Les courses de taureaux sont une pratique populaire ancienne en Gascogne. La mode espagnole arrivée au XIXe siècle a introduit les corridas, leur costume et leur vocabulaire. Pour s’en différencier, on parle aujourd’hui de courses landaises.
La codification des courses de taureaux
Jusqu’en 1850, les organisateurs de courses de taureaux s’adressent à des éleveurs qui fournissent gratuitement les animaux. Ces derniers croisent des vaches bazadaises avec des marines (vaches vivant à l’état sauvage dans les dunes côtières) et des bretonnes pour donner les vacòtas de petit gabarit que l’on connait aujourd’hui.
Petit à petit, les communes louent les animaux aux paysans et font payer l’entrée des arènes pour rentrer dans leurs frais.
La « feinte » apparait en 1831, l’« écart » en 1850 et le « saut périlleux » en 1886. Cette créativité est une réaction à la montée en puissance de la corrida espagnole.
C’est à cette époque que les corsaires adoptent le pantalon blanc et le boléro de couleur.
En 1890, face aux nombreux accidents, on emboule les cornes des vaches. Cette pratique ne sera généralisée qu’en 1920.
L’influence espagnole sur les courses landaises
En 1852, on introduit du bétail espagnol pour les courses de taureaux de Magescq. Il supplantera très vite les vaches locales pour des courses plus spectaculaires.

En 1853, on présente à Bayonne des corridas espagnoles et des courses de taureaux que l’on commence à appeler courses landaises pour marquer la différence. Cet engouement pour les courses gagnera très vite de nombreuses villes. On en organisera même à Lille et à Paris, au bois de Boulogne et au bois de Vincennes.
Les arènes fleurissent un peu partout pour accueillir ces spectacles mixtes : Pontonx en 1883, Saint-Vincent de Tyrosse en 1886, Mont-de-Marsan en 1891, Toulouse en 1897, Bordeaux Caudéran en 1897, Dax en 1906, etc.
Dès lors apparaissent les termes espagnols dans les courses landaises : les écarteurs deviennent des toreros, les élevages des ganaderias, les équipes des cuadrillas. Le rituel de présentation devient espagnol : le paseo…
Les courses espagnoles suscitent l’opposition de nombreuses personnes. Elles sont l’occasion d’échanges savoureux à l’Assemblée nationale, notamment le 18 février 1897 entre le député Lavy et Gaston Doumergue.
Les courses landaises restent gasconnes
Malgré l’engouement des courses au XIXe et au début du XXe siècle, et le fait que de nombreux écarteurs se produisent dans toute la France, en Espagne et en Algérie, la pratique des courses landaises ne s’implantera pas ailleurs et restera typiquement gasconne.

L’aire des courses landaises couvre une grande partie du département des Landes (Chalosse, Gabardan, Marensin, Marsan, Pays d’Orthe et Tursan), le Bazadais, les cantons de Nérac et de Casteljaloux, le Bas-Armagnac à l’ouest d’une ligne reliant Condom à Marciac, les cantons haut-pyrénéens de Castelnau-Rivière-Basse et de Maubourguet, les cantons béarnais d’Orthez, de Garlin et de Lembeye.
La demande est forte en dehors des fêtes patronales et les écarteurs deviennent semi professionnels.
Pourtant la concurrence du rugby, du cyclisme et du basket est forte, et Les courses landaises déclinent.
Les courses landaises se professionnalisent et s’organisent
Le Challenge Armagnac est créé en 1952 et le Challenge Landes Béarn en 1953. La Fédération française de courses landaises nait en 1953.
En se dotant de nouvelles structures, la course landaise dépoussière quelque peu son image en mettant en avant la composante sportive de la pratique alors qu’en fait, c’est le volet commercial qui domine. Les écarteurs sont régis par des contrats de travail. Une école taurine est mise en place pour développer la pratique chez les jeunes.
On constate la relève au niveau des pratiquants. Des arènes en dur se construisent un peu partout avec 19 créations entre 1945 et 1960 et 24 autres jusqu’en 1985.

Le grand public s’y intéresse grâce à l’émission Intervilles de Léon Zitrone. Le 14 juillet 2020, s’éteint d’ailleurs Rosa, la vachette légendaire d’Intervilles.
En 1973, le Ministère de la Jeunesse et des Sports reconnait la course landaise mais cela l’a conduite dans une impasse. L’URSSAF, considère la course landaise comme une pratique professionnelle et donc soumise à différentes obligations. Des discussions sont en cours mais le recours aux statuts des intermittents du spectacle parait une possibilité.
En tout cas l’attachement des Gascons aux courses landaises est très fort. A chaque course, nombreux sont ceux qui n’hésitent pas à descendre dans l’arène.
Serge Clos-Versaille
écrit en orthographe nouvelle
Références
Fédération Française de Courses Landaises
La course landaise, tradition gasconne
Lâchez les taureaux une tradition ancienne
Première photo : saut photographié par Claude Boyer, l’Indépendant