Le cinéma en langue de chez nous concerne principalement le genre documentaire. Il a aussi produit quelques autres films. Un genre à développer pour les générations à venir ?
Le cinéma documentaire

Cherchant à conserver la mémoire de notre culture, les productions audiovisuelles sont surtout le cinéma documentaire. Dans ce genre, on peut citer les films du Girondin Patric La Vau. Depuis 2005, il est un réalisateur remarqué de films en lenga nosta. Il s’agit souvent des souvenirs d’une personne qui parle quotidiennement notre langue. Par exemple, parmi ses premières productions, Gemèir de Gasconha [Raymond Lagardère] raconte ses luttes et ses passions de représentant des gemmeurs.
En 2022, ce sont sept films que nous propose le réalisateur dont Eric Fraj, 50 ans de cançon ou Las causas deu passat. Dans ce dernier film, d’une grande beauté, Éliette Dupouy (1933-2020) évoque sa vie, son gout des histoires, les premiers textes qu’elle a commencé à écrire à l’âge 15 ans.
Les débuts du cinéma en parlers d’oc

Si on remonte le temps, un film documentaire, de nos voisins, est remarqué. Il s’agit de Farrebique ou les quatre saisons de Georges Rouquier (1909-1989), qui sort en 1946. Il raconte la vie des Rouquier, une famille de paysans aveyronnais. À sa sortie, le film passe en tête des entrées en une semaine et vaudra à son auteur des distinctions prestigieuses : Prix FIPRESCI du Festival de Cannes, Grand Prix du Cinéma Français, Médaille d’or à la Mostra de Venise, Grand Épi d’or à Rome et le BAFTA du meilleur documentaire.
Georges Rouquier sort en 1983, Biquefarre qui continue la saga familiale des Rouquier, avec les mêmes acteurs que dans Farrebique, mais 38 ans plus tard.

De même, Jean-Pierre Denis, né en à Sent Lèon d’Eila [Saint-Léon-sur-l’Isle] en Dordogne, réalise Histoire d’Hadrien. Le film est projeté pour la première fois au Festival de Cannes de 1980. Il remporte le prix de la Caméra d’or. Il raconte l’histoire d’Hadrien, un jeune Périgourdin recueilli pas sa grand-mère, qui fait l’apprentissage de la vie dure de la campagne. Après la Grande guerre, il devient cheminot et participe aux grèves de 1920.
Deux ans plus tard, Jean-Pierre Denis récidive avec La Palombière qui met en scène un chasseur à l’affût dans sa palombière. Un jour, il rencontre Claire, jeune institutrice…
Le cinéma de Jean Flechet

En 1980, le Lyonnais Jean Flechet (1928- ), réalise pour le cinéma et la télévision, le premier long métrage entièrement en gascon L’Orsalhèr.
Mais il avait déjà mis en scène les parlers du sud. Ainsi, en 1964, une courte farce, La Sartan, tourne autour d’une poêle et d’une chipie qui sont les deux sens du mot sartan en provençal.
Ou encore La Fam de Machougas, tourné durant l’automne 1963, narre les aventures d’un personnage affamé, mangeant sans cesse et apaisé seulement par sa terre et l’amour. Une allégorie du peuple occitan dépossédé de sa culture.
Le collectage
Dans la lignée du film documentaire, on peut ajouter les collectages, cette façon de collecter les traditions, les costumes, les musiques, les chansons, les danses, les contes, les légendes et aussi les savoir-faire, les techniques ou les recettes. Cela se pratique depuis quelques décennies.
Citons le site oralitat de gasconha qui rassemble des collectages effectués par l’Ostau comengés, Nosauts de Bigòrra, Numériculture Gascogne et Media d’Oc.
Le travail de doublage de films en oc
S’il y a relativement peu de films qui laissent une grande place à nos parlers d’oc, il convient de saluer le formidable travail de doublage de films réalisé par Conta’m, une association basée à Nay dans les Pyrénées-Atlantiques.
Conta’m assure l’intégralité du travail technique et artistique, depuis la négociation des droits sur les films jusqu’à la distribution des films doublés en langue régionale.
Les comédiens ne sont pas tous professionnels. Mais Conta’m forme des comédiens de tous les âges pour doubler ses films. Si le cœur vous en dit…
On peut voir son travail de doublage dans quelques cinémas qui en font la projection, ou se procurer un DVD pour le voir, revoir et re-revoir et… chez soi. On peut aussi s’abonner sur www.ocvod.fr, la nouvelle plate-forme de films à la demande doublés en parlers d’oc.
Trotet ou les Contes a Rebors sont de bonnes façons de rappeler notre parler à nos enfants. Et comment résister à Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau où les mousquetaires parlent leur langue ? Ou à Terminator 2 qui parle en gascon ?
De toute façon, il y en a pour tous les âges ! Laissez-vous tenter.
Des initiatives
Clap de lenga à Salies
Depuis 2010, l’association Accents du Sud propose un festival du film en parlers d’oc à Salies-du-Béarn. En 2020, ils proposent une vingtaine de films de toute sorte : courts métrages, documentaires, films d’animation, collectages ethnographiques, longs métrages. Un concours de scénarios met même 12 projets de courts métrages en compétition.
Le kinoculteur

Deux frères, Steeve et Flash, en fait Périgourdins, proposent des petites séances de cinéma itinérant. De façon humoristique, ils ont lieu dans une vieille bétaillère à brebis tirée par un motoculteur ! Ainsi, ils mêlent western et culture locale. La musique, les doublages et les bruitages sont réalisés en direct avec le public.
Le cinéma et les dialectes d’oc
Au-delà de la Gascogne, des réalisateurs sortent aussi des films en différents parlers d’oc qui font parler d’eux.
Malaterra de Philippe Carrese (1956-2019), sorti en 2003, raconte la vie d’une famille pendant la Grande guerre de 14 et les rumeurs de malédiction autour d’un village abandonné que l’on croit hanté. La plus grande partie des dialogues sont en provençal sous-titrés en français. Un groupe de ragga occitan, Massilia Sound System, compose la musique du film.
Le vent fait son tour est un film italien de Giorgio Diritti (1959- ), sorti en 2005. Il raconte la vie de Philippe, un professeur devenu berger, qui s’installe avec sa famille dans un village des vallées occitanes d’Italie. Le village accueille les nouveaux venus et l’aident à s’installer. Mais Philippe ne respecte pas les usages locaux liés aux droits de propriété. La bienveillance des habitants fait vite place à l’hostilité. Le film est cinq fois primé dont au Festival du film de Londres et à celui de Rome. C’est l’occasion d’entendre l’occitan des vallées italiennes.
La Peur de Damien Odoul (1968- ) sort en 2015. Il raconte l’histoire de Gabriel, un jeune soldat qui combat lors de la Grande guerre de 1914. Tourné au Québec, les dialogues sont en français et dans la langue maternelle des soldats originaires du tiers sud de la France. Ils sont sous-titrés en anglais. Le film reçoit le prix Jean Vigo 2015 à Paris, au Centre Pompidou.

Le cinéma à inventer pour notre futur ?
Se méter cap entà ua pensada de desirança, disait l’écrivain Bernard Manciet (1923-2005).
Faire vivre la Gascogne, n’est-ce pas investir tous les moyens — tous les médias — pour la rendre visible ?
D’ailleurs, Bernard Manciet disait lors d’un interview de France 3 en 1993 : Le gascon survivra. Puis s’il ne survit pas, personne n’en mourra. Vous savez mourir on n’en meurt pas.
Serge Clos-Versaille
écrit en orthographe nouvelle
Références
site de Patric La Vau
Expérimental Occitan
Conta’m
Premier clap pour le film occitan
La peur, Lo Jornalet, Laurenç Revest, 27/08/2020
trés interessant merci
Adiu!
Com tostemps,…, que mos hèr plaser liège es vostes beroies e instructiues informacions. Un trabalh excelent!!!. Es mès sincères felicitacions.
A Peremartí
Quaerendo Invenietis, editor.
Avètz mancat l’excellent » Istòria d’Adrian », sortit dins las annadas 80 e que Joan Pau Verdièr n’aviá compausada et cantada la cançon. Levat aquò, mercés per auquel plan intéressant article!