques années, l’Institution Adour travaille à reboiser les bords de l’Adour et à rétablir ses zones d’expansion naturelle pour atténuer les effets des crues.
Alluvions et barthes de la Dour

Dans la plaine, l’Adour repose sur une couche imperméable. La couche d’alluvions atteint 40 mètres d’épaisseur et constitue une réserve d’eau exploitée pour l’alimentation en eau potable et pour un usage agricole. L’Adour a d’ailleurs donné adurgar en gascon pour irriguer.
L’Adour et la nappe alluviale communiquent. En période de fort débit, l’Adour alimente la nappe alluviale. En période d’étiage, c’est la nappe qui alimente l’Adour. Lors des crues, on peut voir la nappe remonter et inonder les terres.
Entre Saint-Sever et Peyrehorade s’étendent les barthes/bartas de l’Adour sur 12 000 hectares. Ce sont des plaines inondables situées dans le lit majeur du fleuve, c’est à dire le lit du fleuve lors de son plus fort débit.

Les barthes de l’Adour sont constituées de forêts alluviales, de prairies inondables, de roselières et de tourbières. Elles sont exploitées pour l’élevage des troupeaux qui y paissent en liberté. C’est un terrain de chasse. On y coupe le Carex pour la litière du bétail et rempailler les chaises, on récolte le foin dans les prés humides, on ramasse les sangsues pour les vendre aux pharmaciens jusqu’à la fin de leur remboursement par la Sécurité sociale en 1972.
On nous a volé l’embouchure

Dans les temps anciens, l’Adour se jetait dans l’océan à Capbreton. Elle creusa une profonde vallée de 50 Km de long et de 1 500 mètres de profondeur aujourd’hui recouverte par l’océan. C’est le Gouf de Capbreton. Son delta occupait le Marensin.
L’embouchure de l’Adour a plusieurs fois changé de lieu. En 910, l’Adour se jette au Boucau. Il se jette à Capbreton en 1164, et en 1390, il part pour l’actuel Port-d’Albret.

En 1562, le port de Bayonne est en déclin. Le roi Charles IX veut le redynamiser et envoie Louis de Foix (1535-1604) pour conduire les travaux d’une nouvelle embouchure à Bayonne qui sera ouverte en 1878. Les travaux consistent à creuser un chenal à travers les dunes, entre Bayonne et le coude de l’Adour (il forme un coude pour remonter vers son embouchure de Capbreton). Les travaux trainent en longueur et les habitants de Capbreton et du Boucau veulent garder leur embouchure. Le 25 octobre 1578, une violente tempête fait gonfler les eaux de la Nive et par un effet de chasse d’eau, l’Adour ouvre le passage vers l’océan.
L’ancien lit de l’Adour disparait et il ne reste que le lac d’Hossegor. Le Boudigau emprunte une partie de l’ancien lit de l’Adour et se jette à Capbreton.
L’Adour navigable
L’Adour est navigable sur 75 kilomètres. Les ports de Mugron, de Saint-Sever, de Hinx et de Dax alimentent un important trafic de marchandises entre le port de Bayonne et l’intérieur des terres. Le port de Mont de Marsan utilise la Midouze qui rejoint l’Adour près de Tartas.
Les marchandises utilisaient des galupes à fond plat, des tilholes plus petites, le chaland, la gabarre, le courau à fond plat, le batelet plus petit, le couralin. Vins de Chalosse, bois, produits résineux, volailles, grains, pierre de construction arrivent à Bayonne. Poissons salés, sel, épices, étoffes, huiles en reviennent.

Avetz-vos vist los Tilholèrs,
Quant son braves, hardits, leugèrs,
Hasent la passejada cap sus Peirahorada,
En tirant l’aviron,
tot dret au deu patron !
Avez-vous vu les Tiyoliers
Combien ils sont braves, hardis, légers
Faisant la promenade en direction de Peyrehorade
En tirant l’aviron
Tout droit jusque chez le patron !
Extrait de la Chanson des Tilholèrs de Pierre Lesca (1730-1807)
En 1831, les bateaux à vapeur apparaissent sur l’Adour pour un service régulier entre Bayonne et Peyrehorade. Les cheminées passent difficilement sous le pont de Lanne pendant les hautes eaux et le bateau arrive difficilement à dépasser Saubusse.

Le 5 septembre 1854, l’Impératrice Eugénie organise une promenade sur l’Adour à bord du « Ville de Dax » qui remonte jusqu’à Peyrehorade. Le service de transport des voyageurs et des marchandises perdure jusqu’en septembre 1948. La navigation commerciale s’interrompt 1993. Des projets de restaurer la navigation sur l’Adour émergent pour le tourisme et pour les marchandises.
Les pays de l’Adour, une région administrative ?
Les pays de l’Adour constituent une unité géographique. Plusieurs projets de création d’une entité administrative n’ont pas abouti.
En 1972 des établissements publics administratifs sont créées. Le projet d’une région « Pays de l’Adour » n’est pas retenue. En 1982, les régions sont créées et une nouvelle proposition défendue en 1994 par le député Michel Inchauspé n’aboutit pas. Il veut créer une région Pyrénées-Adour, regroupant le pays basque qu’il voulait ériger en département, Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées.
Son idée est de favoriser la coopération transfrontalière avec les provinces espagnoles voisines, à l’exemple de l’Alsace. La région proposée est trop petite et les villes de Toulouse et de Bordeaux ne voulaient pas que leur région soit diminuée.
En 1836, un mémoire est adressé au Roi pour la création d’un département de l’Adour avec Bayonne comme chef-lieu, Dax et Mauléon comme sous-préfectures. L’idée sous-jacente est bien sûr de créer un département basque. En 1945, un projet d’autonomie du pays basque n’aboutit pas, tout comme la proposition de créer un département basque faite par un candidat à la présidentielle de 1981 qui l’oubliera une fois élu. Si la proposition revient régulièrement, elle se concrétisera en partie avec la création de la Communauté d’Agglomération du Pays Basque.
Serge Clos-Versaille
écrit en orthographe nouvelle
Références
Institution Adour
Site Natura 2000 des barthes de l’Adour
Centre culturel du pays d’Orthe
Soi content d’apréner qu’ei La Dour qui passa a Aira . Un mèrci gran tad aquera documentacion de las mei interessantas !