Voyage à Bazas

La Cathédrale de Bazas
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Capitale du peuple des Vasates, Vasats en gascon, Bazas en français, est une ville importante qui est âprement disputée pendant la guerre de Cent ans. En partie détruite lors des guerres de religion, elle a conservé les marques de son prestigieux passé.

Cossium, la patrie du poète Ausone

Buste d'Ausone, rue Ausone à Bordeaux
Buste d’Ausone de Bertrand Piéchald, Rue Ausone à Bordeaux

Decimus Magnus Ausonius (309-395), plus connu sous le nom d’Ausone, fait une carrière dans le cursus honorum romain. Sa famille possède plusieurs domaines entre Bordeaux, Bazas [Cossium de son nom romain] et Marmande.

Il étudie à Bordeaux et à Toulouse puis enseigne la rhétorique et la grammaire à Bordeaux.

Son grand-père est précepteur de la famille impériale. En 364, le nouvel empereur Valentinien l’appelle auprès de lui comme précepteur de son fils Gratien. Ainsi, Ausone jouit des faveurs de l’empereur. D’ailleurs, il est Comte du Palais en 367, Questeur du palais en 374, Préfet du prétoire des Gaules en 377 et 378, Consul en 379 et enfin Proconsul d’Asie.

Ausone le poète

Ausone met fin à sa carrière politique en 381. Il revient alors à Bordeaux et compose des poèmes qui célèbrent la joie de vivre, la table et les vins. Voici ce qu’il dit de Bordeaux (extrait) :

Burdigala est le lieu qui m’a vu naitre : Burdigala où le ciel est clément et doux ; où le sol, que l’humidité féconde, prodigue ses largesses ; où sont les longs printemps, les rapides hivers, et les coteaux chargés de feuillage. Son fleuve qui bouillonne imite le reflux des mers. L’enceinte carrée de ses murailles élève si haut ses tours superbes, que leurs sommets aériens percent les nues. On admire au dedans les rues qui se croisent, l’alignement des maisons, et la largeur des places fidèles à leur nom ; puis les portes qui répondent en droite ligne aux carrefours, et, au milieu de la ville, le lit d’un fleuve alimenté par des fontaines ; lorsque l’Océan, père des eaux, l’emplit du reflux de ses ondes, on voit la mer tout entière qui s’avance avec ses flottes.

La poésie d’Ausone n’a plus le même attrait fin XIXe siècle. Ainsi, Ferdinand Lot (1866-1952), célèbre historien et médiéviste, trouve Ausone ennuyeux et sans originalité.  Il reprend ainsi l’avis du latiniste René Pichon (1869-1923) qui déclare : Son style, bourré de citations, de plagiats et de pastiches, est celui d’un vieux professeur qui a la tête meublée d’expressions consacrées et qui croit rendre aux auteurs qu’il a si longtemps expliqués un suprême hommage, en pensant et en parlant sans cesse d’après eux.

En tous cas, les écrits d’Ausone restent un riche témoignage de son époque.

Ausone, vue d'artiste (XVIIe siècle)
Ausone, vue d’artiste (XVIIe siècle)

Et notons que c’est en l’honneur du poète Ausone qu’un domaine de Saint-Emilion prend le nom de Château Ausone depuis au moins 1592. On pense qu’il se situe sur une ancienne propriété du poète. Ce vin de grande réputation entre dans la catégorie premier grand cru classé A. Le domaine produit aussi un second vin appelé Chapelle d’Ausone.

Le chateau Ausone
Le vignoble de Château Ausone

Bazas, une cité importante au moyen-âge

La ville antique de Vasats est située sur un promontoire rocheux. Plus tard, au moyen-âge, une nouvelle ville se développe au pied de la ville antique. La jonction entre les deux villes laisse une gigantesque place où se tiennent foires et marchés.

Autour de la place, des embans [couverts] sont construits à partir du XVIe siècle. Là, on peut voir de magnifiques hôtels particuliers des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que le Présidial (tribunal).

Les embans de Bazas
Les embans de Bazas

De même, la ville conserve une partie des remparts du XIIIe siècle dont la porte du Gisquet, ou la poterne de la Brèche.

L’hôpital Saint-Antoine, ancien hospice sur le chemin de Saint Jacques, est transformé en hôpital au XVIe siècle. Il renferme une pharmacie du XVIIIe siècle qui comporte une impressionnante collection de faïences et de verreries de Bazas.

Pendant la guerre de Cent ans, Bazas change plusieurs fois de maitre. En 1347, les Anglais l’assiègent, puis, en 1370, les Français. De même, les Albret, alliés des Anglais, cherchent à mettre la main sur la ville. Mais elle redevient française en 1441.

Bazas, cité épiscopale

Vasats est une cité épiscopale jusqu’en 1789. Grégoire de Tours (VIe siècle) raconte qu’une dame de Bazas aurait rapporté de Jérusalem un flacon de sang de Saint-Jean-Baptiste provenant de son exécution. Par conséquent, Saint Jean-Baptiste est le patron de la cathédrale romane. Les Normands la saccagent en 853.

La construction de la cathédrale gothique, édifiée sur l’emplacement de l’église romane, commence en 1233 et ne se terminée qu’en 1537. De plus, les Huguenots la saccagent en 1561 puis la détruisent en 1577 et 1578. Heureusement, les habitants de Bazas paient une rançon de 10 000 écus et préservent ainsi sa façade. Ensuite, la cathédrale est reconstruite entre 1583 et 1635. Elle est classée au titre des Monuments historiques en 1840 et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle en 1998. Si la cathédrale abrite depuis longtemps un orgue, le dernier est absolument magnifique avec ses couleurs bleu turquoise et or.

Les orgues de la cathédrale de Bazas
Les orgues de la cathédrale de Bazas

Bazas, berceau de la race Bazadaise

La Bazadaise

La Bazadaise se reconnait à sa robe gris ardoise. Ses cornes sont en forme de croissant vers le bas. Elle mesure 1,40 m au garrot et pèse près de 750 kg. Utilisée pour le débardage en forêt, elle a failli disparaitre à cause de la mécanisation. Ses qualités bouchères l’ont sauvée.

La Bazadaise est rustique, vêle facilement et s’adapte à un milieu sec et chaud. Elle bénéfice d’une IGP (indication géographique protégée) depuis 2008. Elle est élevée sous la mère puis nourrie dans les pâturages. On l’engraisse ensuite au grain à l’étable avant de l’abattre à minimum 36 mois.

La passejada deus bueus gras de Vasats

Tous les 24 juin, tous les jeudis avant Mardi-gras et tous les 24 juin à l’occasion de la fête de Saint-Jean de Bazas, on célèbre la Bazadaise.

D’ailleurs, la passejada deus buèus de Vasats remonterait au moyen-âge. Edouard Ier d’Angleterre aurait autorisé l’évêché à recevoir un taureau chaque année comme présent des habitants de Bazas. ors de leur remise, on les faisait défiler dans la ville.

La passejada deus bueus gras de Vasats
La passejada deus bueus gras de Vasats

C’est l’origine de la passejada qui est devenue, avec le temps, une foire agricole très courue. C’est aussi une journée de promotion de l’IGP Bœuf de Bazas.

Ainsi, la passejada commence par la pesée des bœufs. Ils défilent ensuite dans les rues de Bazas, les cornes ornées de fleurs, au milieu de chars décorés et de musiciens. Pendant le défilé, une ripataulèra, fifres et tambours, donnent une aubade devant chaque boucherie de la ville. L’arrivée de la cathédrale marque le début du concours des bœufs. Un banquet conclut la passejada.

Serge Clos-Versaille

écrit en orthographe nouvelle

Références

Ausone, Ordo urbium nobilium, XIV
Le cento nuptialis d’Ausone : Virgile descendu de son piédestal, Camille Bonnan-Garçon, 2014
Bazas, histoire et patrimoine
Hèsta deus bueus gras, PCI, CIRDOC, Christine Escarmant-Pauvert
Wikipédia

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