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Les toponymes de Gascogne

Toponymie gasconne - Bénédicte et Jean-Jacques Fénié
Toponymie gasconne – Bénédicte et Jean-Jacques Fénié

Les toponymes sont les noms des lieux. En Gascogne comme ailleurs, les noms remontent parfois très loin et témoignent de son passé. Peut-être aimeriez-vous connaitre l’origine du nom de votre commune ou d’un lieu-dit ? Suivons Bénédicte et Jean-Jacques FENIÉ, les spécialistes de la toponymie gasconne.

Les toponymes anciens

Le Pic du Gar
Le Pic du Gar

Certains toponymes sont très anciens, remontant à une époque où on ne parlait pas encore gascon. Ils concernent surtout des reliefs et des cours d’eau.

Par exemple, la racine gar- qui peut se traduire par pierre ou caillou, se retrouve dans Garos, le pic du Gar et sans doute dans Garonne. Il a pu donner le gascon garròc qui signifie rocher, hauteur, mont. En basque, il donne garai avec la même signification.

La racine pal- qui peut se traduire par rocher escarpé, se retrouve au col de Pau en vallée d’Aspe et sans doute aussi dans le nom de la ville de Pau.

De même, le nom de cours d’eau gascons remonte à ces temps lointains : Adour, Neste, Gave, Ousse, Oussouet, Losse, Baïse.

Les Aquitains occupent le territoire entre l’Ebre et la Garonne.

Le lac d'Oredon
Le lac d’Oredon

Les Aquitains nous ont laissé des noms en os/osse que l’on retrouve surtout dans le val d’Aran et dans les pays qui bordent l’Atlantique. Citons Andernos, Biscarosse, Pissos, Biganos.

Citons aussi Ixone (brêche, crevasse) qui a donné Ilixone : Luchon. Alis (eaux argileuses) a donné Eauze. Ili (ville) et Luro (terre basse) a donné Iluro : Oloron. Iu ou èu (lac de montagne en gascon) a donné èu redon (lac rond : Orédon), èu verd (lac vert : Aubert). Ces deux derniers exemples montrent aussi comment les noms gascons ont été francisés au cours du XIXe siècle.

À noter, les Celtes ont peu pénétré en Gascogne, sauf le long de la Garonne et en val d’Aran. Cambo (méandre) a donné Cambo en pays basque. Condomages (marché de la confluence) a donné Condom.

Les toponymes d’origine latine

Signalisation bilingue des rues à Agen
Signalisation bilingue des rues à Agen

Ce sont les plus nombreux.

Acos, en latin acum (domaine de ….), associé à un nom de paroisse donne Arzacq, Aurignac, Listrac, Marciac, Pessac, Pontacq, Préchac.

Acum qui donne an, est spécifique de la colonisation romaine. On le retrouve dans le Gers dans Biran, Corneilhan, Orbessan, Aignan, Courrensan, Samaran, …. autour de Saint-Bertrand de Comminges dans Aventignan, Barbazan, Saléchan, Estansan ….,  autour de Tarbes dans Aureilhan, Artagnan, Juillan, Madiran, …. et autour de Bordeaux dans Draguignan, Caudéran, Léognan, ….

Villa (domaine) donne Bilhère, Vielle-Aure, Vielle-Adour, Vielle-Tursan. Vic (village) donne Vic en Bigorre. Vic-Fezensac semble plus tardif.

En revanche, les invasions du Ve siècle et l’implantation des Wisigoths en 418 nous ont laissé Gourdon, Goutz (colonies de Goths), Boussens, Maignaut-Tauzia, Estarvielle, Ségoufielle, Gaudonville (village de Goths).

Les toponymes gascons

À partir de l’an mil, les toponymes anciens se raréfient et ceux gascons deviennent de plus en plus nombreux. Leur sens est plus facile à saisir pour qui connait la langue.

L’essor de la population entraine la formation des sauvetats [sauvetés]. Ainsi : Saub=veterre, Lasseubetat… (n’oublions pas que le v se prononce b dans certaines parties de la Gascogne). Et des castelnaus [castelnaux]. Ce qui donnera : Castéra-Loubix, Castéra-Verduzan, Castets, Castex, Castelbon, Castetner, Castillon, Castelnau…

Commune de Came (Pyrénées-Atlantiques)
Commune de Came (Pyrénées-Atlantiques)

Plus tard, aux bastides du XIIIe siècle, on donne des noms prestigieux : Barcelone, Grenade, Pavie, Plaisance, Valence … ou celui des personnages qui les ont créées : Arthez d’Armagnac, Créon d’Armagnac (fondée par Amaury de Craon), Beaumarchés (fondé par Eustache de Beaumarchés), Hastingues (fondée par le sénéchal de Hastings), Rabastens (fondée par Guillaume de Rabastens).

Toutefois, les éléments du relief restent à l’origine de nombreux toponymes gascons. Mont [hauteur] donne Mont, Montegut, Montardon, Monclar, … Sèrra [colline] donne Serre-castèth, Sarremezan, … Poei [petite éminence] donne Pey, Pouey, Puch, Piau, Pujo, Pouyastruc, … Arrèc [sillon] donne Arricau, … Assosta [abri] donne Soustons, … Aiga [eau] donne Ayguetinte, Tramezaygues, … Averan [noisette] donne Abère, Averan, … Casso [chêne] donne Cassagne, Cassaber, Lacassagne, …. Castanha [châtaigne] donne Castèide, Castagnède, Castagnon, … Hau [hêtre] donne Faget, Hagetmau, … Bòsc [bois] donne Le Bouscat, Bosdarros, Parlebosc, … Hèn [foin] donne Héas, Hèches, … Casau [métairie] donne Cazaux, Cazarilh, Cazaubon, Cazaugitat…

Mais après l’an mil, c’est aussi l’époque de l’essor du christianisme en Gascogne. Et les noms de saints se généralisent : Saint-Sauveur, Saint-Pé, Saint-Emilion, Saint-Girons, Saint Orens, Saint-Boé, ….

Comment conserver les toponymes gascons ?

Département de la Haute-Garonne
Département de la Haute-Garonne

S’intéresser à la toponymie de sa commune, c’est s’intéresser à son histoire, à son identité. Et nombreux sont les Gascons qui s’y intéressent.

Pourtant, l’exercice est rendu difficile par la francisation des noms au cours du XIXe siècle. Par conséquent, il faut rechercher dans les documents anciens (terriers, compoix, cadastres, actes notariés) pour retrouver l’évolution de leur orthographe et leur signification ancienne.

Ce travail de recherche réalisé et complété par une enquête de terrain auprès de la population, il est tentant de redonner aux routes, aux chemins et aux lieux-dits, leurs noms gascons. Après tout, n’est-ce pas préférable de renouer le lien avec notre histoire plutôt que de leur donner des noms de fleurs (rue des coquelicots, rue des pervenches, …) ? Ou de leur donner des noms d’artistes dont peut-être peu de gens ont entendu parler ?

Le rôle décisif du conseil municipal

Osmets - Ausmes
Osmets – Ausmes

C’est le conseil municipal qui peut donner une dénomination aux voies et chemins de la commune, ou aux lieux-dits, dans le cadre de ses attributions prévues à l’article L 2121-29 du code général des collectivités territoriales. Ses décisions sont exécutoires de plein droit, dès que les formalités légales sont accomplies et qu’elles ont été transmises au préfet (article L. 2131-1 du CGCT).

Les communes de plus de 2 000 habitants doivent notifier au centre des impôts fonciers ou au bureau du cadastre, la liste alphabétique des voies publiques et privées de la commune (décret n° 94-1112 du 19 décembre 1994). Il en est de même des modifications apportées (changement de dénomination d’une voie ancienne, création d’une voie nouvelle), dans le mois qui suit la décision, par l’envoi d’une copie de cette décision.

Les pressions sont fortes pour ne pas adopter le gascon ! Lors des opérations Numérues qui consistent à donner des noms de rues et des numéros aux maisons pour faciliter l’intervention des services publics, notamment des pompiers, La Poste intervient pour donner des noms français au prétexte que les facteurs ne savent pas lire le gascon. Pourtant, le courrier arrive bien dans les communes qui ont donné des noms gascons à leurs voies et chemins…

La loi Molac autorise l’utilisation des langues régionales

Bayonne - signalisation trilingue français, basque et gascon
Bayonne – signalisation trilingue français, basque et gascon

La loi n° 2021-641 du 21 mai 2021, relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, dite « Loi Molac », apporte certaines clarifications relatives à l’emploi des langues dites « régionales ».

Si l’on a surtout parlé de la censure des articles concernant l’enseignement des langues régionales, on ne peut passer sous silence son article 8 qui stipule que : « Les services publics peuvent assurer sur tout ou partie de leur territoire l’affichage de traductions de la langue française dans la ou les langues régionales en usage sur les inscriptions et les signalétiques apposées sur les bâtiments publics, sur les voies publiques de circulation, sur les voies navigables, dans les infrastructures de transport ainsi que dans les principaux supports de communication institutionnelle, à l’occasion de leur installation ou de leur renouvellement ».

Après les incertitudes juridiques, la signalétique bilingue est désormais reconnue par la loi. Rien ne s’oppose plus à ce que les communes mettent une signalisation bilingue à l’entrée de leur commune ou sur les bâtiments municipaux.

Alors, Gascons, à vos panneaux !

Références

Toponymie gasconne, Bénédicte et Jean-Jacques FENIÉ, Editions Sud-Ouest, 2006.

 




Bons plans de l’été : lieux et livres

Au commencement des vacances d’été, l’Escòla Gaston Febus vous propose quelques bons plans. Mission de l’association oblige, nous restons dans les livres et vous recommandons quelques coins de Gascogne pour découvrir des lieux de vie d’écrivains gascons.

À l’ombre d’un marronnier ou d’un pin, quoi de mieux que des bons livres ? Un livre court, des nouvelles, des articles littéraires, un bon roman d’amour et de soleil. Ou bien encore, pour les jours de pluie, un roman classique dont il faut laisser résonner la musique de la langue dans sa tête et son cœur…

Reclams et les livresEn tous cas, la littérature gasconne est bien assez fournie pour que chacun y trouve plaisir. Reclams edicions nous incite à plonger dans cette richesse en mettant cet été des œuvres incontournables – gasconnes ou bilingues –  à notre disposition, et ce, à moitié prix. Belle occasion, n’est-ce pas, d’explorer la littérature gasconne?

Comminges

Lieux et livres - Cazères sur Garonne (31)
Cazères sur Garonne (31)

Si vous allez dans le Comminges ou le Couserans, c’est l’occasion de passer par Casèras (Cazères sur Garonne), grosse bastide de 4800 habitants, où Pierre Bec vécut enfant. Lors de la croisade des Albigeois, à l’hiver 1218, Amaury de Montfort attaqua Cazères et son château. Victorieux, il brûla château et village et tua tous les habitants. Cazères sera rebâtie en 1282 par Eustache de Beaumarchais, pour en faire une bastide.

En bordure de Garonne, vous pourrez flâner dans le jardin des senteurs, le jardin des fruits, ou le jardin des sensations et vous asseoir au bord de l’eau pour lire quelques livres du grand linguiste et grand romaniste Pierre Bec. Quelques nouvelles dramatiques ou fantastiques pourraient peut-être vous séduire : Entà créser au món, ou Racontes d’ua mòrt tranquilla, le tout dans un gascon très abordable.

Bigorre

Dans les Pyrénées, nous proposons un arrêt en Bigorre. Vous aurez en poche Blind date de Jean-Louis Lavit, superbe roman d’amour tragique, dans un gascon qui coule vif comme une Neste.

Le château de Mauvezin (Hautes-Pyrénées) et sa bibliothèque de livres gascons
Le château de Mauvezin (Hautes-Pyrénées)

Et vous visiterez peut-être le château de Mauvezin (65). Ce château a une fort belle histoire. Ayant vu le jour au XIe siècle sur une motte cadastrale, il fut d’abord un casterar, une tour en bois de 3 m. de haut entouré d’une palissade. Gaston Febus le récupère en 1379 et ordonne à son architecte Sicard de Lordat d’en faire un beau et fort château (lire l’article sur l’histoire du château). Puis, après bien des péripéties, des vaillances et des oublis, le château devient bien national à la Révolution et il ne reste plus que des ruines à la fin du XIXe siècle.

C’est là qu’Albin Bibal, membre de l’Escòla Gaston Febus, l’achète et le donne à l’association. Des passionnés se retroussent les manches pour nous offrir, aujourd’hui, après 20 ans de travaux, un château dominant les vallées de toute sa splendeur retrouvée. À l’intérieur, outre les évocations du Moyen-Âge ou des guerres de religion, vous verrez aussi des portraits ou des bustes des grands écrivains gascons qui marquèrent l’Escòla à ses débuts. Et vous verrez les quelques 2500 livres que l’Escòla a conservés et conserve encore dans sa bibliothèque.

Béarn

Vue des Pyrénées depuis le square Aragon à Pau

Peut-être vous arrêterez-vous à Pau, capitale du Béarn depuis 1450, pour visiter le château où naquit notre bon roi Henri IV ? Grand lieu de villégiature depuis 1850, fort d’une grosse colonie anglaise. Là, tout en admirant le pic du Midi d’Ossau, vous découvrirez quelques livres d’auteurs béarnais. Vous pourrez vivre l’histoire de cet enfant pris dans la tourmente de la guerre d’Algérie et obligé de rejoindre, dans le Béarn, une famille qu’il ne connait pas vraiment. Il s’agit du roman dont le succès ne se démentit pas, L’òra de partir de Serge Javaloyès. Vous avez moins de temps ? Isabèu de la Valea, recueil de nouvelles dramatiques, drôles ou fantastiques du linguiste et écrivain Eric Gonzalès vous satisfera.

Pas envie de tout lire en gascon ? Que l’aperavan Colorado est pour vous. Cinq nouvelles, en collection bilingue, de cette langue éblouissante que manie Albert Peyroutet, professeur de français aux Etats-Unis puis d’anglais et d’occitan à Pau.

Gers

Si vous vous promenez dans l’Armagnac noir, vous passerez peut-être par Le Houga, ancienne juridiction fondée vers 1060. Son nom, vient du gascon heugar, lieu planté de fougères, et les habitants s’appellent des Folgariens. Pour découvrir ce pays, que diriez-vous de commencer par vous en imprégner, appuyé contre le mur de l’église Saint-Pierre, en lisant l’Armanhac negre (livre bilingue) de Raymond Lajus dit Ramonet deu Pè de la Vit ?

Le parc de loisir de Gondrin

Vous emmenez vos enfants sauter dans l’eau du parc de loisir de Gondrin ? Ce village du Gers était le fief d’une branche de la grande famille de Pardalhan, et c’est la seconde femme d’Antoine Arnaud, Paule de Saint Lary de Belle Garde, qui en favorisa l’essor au XVIIe siècle. Tout en dégustant un bout de foie gras local, plongez dans une poésie d’André Pic tirée de ce bijou qu’est son recueil Proses e pouesies (en gascon seulement).

Landes

Maison de l'Ecomusée de Marquèze (40) et lire Manciet
Maison de l’Ecomusée de Marquèze (40)

Vous voulez vous replonger dans l’histoire des Landes du XIXe siècle par une visite à l’écomusée de Marquèze ? Vous êtes à Sabres. Ayez une pensée pour Bernard Manciet (1923 – 2005), un des plus grands écrivains gascons. Toute son œuvre, même en prose, respire la poésie. Ses livres, bilingues, sont juste magnifiques. Par exemple, Ulysse au fleuve vous raconte l’épopée d’Ulysse remontant la Garonne ! Et vous pourrez entrer dans les secrets qui étouffent une famille landaise menacée par la ruine, l’isolement et la mort avec son chef d’œuvre,  Lo gojat de noveme (Le jeune homme de novembre). Ce livre constitue un excellent prolongement de ce que vous aurez vu à l’écomusée.

Et pour les enfants ?

Un site gascon dédié aux enfants

Bloqués à l’intérieur de votre chambre, vous voulez les occuper ? Z’ont pas envie d’un livre ? L’Escòla a créé pour eux le site L’arraton deu casteth– ils sont si accro au digital ! – où ils découvriront la Gascogne par des jeux, des chansons, des contes…

Qui est le géant gascon avec un œil au milieu du front, le lutin facétieux ou l’homme qui vécut mille ans moins un jour ? Qu’arrive-t-il à la pauvre mouche de Joan Francés Tisnèr ? …

Bonnes vacances ! Et découvrez la Gascogne par ses livres… en gascon!

Références

Entà créser au món, Pierre Bec, 8€
Racontes d’ua mòrt tranquilla, Pierre Bec, 7€
Blind date, Jean-Louis Lavit, 8€
L’òra de partir, Sèrgi Javaloyès
Isabèu de la Valea, Eric Gonzalès
Que l’aperavan Colorado, Albert Peyroutet, 6€
Armanhac negre, Lo Ramonet deu Pè de la vit, 6€
Proses et pouesies, Andrèu Pic, 5€
Ulysse au fleuve, Bernard Manciet, 7€
Lo gojat de noveme, Bernard Manciet, 9€

Catalogue Reclams à prix cassé pour l’été

Notes historiques & archéologiques sur Cazères (Hte-Garonne), Emile Espagnat
Cazères et ses environs, 3 tomes, Anne et Robert Foch
Image d’entête par StockSnap de Pixabay 


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Gaston Febus construit le château de Mauvezin

Le château de Mauvezin, lo castèth de Mauvesin, dans toute sa splendeur retrouvée du XIVe siècle, domine les Baronnies, la vallée de l’Arros et l’abbaye de l’Escaladieu. Quelle est donc son histoire ? Albin Bibal, membre de l’Escòla Gaston Febus, qui acheta puis donna le château à l’Escòla, raconte.

Les premières traces

Chateâu de Mauvezin - une tour de quelques mètres sur sa motteLe château de Mauvezin a probablement été construit au XIe siècle. Enfin quand on dit château… il s’agissait, à l’époque, d’une tour en bois de 3 m de haut, ua toròta, entourée de palissades en bois, construite sur une hauteur que l’on appelait mòta, motte. Pourquoi le lieu a-t-il été appelé Mauvesin, mau vesin, mauvais voisin ? On ne sait…
On attribue à Centolh 1er, Centulle 1er, la construction de ce casterar.

En 1133, les grands de Bigorre se réunissent à Mauvezin pour borner le comté avec celui de Labarthe. Les seigneurs sont alors Beatrix II de Bigorre et Pierre de Marsan son époux. Ce sont eux qui favorisent l’installation de l’abbaye de l’Escaladieu, au pied du château de Mauvezin.

De maison en maison

Château de Mauvezin - une possession des comtes de Bigorre (blason)En 200 ans, la Bigorre passe par plusieurs maisons seigneuriales, au gré des mariages et des cessions, au rythme d’un changement tous les 50 ans environ : Bigorre, Foix, Béarn, Marsan, Comminges. Cela va s’accélérer avec Pétronille de Comminges (1186-1251), la petite fille de Centolh III, célèbre pour ses cinq maris. Elle passera le flambeau, pour quatre ans à la maison de Montfort, à l’occasion de son troisième mariage avec Guy de Montfort, le fils de Simon, celui qui se fit remarquer dans la guerre des Albigeois. Puis maison du Chabanais, de nouveau Béarn… Même le roi de Navarre récupèrera ces terres en 1265. À se demander si les paysans avaient le temps de savoir qui étaient leurs seigneurs !

Le 8 mai 1360, par le traité de Brétigny entre le roi de France et le roi d’Angleterre, le comté de Bigorre et notre château de Mauvezin reviennent au roi d’Angleterre. Le duc d’Anjou, pourtant fils du roi de France, et lieutenant-général en Languedoc, s’en moque. Il assiège les Anglais à Mauvezin, reprend le château et le donne à Jean 1er d’Armagnac. Gaston Febus ne l’entend pas de cette oreille. Alors, il part en guerre contre son voisin.

Gaston Febus prend possession du château de Mauvezin

Enfin le 20 mars 1379, le traité d’Orthez, rédigé en gascon par Pey de Mayres, notari reyau, met fin au différend entre les deux seigneurs.

Château de Mauvezin - attribution à Febus par le Traité d'orthez-introduction
Traité en gascon, entre Monsenhor Johan per la gracia de Diu, comte d’Armagnac, de Fezensac, &c. (…) e Mossen Gaston, per la gracia medisssa, comte de Foix…

Le traité comprend six items. Le premier est le mariage de Beatrix d’Armagnac (fille de Jean) et du jeune Gaston de Foix (fils de Febus) pour garantir la pérennité des accords. Avec le deuxième, Armagnac cède la tour de Couffoulens et le reste de la terre d’Albigeois au comte de Foix. Il lui accorde dans le troisième, l’usufruit du lieu et de la Châtellenie de Saint-Julien et lui attribue (quatrième item) à perpétuité, Mauvezin et Godor : item, la begarie de Maubesin & de Godor demoren ab lodit monsenhor de Foix à perpetualitat, per si e per sos.

En revanche, cinquième item, Febus et sa lignée renoncent à toutes prétentions sur le comté de Comminges. Le traité se conclue par l’échange réciproque de prisonniers (sixième item).

Afin d’assurer l’application de ce traité, il est bien précisé que les seigneurs ont juré serment sur le corps de Jésus Christ, devant Monseigneur Beguer, évêque de Lectoure, avec toutes les conséquences s’ils venaient à le rompre :
& en cas que en res hi faillissen volen aver renegat Diu, loquau los fossa contra & à dampnacion de lors corps e de lors ammes, preneon lo diable per senhor & eslegin los soboltures en enfern, are per labets & labets per are ; ...

Qu’ils se le tiennent pour dit !

Gaston Febus donne au château de Mauvezin sa splendeur

Château de Mauvezin - le donjon construit par Gaston Febus
Le donjon construit par Gaston Febus

Gaston Febus fait édifier de vraies forteresses pour défendre tout son territoire d’Orthez à Foix. Travaux qu’il confie à l’architecte languedocien Sicard de Lordat. Mauvezin sera une de ces forteresses. L’architecte transforme la tour en pierre (que l’on voit toujours dans la cour intérieure), ajoute un donjon de 37 m, fait rehausser les remparts. Bref, le château médiéval de Mauvezin est prêt pour de nouvelles aventures. De casterar, le château devient casteràs.

Et, si le cœur vous en dit, vous pouvez aujourd’hui l’admirer, le visiter, participer aux fêtes médiévales de la dimenjada du 15 août. Il a été restauré pour s’approcher au mieux de ce que Febus en avait fait.

Anne-Pierre Darrées

Références

Histoire chronologique du vieux château-fort de Mauvezin et ses destinées, Albin Bibal, 1913.
Histoire générale de Languedoc Avec des Notes & les Piéces justificatives, tome quatrième, 1742, p. 354 – 357, textes rassemblés par un religieux bénédictin de la congrégation de Saint Maur.




Découvrir Gaston Febus par les livres

Une bibliographie sur Gaston Febus à l’occasion de l’exposition Gaston Febus 2018

Bibliographie Gaston Febus - Blason de Foix BéarnDans le cadre de la nouvelle exposition sur Gaston Febus présentée au château de Mauvezin, nous proposons de découvrir ce personnage à travers une bibliographie des livres disponibles à la Bibliothèque de l’Escòla Gaston Febus. Une version électronique est disponible sur le site de la bibliothèque, pour les titres précédés d’une icône de tablette.

Rappelons que la Bibliothèque a été voulue par les fondateurs de l’Escòla Gaston Febus dès sa création et qu’il était prévue de l’abriter au Château de Mauvezin dès l’attribution du château à l’association en 1907.

Bibliographie Gaston Febus : ce que possède la Bibliothèque de l’Escòla Gaston Fébus


tablet-tool_icon-icons.com_56222 Le livre des oraisons, Gaston Febus, 1387
tablet-tool_icon-icons.com_56222 Le livre de la chasse, Gaston Febus, 1389
tablet-tool_icon-icons.com_56222 Froissart à la cour de Gaston Febus, conférence de Frédéric Soustras, 1868
tablet-tool_icon-icons.com_56222 Coutumes municipales de Foix sous Gaston Phoebus, F. Pasquier, 1891
 tablet-tool_icon-icons.com_56222  Gaston Febus en Prusse, étude d’après des documents inédits, F. Pasquier, 1893
 tablet-tool_icon-icons.com_56222  Le vieux château de Mauvezin et sa devise, Albin Bibal, 1907
 book_icon-icons.com_66124  Gastou Febus, Miquèu de Camelat, 1914
 book_icon-icons.com_66124  La vie aventureuse de Gaston Phoebus, Jean de Sault, 1958
 book_icon-icons.com_66124  La vie fabuleuse de Gaston Phoebus, Le lion des Pyrénées, tome 1, Myriam et Jean de Béarn, 1959
 book_icon-icons.com_66124  La tour de Moncade et Gaston Phoebus, Eric Gildart, 1972
 book_icon-icons.com_66124  La vie fabuleuse de Gaston Phoebus, Landry des bandouliers, tome 3, Myriam et Jean de Béarn, 1974
book_icon-icons.com_66124  Gaston Febus un grand prince d’occident au XIVe siècle, Pierre Tucoo-Chala, 1976
 book_icon-icons.com_66124  La vie fabuleuse de Gaston Phoebus, Les créneaux de feu, tome 2, Myriam et Jean de Béarn, 1978
 book_icon-icons.com_66124  Gaston Febus seigneur de Foix-Béarn et le Prince noir, Pierre Tucoo-Chala, 1985
 tablet-tool_icon-icons.com_56222  Gaston Febus et la fortune, Paul Mironneau, 1993
 book_icon-icons.com_66124  Gaston Febus grand prince médiéval, Pierre Tucoo-Chala, 1996
book_icon-icons.com_66124 Voyage dans les Pyrénées à la rencontre de Fébus, Jean Froissart, 2003
book_icon-icons.com_66124 Gaston Febus, le prince et le diable, Claudine Pailhès, 2007
book_icon-icons.com_66124 Gaston Febus, prince des Pyrénées, Pierre Tucoo-Chala, 2008