Vous avez déjà fait la route du vin, le chemin des Bonhommes… que diriez-vous de vacances originales à la découverte des vaquèrs du sud-ouest, nos éleveurs de vaches ? Soyez incollable pour reconnaître une race de vache, et pour connaître son caractère. Car elles ne sont pas toutes paisibles…
Des 44 races existant en France, 10 sont du sud-ouest. Sans compter bien sûr celles qui ont disparu de nos champs comme l’agenaise, la blonde des Pyrénées, la blonde du Quercy, la créon, la garonnaise, la marchoise, la montalbanaise, etc.
Château Giscours sauve la bordelaise

Vous entrez en Gascogne par Bordeaux ? Et bien sachez qu’il n’y a pas que du vin dans cette région. Souvenir du passage des Anglais pendant la guerre de cent ans, la bordelaise est décimée fin XIXe siècle par une épidémie de pleuropneumonie. En Médoc, château Giscours sauve son troupeau. Il subsiste deux races : la vache pigalhada (pigaillée, mouchetée) dite aussi la race des châteaux pour la beauté de sa robe, et la vache vaireta (bayrette), dite la race des paysans.
Berenice Walton vaquèra d’Arveyres

Le libournais est à deux pas. Il mérite le détour. Vous y trouverez des vins fins et élégants. À la ferme de Bérénice, à Arveyres, sur 200 hectares, 40 mères bazadaises paissent tranquillement. Cette grande vache brun-gris, a déjà accueilli les Romains il y a deux mille ans. Vous la reconnaîtrez par sa robe, souvent avec des nuances de charbon chez les taureaux et ses cornes en forme de croissants vers le bas.
Voilà les vaches de la marine

Puis descendez vers le pays basque en longeant la côte landaise. Remarquez cette petite vache fine, aux cornes relevées, à robe froment, à muqueuses rosées et aux extrémités claires – comme ses cousines les blondes du Sud-Ouest. Pendant la dernière guerre, l’armée allemande et les landais décimèrent ces vaches marines, ne laissant que quelques troupeaux, qui retournèrent à l’état sauvage. Les dernières de ces marines landaises sauvages furent vues à Biscarosse et disparurent en 1963.
Pourtant, en 1968, « un vieil homme vend son troupeau de vaches avant de prendre sa retraite, le maquignon qui conclut l’affaire n’en croit pas ses yeux : il s’agit d’authentiques vaches marines, race que l’on croyait disparue ». Depuis, elle a été métissée avec les bravas, cette vache des courses landaises issue du toro de lidia d’Andalousie, pour devenir aujourd’hui une vache fauve. Attention, elle se souvient des méchancetés des hommes…
La vache basque Betizu

En continuant la route, vous passez Biarritz et arrivez dans le pays basque. La betizu vous attend. Son nom vous prévient, c’est une vache, behi, « farouche, intraitable, sauvage », izu. Primitive, les plus anciennes représentations datent de 15 000 ans avant notre ère, elle descend des aurochs. Courte et légère, à peine 300 kg, elle présente une peau brune, un beau chignon et des cornes en forme de lyre.
Elle apparaît dans divers mythes et dans des proverbes anciens. Le gouvernement de Navarre tente d’enrayer sa disparition. Et la télévision basque a créé le programme pour enfants Betizu où notre beauté est le personnage principal.
Les vaches blondes conquièrent la France

En longeant les Pyrénées et en laissant le pays basque derrière vous, la béarnaise vous attend. C’est une jolie blonde, fine, aux muqueuses roses, munie de grandes cornes en forme de lyre. Avec ses copines, la bordelaise et la marine, elles se font d’ailleurs admirer à l’écomusée de Marquèze (Landes).
Quant à sa cousine, la blonde d’Aquitaine, une grande vache blanc crème au muqueuses roses, c’est une conquérante. Très bonne laitière, elle a envahi les autres régions de France et est aujourd’hui la troisième race la plus présente dans le pays.
Pierre Correge fait défiler Marti

La lourdaise, une blonde du sud-ouest, originaire des Hautes-Pyrénées, de taille moyenne, plutôt crème, aux cornes en forme de lyre, a pratiquement disparu.
Dans le courant des années 1970, Pierre Correge, alors jeune enseignant à Bagnères de Bigorre, puis chargé de mission sur la chaîne Pyrénées, constitua un troupeau. Il achèta Marti dans le village de Germs-sur-l’Oussouet et une dizaine de vaches déjà vieilles et promises à l’abattoir. Le taureau Marti fut montré, identifié de belle race. Il donna deux fils géniteurs, Omar et Pregoundito. La lourdaise est sauvée de justesse !
La vache gasconne, symbole de notre histoire

En redescendant vers les plaines, vous croiserez l’élégante gasconne, venue avec les Wisigoths. Elle descend des grises des steppes. On en connait deux variantes, la gasconne en Ariège et la mirandaise dans le Gers. Toutes deux grandes, d’un blanc gris argenté, la première a les muqueuses foncées, et la deuxième claires. La gasconne s’est étendue vers le midi de la France et vers l’Europe ; la mirandaise est, hélas, en voie de disparition.
La vache Casta, l’irascible des montagnes

Et si vous remontiez la Garonne, puis le Salat pour aller visiter Saint Lizier ? Vous traverseriez le Couserans et pourriez faire une pause à la ferme d’Icart. Là, dans les collines escarpées, vit une vache appelée casta pour sa robe couleur châtaigne, castanha en gascon. Une vache originaire des montagnes de l’Ariège et des Hautes-Pyrénées. On l’appelle aussi par ses origines, Aure et Saint-Girons. Et elle est cousine avec la Mascarde côté espagnol.
Sandrine Dangla, une vaquèra de Betchat (Couserans, Ariège) entreprit de les sauver. Il n’y avait alors qu’une cinquantaine de femelles. Elle créa l’Association nationale pour la race Casta (Maison du PNR, La Ferme d’Icart, 09240 Montels). Aujourd’hui, la race se repeuple doucement, et il y a plus de 300 femelles. À la ferme d’Icart, vous verrez Monjeta, haricot, la vache que les patrons vaquèrs présentent aux concours.
Les mannequins du salon de l’agriculture
La sauvegarde des races est un vrai combat entrepris par plusieurs vaquèrs. À Paris, au salon de l’agriculture, est sélectionnée chaque année une vache égérie. En 2012, c’est Valentine, une gasconne qui a gagné, en 2016, Cerise, une bazadaise.