Le pic du Midi de Bigorre

Pic du Midi de Bigorre
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Surplombant le col du Tourmalet, le Pic du Midi de Bigorre atteint 2 876 mètres. Surmonté d’une antenne de TDF (Télédiffusion De France), il est visible de presque toute la Gascogne et sert de repère aux Gascons expatriés qui rentrent chez eux.

Le col du Tourmalet, la porte du pic du Midi de Bigorre

Haut de 2 115 mètres, il est le deuxième col pyrénéen, juste dépassé par le col de Portet (2 215 m). Il permet de relier la vallée de l’Adour à la vallée de Barèges. En effet, la route des gorges de Luz n’est ouverte qu’en 1744.

La route du col du Tourmalet reste longtemps la route thermale pour se rendre à Barèges. D’ailleurs, Napoléon III modernise le chemin en 1864. Alors, Achille Jubinal, député des Hautes-Pyrénées, vante le mérite des routes thermales devant les députés, le 22 juin 1868 : « …. à Tourmalet, ainsi qu’au col de Peyresourde, qui descend par Luchon ; nous passons à 2 000 mètres d’altitude avec des voitures à quatre chevaux, aussi facilement que vous traversez en Daumont la place de la Concorde. Pourquoi donc un chemin de fer ne pénètrerait-il pas là où vont à présent les voitures ? ». Plus tard, une ligne de Tramway, inaugurée en 1914, relie Bagnères de Bigorre à Gripp, au pied du Tourmalet. Mais elle ferme en 1925.

La route du Col du Tourmalet et le Pic du Midi de Bigorre
La route du Col du Tourmalet et le Pic du Midi de Bigorre

Les troupeaux fréquentent le Tourmalet en estive. Vers 1130, des moines s’installent sur son chemin, au lieu de Cabadur. Mais, la vie y est bien difficile. Alors, en 1142, ils vont dans la plaine de l’Arròs et fondent l’abbaye de l’Escaladieu. Toutefois, Cabadur reste une grange de l’abbaye de l’Escaladieu.

L’Ador, le fleuve gascon, nait sur les pentes du Tourmalet. Il est grossi par l’Ador de Palhòla, l’Ador de Cabadur, l’Ador de Gripp, l’Ador de Lespona, l’Ador de la Sèuva et l’Ador de Baudian.

Le col du Tourmalet et le sport

Eugène Christophe à l'arrivée du Tour de France 1912-1
Eugène Christophe à l’arrivée du Tour de France 1912

En 1902, le Touring club de France organise une course cycliste. Le départ et l’arrivée sont à Tarbes et les coureurs franchissent le col du Tourmalet à deux reprises. Ensuite, en 1910, le Tour de France cycliste passe par le col du Tourmalet lors de l’étape entre Luchon et Bayonne. Depuis, il l’empruntera 79 fois, ce qui en fait le col le plus franchi par les coureurs.

Lors du Tour de France de 1913, Eugène Christophe (1885-1970) brise la fourche de son vélo dans la descente du Tourmalet. Il marche 14 km jusqu’à Sainte-Marie de Campan et la répare dans la forge d’Alexandre Torné.

La MongieDe même, les skieurs dévalent les pentes du Tourmalet à partir de 1920. La construction d’un téléski en 1945 lance la station de sports d’hiver de la Mongie, le plus vaste domaine skiable de France. À noter, son nom vient de mongia, lieu de résidence des moines. De plus, la construction du téléphérique reliant la Mongie au Pic du Midi, permet à la station de s’équiper d’un réseau électrique et d’un réseau d’eau potable.

La station météorologique de La Plantade

Gaspard Monge (vers 1800) fit des mesures de pression au Pic du Midi de Bigorre
Gaspard Monge (vers 1800)

L’astronome montpelliérain, François de Plantade (1670-1741), monte sur le Pic du Midi de Bigorre pour étudier la couronne du soleil lors de l’éclipse de 1706. En 1741, il y fait des mesures barométriques et meurt en s’écriant « Ah ! que tout ceci est beau ! ».

Plus tard, en 1774, le chimiste Jean d’Arcet et le mathématicien Gaspard Monge atteignent le sommet pour étudier la pression atmosphérique. Conquis par le site, Jean d’Arcet propose la construction d’un observatoire dont le projet n’aboutira pas par manque de financement et pour cause de Révolution.

Louis Ramond de Carbonnières (en 1823)
Louis Ramond de Carbonnières (en 1823)

Dès la fin du XVIIIe siècle, l’ascension du Pic du Midi de Bigorre est une excursion à la mode. Louis Ramond de Carbonnières (1755-1827), botaniste et géologue, sert de guide à trente-cinq expéditions. En 1792, il écrit « Voyage et observations faites dans les Pyrénées », puis « Mémoire sur l’état de la végétation au sommet du pic du midi de Bagnères ».

En 1860, la société Ramond, première société pyrénéiste fondée en 1864 à l’Hôtel du Cirque de Gavarnie, reprend l’idée de construire un laboratoire au sommet du Pic du Midi.

Charles de Nansouty installa la première station météo au Pic du Midi de Bigorre
Charles de Nansouty

À partir de 1870, le général Charles du Bois Champion de Nansouty et l’ingénieur Célestin-Xavier Vaussenat reprennent ce projet dans lequel ils investissent leur fortune personnelle. La première pierre est posée le 20 juillet 1878.

Lire aussi l’article La tête dans les étoiles

En 1873, De Nansouty et Vaussenat installent une station météorologique, à la Plantade, au sommet du Tourmalet. Or, les conditions de vie sont précaires. Ainsi, en 1874, une tempête détruit les fenêtres, les volets et la porte de la station.

En 1875, les observations météorologiques et nivologiques permet d’anticiper la grande inondation du bassin de la Garonne. L’alerte est portée à pied dans la vallée. Pour communiquer plus rapidement avec la vallée, une station télégraphique est installée en 1877.

Malgré les contraintes techniques et météorologiques, la plate-forme et les premiers locaux sont opérationnels en 1880. Ainsi, des bulletins météos quotidiens sont envoyés aux villages de la vallée. La station de la Plantade est abandonnée en 1881.

L’observatoire du Pic du Midi de Bigorre devient propriété de l’État

Tout cela coute très cher et l’Etat achète l’observatoire en 1882.

En 1907, Benjamin Baillaud installe le premier grand télescope, un des plus grands du monde. Un jardin alpin et une bibliothèque de 1 300 ouvrages complètent le site.

L'observatoire du Pic du midi vers 1930
L’observatoire du Pic du midi vers 1930

Des groupes électrogènes fournissent le courant dès 1911. Et la TSF est installée en 1922. Plus tard, en 1949, il y aura raccordement au réseau électrique. Puis, un téléphérique pour le transport des personnes et du matériel entre en service en 1952. Notons que le projet de funiculaire de 1905 ne verra pas le jour.

Cependant, le ravitaillement se fait en été par des mulets et, en hiver, par des porteurs qui mettent 8 heures pour atteindre l’observatoire.

L’observatoire étudie les planètes, le rayonnement cosmique, l’électricité atmosphérique, la radioactivité dégagée par les sommets enneigés. Il étudie également la botanique, la biologie végétale et les sols.

L’émetteur du Pic du Midi de Bigorre

L'antenne de radiodiffusion de TDF
L’antenne de radiodiffusion de TDF

On installe des antennes de radiodiffusion en 1927.  Puis, on construit un émetteur de télévision en 1957. Et, en suivant, le centre TDF entre 1959 et 1962. Il dispose d’un émetteur de 104 mètres de haut et dessert le sud-ouest de la France.

L’observatoire vieillit. L’Etat envisage sa fermeture en 1998 mais la région Midi-Pyrénées se mobilise et engage la modernisation des installations techniques. Le nouveau site accessible au public ouvre en mai 2000. Les droits d’entrée assurent une part du fonctionnement du site.

 

La Réserve Internationale de Ciel Etoilé

Grâce à son emplacement exceptionnel, le Pic du Midi reste un des plus grands observatoires mondiaux. Mais la lumière artificielle de l’éclairage public des communes rend les observations du ciel de plus en plus difficiles.

Les télescopes du Pic du Midi de Bigorre
Les télescopes du Pic du Midi de Bigorre

En 2009, une association d’astronomes du Pic du Midi lance l’idée d’une Réserve de Ciel Etoilé. Aidée par le Syndicat Mixte pour la Valorisation Touristique du Pic du Midi, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et d’autres partenaires, le projet se concrétise en 2013. La Réserve est gérée par le Pic du Midi, le Parc National des Pyrénées et le Syndicat Départemental de l’Energie des Hautes-Pyrénées.

La Réserve comprend deux zones. Le « cœur » de la réserve qui couvre 600 km² s’appuie sur des espaces protégées inhabités tels que le Parc national des Pyrénées, la réserve du Néouvielle et la réserve d’Aulon. La « zone tampon » comprend 251 communes qui s’engagent à limiter ou supprimer la pollution due à l’éclairage public.

La pollution lumineuse perturbe la biodiversité (cycles de reproduction, migrations, …). Elle représente un gaspillage énergétique considérable. Il représente 94 KWh par habitant en 2007 (43 KWh seulement en Allemagne). Les communes consacrent en moyenne 20 % de leur budget pour l’éclairage public qui nécessite la production de deux réacteurs nucléaires.

Le projet de Loi portant engagement national pour l’environnement prévoie de modifier le Code de l’environnement pour lutter contre la pollution lumineuse et le gaspillage qu’elle engendre.

La Voie Lactée au-dessus des Pyrénées
La Voie Lactée au-dessus des Pyrénées

Serge Clos-Versaille

écrit en orthographe nouvelle

Références

Le site internet de l’observatoire
La Réserve Internationale de Ciel Etoilé

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